Anne-Sophie - Une nuit

« Ã‡a te dirait une promenade ?  » était l’amorce d’un exercice qu’Anne-Sophie a attrapé en début de mois et qu’elle n’a pas lâché depuis. Petit àpetit elle en a fait une nouvelle, Une nuit, qui commence comme ça :

Une jeune fille est assise dans l’herbe humide, adossée àun caillou aussi gros qu’une carapace de tortue. Mais d’une grosse tortue. Il fait nuit. D’après la position de la lune, il doit être àpeu près 3h57.
Un garçon surgit.

« â€” Ça te dirait une promenade ?
— Une promenade ? Mais t’es qui toi ?? Tu viens d’où ?
— Ben de là... Bouh ! Derrière le buisson !
— ...
— Ça fait trois plombes que j’te r’garde, et tu m’as même pas vu ?
— Pfff... Si j’t’ai vu, mais je pensais àautre chose, c’est tout.
— Ah ouais ? Tu pensais àquoi ? À un mec j’suis sà»r ! Les filles ça pense toujours àdes mecs !
— Rho... Tais-toi... À te voir tu dois pas y connaître grand chose aux filles, et puis on peut pas se promener par ici, y a que dalle ! Regarde ! Des champs et... humpf, des champs !
— Ben en tous cas j’connais l’coin ! Et y a un lac, juste derrière. Si tu te donnais la peine de lever la tête de tes pieds.
— Un lac ?? J’ai une tronche àaimer les lacs ?? Et puis qui me dit que tu vas pas m’emmener là-bas pour me zigouiller et me j’ter aux poissons ?
— Rho, t’es bête ! Y a pas de poissons ici ! Et puis ça flotte un corps au cas où tu le saurais pas...
— Mouais... J’ai pas l’habitude de traîner avec des inconnus figure-toi ! Surtout la nuit... Surtout...  »

La fille le regarde de haut en bas, avec un air de dédain trahi par un haussement de sourcils qui lui fait plisser le nez. Le garçon la fixe, les yeux pleins de questions.

« â€” Ok, j’ai pas, non plus, l’habitude de m’asseoir toute seule dans l’herbe, dans le noir... Y avait mes vieux qui s’engueulaient si tu veux tout savoir, et l’autre mioche qui couinait avec sa bave partout sur le t-shirt... Beurk ! Est-ce que je vais baver chez les gens moi ? C’est même pas mon vrai frère merde ! Un demi, voilàce qu’il est. Autant dire qu’il est pas fini...
— Tu viens ?
— Oh làlà.. T’es pressé toi ! Elle t’intéresse pas ma vie ?
— Hmm... Si, si... J’ai plutôt envie de marcher là...
— ...
— ...
— Allez, bouge ! Tu t’appelles comment au fait ?  »

À suivre...

Anne-Sophie

4 mars 2011
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