Textes de l’atelier Fernand-Widal

La Cloche de l’hôpital Fernand-Widal

1 Au sein de notre enclave nous formons une sorte de communauté. Chacun mène sa vie mais certaines choses nous concernent tous et se discutent ensemble. En cas d’urgence celui qui veut que nous nous rassemblions sonne la cloche, et nous rappliquons tous. Pas de plaisantin, heureusement.

2 Quand la cloche sonne les sœurs sont obligées de rentrer au couvent. L’heure de la messe a sonné.

Ensuite l’heure du repas.

A la fin du repas la cloche sonne ànouveau, c’est l’heure d’aller au jardin cultiver les légumes et les fruits.il est six heures trente. La cloche sonne ànouveau. C’est l’heure du diner. Après le dîner, la cloche sonne. C’est l’heure de la prière avant de se coucher.

3 Quand sonne la cloche je comprends qu’elle a réussi.

Après des mois passés enfermée àsubir le monotone des vies des nonnes, les réveils àl’aube, les repas fades, les prières àchaque instant et les coups de bâton àchaque faux pas et autres réjouissances, elle l’a fait. La cloche sonne toujours quand je réalise que notre plan a fonctionné. Elle a réussi às’échapper. Le chaos règne toujours quand je franchis les portes vers la liberté pour la rejoindre. C’est sous le bruit assourdissant de cette cloche que commence notre nouvelle vie.

4 J’avais rencontré Armand un soir de pleine lune, je me promenais dans le jardin du Luxembourg. Je n’oublierai jamais son regard posé sur moi comme le doux tintement d’une cloche tibétaine.

Il m’avait donné rendez-vous près de chez lui dans un quartier du nord de Paris.

Arrivée au lieu-dit j’entre sous le porche dans un immense jardin bordé de parterres de fleurs ; en levant la tête j’ai aperçu la cloche. Elle était prolongée d’une corde dorée. A l’heure dite je vis Armand qui tirait sur la corde. Il me regardait en souriant, il faisait tinter la cloche d’un doux son tibétain.


Jeune homme recherche avenir

JEUNE DEMOISELLE

RECHERCHE AVENIR

MORTEL

SALAIRE ET VACANCES OBLIGATOIRES

SOLEIL ET VUE APPRECIEES

POSSIBILITE D ECHANGE CONTRE

UN PRESENT

VIVANT

PROCHE DE BONNE NOUVELLE

LOIN DE LA RUE DES BOULETS

IMPLICATIONS SERIEUSES SEULEMENT ;


JEUNE HOMME

RECHERCHE

AVENIR

PASSE

PRESENT

AVEC VUE SUR UN BONHEUR

IMMEDIAT

PASSE

OU FUTUR

SI POSSIBLE PRES DES VAGUES

DE LA MER ET DES BATEAUX

SERIEUX OU BRETONS

S’ABSTENIR.


FEMME DYNAMIQUE

RECHERCHE

HORLOGE SANS AIGUILLES

(décorative si possible)

A DEPOSER DANS LE JARDIN

DU TEMPS PRES DES TOURNESOLS

A l’HEURE INDIQUEE

SUR L’HORLOGE

GIROUETTE S’ABSTENIR ;


JEUNE FEMME RECHERCHE

AVENIR

POUR UN NOUVEAU DEPART

DANS MON PAYS D’ORIGINE

POUR ME RESSOURCER !!


VIE A DEUX AVEC FEMME

DANS LE SUD A CASSIS

FEMME QUI NE CHERCHE PAS A

S’ENGAGER S’ABSTENIR

FEMME DE TOUS

HORIZONS BIENVENUE

PROCHE DU CENTRE VILLE SI POSSIBLE

DANS UN LIEU SUPER AGREABLE

A TOI : UNE ROSE POUR UN JOUR

SI UN GRAIN DE SABLE ETAIT UN JE T’AIME

JE T’OFFRIRAIS TOUTE UNE PLAGE

JE T’ATTENDS ;

KARIM.


RECHERCHER L’AVENIR

C’EST LA CHASSE A L’AFFUT.

Sourire masqué

1 Elle sourit sous son masque, son sourire parle-t-il d’elle, de moi, de nous. Elle agrandit ses yeux et les plisse pour me montrer que tout va bien. Son regard est fragile et je l’ai démasquée, elle ne peut pas me mentir, j’ai compris le message. (Viviane)

2 Grâce àvotre sourire masqué je n’oublie pas toute la patience, toute la générosité, tous les conseils que vous nous avez donnés, malgré toutes les barrières de sécurité.

Pour votre sourire masqué j’étais au rendez-vous des Voisins pour vous soutenir. Avec ma calebasse et mon petit banjo. Pour votre sourire masqué, merci. (Sima).

La légende des deux portes

1 Fondé en 1858 l’hôpital Fernand-Widal comportait au XIXe siècle un service de spiritisme ; on pensait alors que les « Â fous  » comme on disait, étaient plus proches de l’au-delàque le commun des mortels. Ceux qui paraissaient les plus aptes étaient logés au-dessus de l’actuel Hdj, où se trouvent maintenant des locaux techniques.

