3 — Le Sang, la Fortune, la Gloire, les Amours
Prédation et démocratie — Jean-Paul Curnier à l’espace Khiasma
Conversation avec Jacques Durand
L’hôte peut désigner la personne qui est reçue ou celle qui reçoit, un double sens que Jean-Paul Curnier avait décidé de mettre à profit dans le cadre de sa résidence à l’espace Khiasma ! Pour cette soirée, il a donc invité Jacques Durand [1], écrivain taurin de renommée, à venir s’entretenir avec lui sur l’éthique et l’esthétique de la tauromachie, dont ce dernier exprima toutes les facettes dans les chroniques qu’il livra jusqu’en 2012 au journal Libération.
Aussi, ce qui aurait pu ressembler à première vue à une cambiada — passe destinée à détourner la charge du taureau — dans la réflexion de Jean-Paul Curnier se révéla comme le développement d’une intuition première. Sous les traits du torero défiant la mort avec panache, et sacrifiant parfois sa vie à son goût pour le risque et les actions d’éclat, Jean-Paul Curnier a en effet discerné la figure voisine du pirate. Dont l’existence brève, joyeuse et violente, toute en dépenses et en excès, fut le creuset de formes d’organisations politiques basées sur l’autogestion, l’égalité, et le souci du bien commun. C’est donc par un biais inattendu que son exploration des liens entre démocratie et prédation se poursuivit en présence du public de l’Espace Khiasma : empruntant l’épée du matador ou le sabre d’abordage comme autant de façon possible de philosopher à l’arc !
[1] Jacques Durand a publié dans Libération des chroniques sur la corrida qui ont fait la joie de tous les aficionados de France et de Navarre, révélant à chaque fois une parfaite connaissance de son sujet, une intuition de toutes les facettes de cet art singulier qu’est la tauromachie, associées à une qualité de style rarement atteinte dans ce domaine.