Un quartier valorisé

Emmanuelle Murat et l’équipe de médiathécaires,
Médiathèques de Palaiseau
/ Communauté d’agglomération Paris-Saclay (91).
Résidence (en cours) de Mariannick Bellot à la médiathèque des Hautes-Garennes.



1. Pourquoi en tant que médiathèque, avoir décidé d’accueillir une résidence d’auteur ?

A l’origine, il y avait les 50 ans du quartier et les 20 ans de la médiathèque des Hautes-Garennes. Cela nous a donné l’audace de voir grand, et de lancer un projet tel que nous en rêvions.

La médiathèque des Hautes-Garennes est une médiathèque de quartier, avec un vrai lien avec les personnes qui la fréquentent, quels que soient leur âge et leurs habitudes culturelles. Elle se situe à côté d’une école, à l’intérieur d’un centre social, au cœur d’un quartier enclavé et coupé du centre-ville par la présence d’une autoroute.
C’est un lieu chaleureux qui joue un vrai rôle social. Les gens ne viennent pas juste pour emprunter des livres ou retirer leurs réservations, mais pour l’échange, que renforcent encore les habitudes de collaboration avec le centre social et l’école.
Elle accueille aussi bien les groupes d’assistantes maternelles, que les enfants (en classes maternelles et primaires) de l’école toute proche, ou les familles, les personnes âgées, les ados pour les clubs lecture... Elle bénéficie d’un lien de proximité construit sur des années avec un public aux origines sociales et ethniques très diverses.

Accueillir une autrice en résidence, c’est d’abord la soutenir et lui donner du temps pour créer. Dans ce cas précis, c’est aussi lui offrir l’opportunité de rencontrer les habitant.es du quartier pour mener ses entretiens préparatoires, et affiner ses recherches documentaires. Mariannick Bellot a pu interviewer plus de 50 personnes grâce à l’entremise de la médiathèque et du centre social des Hautes-Garennes, ce qui a nourri (et continue de nourrir) l’écriture de son roman. Ces interviews l’ont fait connaître auprès des habitant-es, qui se sont en retour senti-es impliqué-es dans ce projet sur l’histoire de leur quartier.

Une partie de ces interviews a donné naissance à un documentaire sonore de création diffusé sur France Culture : cette valorisation de leurs paroles, de leur vécu, a permis de donner aux habitant-es une autre image de leur quartier. L’écoute de ce documentaire a permis aux un-es et aux autres de s’entendre, et parfois de se reconnaître, d’une tout autre manière, à travers le récit d’anecdotes à la frontière de l’intime et de l’universel. Cette mise en avant des habitant-es a rayonné dans l’ensemble de la ville dont ils se sentent coupés. La médiathèque des Hautes-Garennes a reçu des retours des collègues des autres médiathèques de Palaiseau, mais aussi de collègues des services de la mairie, heureux de découvrir autrement des personnes et des lieux qu’ils croyaient connaître.

Ensuite, accueillir une autrice, c’est faire vivre ce lieu différemment de d’habitude (encore qu’il n’y ait pas de routine). D’une part, symboliquement, ce projet d’envergure a été initié et porté par une petite médiathèque de quartier, à contre-courant des usages qui font de la médiathèque principale, celle du centre-ville, le vaisseau capitaine. Il s’est construit en étroite collaboration entre la médiathécaire des Hautes-Garennes et la directrice des médiathèques de Palaiseau. La médiathèque principale a beaucoup soutenu ce projet, ce qui a permis de faire rayonner ces logiques de médiathèque de quartier, différentes des médiathèques de centre-ville.
D’autre part, un des objectifs majeurs de cette résidence est de faire connaître le processus de création à nos publics, par des rencontres et des ateliers.
Rendre accessible le livre sous toutes ses formes à tous les publics, le faire de façon vivante, et pertinente pour une partie des habitant-es du quartier assez éloignée de lecture, est ce à quoi nous nous attachons le plus.
Ici, l’objectif est double, car Mariannick Bellot travaille aussi beaucoup pour la fiction radio. Cela nous permet de sensibiliser le public à la création littéraire contemporaine mais aussi à l’écriture en fiction sonore (concerts-fiction, livres CD... podcast), ce qui est peu usuel.