Ce secteur, plutôt confidentiel, était divisé en deux, par deux portes séparées de quelques mètres, entre lesquelles il n’y avait pas de sol. On peut encore voir ce dispositif de nos jours. Il était destiné àvérifier si l’esprit des passant pouvait passer d’une partie àl’autre àtravers les airs. On attendait que des liens amicaux se créent entre au moins deux personnes et, assez cruellement, on scindait ces groupes entre les deux parties. Leur seul moyen de communiquer était de traverser le vide.

Des médecins donnaient des informations distinctes aux occupants des deux parties sur les nouvelles du monde ou de proches puis essayaient de savoir par de subtils entretiens si certaines de ces informations avaient circulé d’un bloc àl’autre. Cela se produisait effectivement quand certains de ces patients avaient de bonnes aptitudes au saut en longueur.

L’étude fut rapidement abandonnée et on installa une petite passerelle entre les portes, dont on a perdu la trace.

2 Les portes jumelles

On me dit souvent que je suis tête en l’air alors pourquoi ai-je raté ces deux portes en hauteur qui se font face ? et surtout àquoi servent-elles ? je commence àéchafauder toutes sortes d’hypothèses. Etait-ce un magasin pour le stockage des médicaments ou alors une cachette utilisée par la hiérarchie pour espionner le personnel hospitalier ? ou tout simplement, un accès pour passer les câblages électriques, la plomberie et d’autres éléments techniques ? Je ne saurais vous dire… (Francisco)


La salle de hdj, hier et aujourd’hui

1 Dans l’ancienne salle de l’hdj il y avait chaleur et harmonie, ce lieu où l’on pouvait s’exprimer par la peinture, la littérature, les membres du groupe apportaient de la joie et de la bonne humeur avec des rimes.

Nous avons dà» changer de salle, celle-ci est plus grande. Reste ày mettre comme dans l’ancienne salle des décorations pour retrouver davantage de plaisir.

2 L’ancienne salle était près de l’entrée et donc de la sortie. BONNE CHOSE.

La nouvelle salle a l’air vieille mais rafraîchie. SUREMENT VRAI.

La nouvelle salle ne l’est certainement pas tant que ça !

Quand on refait la peinture les meubles peuvent prendre un coup de vieux. TU
M’ETONNES !

3 Je me souviens de presque tous les ateliers qu’on a fait, soit la méditation, la relaxation que je préfère. Elle me permettait de m’évader du quotidien et des idées noires ; Il y a l’atelier d’écriture que j’aimais beaucoup. Une infirmière le jour de ma sortie m’a félicité, ils ont dit que pendant la réunion ils ont estimé que j’étais un patient agréable, ça m’a fait chaud au cœur. Par contre, pour ce qui est des ateliers, je préfère la nouvelle.


L’entrée de Fernand-Widal

1 Si tu passes par làavant d’arriver àFernand-Widal pour ta visite pense àme ramener mon jus de gingembre que tu as l’habitude de m’acheter chez le Pakistanais.

Si tu passes par làen rentrant porte bien le masque et désinfecte-toi les mains, si tu passes àl’intérieur tu verras un petit porche en face de toi que tu traverseras et tu m’apercevras dans une grande cour avec plusieurs bancs blancs, moi je suis installée sur la pelouse pour passer mon temps en fumant malgré moi quelques cigarettes.

Si tu me vois rejoins-moi (Sima)

2 En 2005 je consultais un addictologue àl’hôpital Fernand-Widal. Ce n’était pas toujours de gaieté de cœur que j’allais àmes rendez-vous, encore àcette époque j’étais dans le déni de mon addiction. Je repoussais au maximum l’échéance avant de pousser la porte des consultations qui était située porte 4, secteur bleu, Michel Gautier.

Dès la porte d’accès du hall d’accueil passée, en train de sénateur je longeais le péristyle de la cour centrale sur 65 pas jusqu’àa porte 7, secteur jaune, Théodore Labrouste, où j’en profitais pour régler ma consultation, puis je traversais la cour sur 32 pas pour arriver àla porte 4 secteur bleu, soit un total de 97 pas pour 72 pas en traversant la cour en diagonale. Je prolongeais de 15 secondes mon arrivée àmon rendez-vous. Aujourd’hui en 2020 en tant que patient expert je retourne fréquemment àl’hôpital pour accompagner les patients dans leur soin. J’y vais en toute quiétude, sans contrainte, ni obligation. Le hall d’accueil franchi, 15 ans après, l’habitude est revenue au galop, je reprends mon parcours le long du péristyle en flânant pour aller dans le secteur bleu, porte 4, j’ai retrouvé mon chemin de muletier.


Choses qu’il faudrait que je fasse avant de mourir

Apprendre àparler l’espagnol avec l’accent mexicain pour partir voyager six mois du Mexique àl’extrême sud du Chili.

Passer mon permis d’ambulancier et pratiquer un art martial.

Faire tous les pays méditerranéens (pour l’archéologie) en voyageant sur l’Hermione et en finissant par l’Algérie.

Faire une retraite, en isolement complet, pendant une semaine, puis faire le tour du monde sans avion.

Rencontrer mon âme sœur.

Partir en ski depuis le haut de Villard-de-Lans équipé d’un parapente ; le refaire l’été suivant.

Oser aller au travail en vélo.

16 novembre 2020
T T+