Monostiques paysagers [18]
Le 23 mai 2012, Rentilly
10 h 28
c’est le temps des tondeurs avec leurs matériels et leur souci d’être au ras du vert sans l’être trop : diversité de machines
15 h 50
P A R O L E est rose, une méduse, je disais que la mer pouvait être là, Rentilly plage, il fait chaud aujourd’hui faut dire
15 h 56
on s’affaire, et c’est chaque année, on sait faire — un peu d’énervement, printemps de paroles, printemps de printemps
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Le 26 mai 2012, Rentilly
13 h 50
le Printemps de Paroles peuple le parc d’une foule que je n’y ai jamais vue encore, les fesses à terre et les yeux prêts
16 h 17
tout un paysage de casquettes et de coups de soleil de bouteilles d’huile solaire de peux de spectateurs devant la scène
18 h
le long parking est plein comme un jour avec pain sur les planches de l’étal, voitures chaudes mais pas croustillantes
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Le 27 mai 2012, Rentilly
14 h
il improvise son conte sous les hêtres rouges et on le suit qui grimpe les quarante étages du pied léger de l’invention
15 h 37
les hêtres pourpres sont verts, vus de l’intérieur cathédrale de vert à points roux, les troncs pachydermiques piliers
17 h 12
les arbres prennent un statut de faire-valoir, faire-valoir de tous ces festifs au rendez-vous annuel de la réjouissance
20 h 38
ce n’est pas un mariage, mais une table de repas de, avec musiciens dans le centre, oreilles plus grandes que le ventre
22 h 40
c’est ma première lune vraie lune, croissante presque arrivée au premier quartier dans un ciel impossible de Magritte
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Le 30 mai 2012, Rentilly
19 h 55
dos à TA Triumph Adler, entreprise à gauche Alto Ingenierie, entreprise à droite, et le vert au fond de la perspective
19 h 56
au bout de l’avenue du Gué Langlois, le vert est plus près, mais pas à le toucher, mais je le connais comme ma poche
Jacques Jouet
1er juin 2012