Polaroïd 5 : Jean-Hubert Gailliot
J’étais en train de parler avec Sylvie Martigny tout en agitant le Polaroïd pour qu’il sèche – vous savez, ce geste absolument inutile, voire pernicieux, qui ne fait pas apparaître l’image plus vite – lorsque, je ne sais pas trop pourquoi – nous évoquions la résilience du papier, je crois… –, j’ai plié la photo en refermant mon poing, alors que la chimie n’avait pas terminé son œuvre. Sentant la résistance cartonnée, j’ai immédiatement desserré mes doigts mais c’était trop tard, je l’ai su immédiatement. Des souvenirs d’expériences faisant apparaître de drôles de choses. Je me rappelle d’étranges taches, à la réserve de Sigean, semblant répondre à celles des fauves et distraire mon ennui d’enfant de 7 ou 8 ans, figeant ma tristesse en ces concrétions parasites : j’étais censée m’extasier avec une souriante et toute mignonne insouciance assortie à mon short rose devant les autruches, les gnous, les zèbres, les lions…, or j’avais détesté voir ces animaux enfermés, ne souhaitant rien tant qu’un accident, un touriste dévoré, une barrière entrouverte, l’espace contraint qui s’ouvre et libère. Ici, après mon geste involontaire à l’encontre du papier-pellicule, une sorte de nuage curcuma, assez solaire, il faut bien le dire, flotte au-dessus de Jean-Hubert Gailliot, attendant le déclic photographique devant la vitrine du Monte-en-l’air. Sur les bords de la forme serpentine, des zébrures plus foncées, presque exotiques – je les ai repérées en zoomant sur le scan, mais il faut dire que j’ai commencé à écrire ce texte – donc regarder la photo de 6 sur 4,5 centimètres – sans lunettes. Au second plan, Pierre Hild est un peu rogné par les bordures masquant sa grande conversation avec Nathalie Lacroix tandis qu’Aurélie Garreau illumine la vitrine. Une image qui ressemble à un indice pour Alexandre Varlop… Lisez Le Soleil, et vous saurez.
2 octobre 2014