"La cuisine des écrivains" (2)
Je voudrais bien que quelqu’un m’explique ce que c’est que ces "gelées blanches et vertes de poissons"...
Les dîners en ville
Edmond et Jules de Goncourt
Journal
Mercredi 6 novembre 1878
Hier, chez Charpentier, les Japonais ont apporté de la cuisine fabriquée par eux, de petites tartelettes de poissons, des gelées blanches et vertes de poissons, et encore un mets dont ils semblent très friands, de petits rouleaux de riz, dans une feuille de plante aquatique grillée quelque chose à l’aspect d’un boudin blanc dans une enveloppe de boudin noir.
Ce n’est guère bon pour nos palais européens, mais l’on sent dans ces comestibles une cuisine très civilisée, très travailleuse du suc et de l’essence des aliments, et dont les produits donnent aux papilles un tas de petites sensations, délicates, complexes et fugitives. Ce sont des mets et des nourritures ayant le caractère et le format de nos hors-d’œuvre. Du reste, nous ne pouvons être que de mauvaise juges de cette cuisine : l’élément gras, etant la base de la cuisine européenne, et l’élément maigre, etant la base de la cuisine japonaise.