Une ville fantôme

J’ai repris aujourd’hui, ce 7 janvier 2021, après deux mois d’interruption - confinement n°2 et vacances de noë l - le chemin du lycée René Cassin au Raincy (93) où je suis en résidence depuis septembre. J’ai croisé une dizaine de personnes entre mon domicile et la gare Lille Flandres, le jour n’était pas levé. Peu de monde également dans le TGV de 7h12 pour Paris. Peu de monde toujours dans le RER de 8h28. Peu d’élèves enfin au lycée, ils sont en demi-groupe. Pas de cris dans la cour de récréation, pas de bousculade dans les couloirs. La salle des profs est silencieuse elle aussi. Il y a décidément moins de monde que d’habitude sur terre ce 7 janvier.

Ce matin, lors du premier atelier, T m’a donné les textes écrits en mon absence àpartir des consignes que j’ai fait parvenir aux enseignants durant les six semaines qu’a duré le confinement et, curieusement, le premier texte que j’ai lu (écrit d’après la consigne « Â Inventer une ville  » et Les villes Invisibles d’Italo Calvino) décrit une ville fantôme, Une ville où j’ai emménagé il n’y a pas si longtemps. Il n’y a qu’une seule maison, elle m’appartient. Quand je sors de chez moi, je me sens seul…

Un peu moins en ce qui me concerne, ce 7 janvier, heureux de retrouver les élèves, les enseignants et cette « Â Ã©criture ensemble  » qui fait tout l’intérêt et tout le prix des ateliers d’écriture. C’est bien cette « vie ensemble  » qui nous a manqué depuis presque une année, cette vie loin de la vie, des proches et des inconnus, loin de ceux qui forment ce « Â Cortège  » dont parle  » Apollinaire dans Alcools,

Tous ceux qui survenaient et n’étaient pas moi-même,
Amenaient un àun les morceaux de moi-même

Patrice Robin

11 janvier 2021
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