Voyage au bout de la nuit de Louis Ferdinand Céline, par Arthur Larrue

(Le programme complet des leçons)

« "Ça a débuté comme ça". Chacun des ça des deux extrémités de la phrase inaugurale du Voyage au bout de la nuit est un point aveugle. Le second ça désigne ce qui viendra dans l’immédiat, le premier ça ce qui suivra plus tard. De sorte que ni l’un ni l’autre ne désignent quoi que ce soit qui pà»t reprendre l’emploi courant du mot ça. Réservé àla langue parlée, le ça est la chose qu’il est superflu de nommer, puisqu’elle se trouve sous nos yeux. Or Céline confisque la vision. Il la plonge dans la nuit. Aussi garde-t-il l’énergie de la désignation, son oralité, mais en lui confisquant la circonstance. Qu’est-ce qu’on voit de ça si on ne voit rien ? Justement au-delàde cette circonstance. Le Voyage est écrit sur ce fil àla fois aveugle et voyant. Ce n’est pas encore un style, mais c’est assurément une voix. (Arthur Larrue) »

Mercredi 18 juin, La Manœuvre - 58 rue de la Roquette - 75011 Paris

5 juin 2014
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