Grâce au travail de terrain mené par notre médiathécaire et par le centre social, ainsi que par l’autrice à travers ses interviews, les habitant-es du quartier se sont senti-es impliqué- es dans le projet et se sont déplacé-es pour chaque événement, atelier d’écriture, atelier bruitage, rencontre avec des écrivains, une bruiteuse...
Quelques personnes qui ne fréquentaient pas la médiathèque des Hautes-Garennes l’ont découverte à cette occasion. Quand les rencontres ont eu lieu en centre-ville à la médiathèque principale, des habitant-es du quartier sont venus nombreux pour y assister, passant la barrière symbolique du pont de l’autoroute. Certaines personnes sont aussi venues de Paris.

Voici nos objectifs d’origine, que nous sommes heureuses d’avoir déjà atteints :

_ L’objectif est d’ancrer et d’encrer l’histoire du quartier des Garennes dans l’histoire globale de Palaiseau, et des territoires d’Ile-de-France. Nous avons pu remarquer que lorsqu’on interroge les gens du quartier sur leur histoire, ils répondent spontanément : « oh, mais moi, je n’ai rien à dire »...
En effet, ce quartier n’a pas de patrimoine remarquable, pas d’église du XIIe siècle, pas de maison où aurait dormi George Sand. Au contraire, il est plutôt attaché à un imaginaire négatif, petite délinquance, déshérence. Son histoire n’est racontée nulle part, il apparaît très peu dans les livres consacrés à la commune. Les gens eux-mêmes se vivent comme sans importance.
Devenir une source d’inspiration pour une écrivaine, prendre soi-même le stylo pour raconter son histoire, en faire un projet collectif : la richesse du quartier, c’est toutes les petites histoires des gens. C’est un quartier qui s’est construit comme ça dès son origine, autour de la notion de projet commun (avec les maisons Castor par exemple). Cela permet de témoigner de la part bénéfique et gratifiante de la vitalité d’une communauté.
Le public visé est la population du quartier des Hautes-Garennes, en particulier les personnes fréquentant le centre social, la médiathèque des Hautes-Garennes, et l’école élémentaire Etienne-Tailhan.

Nous cherchons à toucher toutes les générations, et toutes les origines sociales ou géographiques. Pour cela, nous nous appuyons sur le travail de fond mené par la médiathèque et le centre social envers leurs habitué.es, le rayonnement de l’école, le relais des informations dans le magazine de la ville, et le partenariat avec les associations travaillant quotidiennement avec le centre social.
Les cycles de rencontres et certains ateliers d’écriture menés dans la médiathèque Hautes-Garennes sont ouverts à tous les publics. D’autres ateliers sont destinés à des publics spécifiques : personnes âgées, familles du quartier, enfants et adolescents fréquentant la Pause Cartable (association de soutien scolaire), enfants inscrits au centre de loisir après l’école, élèves de l’école.


2. Pourquoi cette autrice en particulier ?

La médiathécaire des Hautes-Garennes connaît cette autrice, d’abord comme lectrice et maman de jeunes lecteurs et lectrice, puis comme romancière (pour ses deux romans jeunesse). Elle avait depuis longtemps l’idée d’organiser quelque chose autour de son travail avec l’école élémentaire.

Valoriser une autrice de la ville, du quartier, au sein de la ville, nous paraissait procéder du même mouvement que lorsque nous travaillons au maillage local, en déplaçant la bibliothèque sous de grands parasols au pied des immeubles pour aller à la rencontre des personnes éloignées des livres, ou en faisant participer les parents pour des contes en langues étrangères sous le grand cèdre devant le centre social, ou en faisant appel à une conteuse résidant à Palaiseau, ou en faisant participer à nos actions les enfants de la Pause Cartable du centre social. Nous travaillons pour et avec les gens, en créant des liens entre eux, et avec les livres.
Que l’autrice réside dans le quartier accentue sa proximité avec nos publics, et facilite l’identification entre elle et eux. Ainsi, ce qu’il y a d’impressionnant dans le statut de l’écrivain, qui peut facilement mettre à distance, n’a plus lieu d’être dans ces conditions.

Nous avons aussi choisi cette autrice car nous connaissions les différents aspects de son travail (pour le cinéma, la radio, et le podcast) : étendre l’approche de la littérature à la fiction radio, passer de la lecture à l’oralité, nous paraissait une bonne voie pour une partie de notre public éloigné de la lecture. Personne ne résiste à une histoire bien racontée. De même, si les réticences à écrire sont nombreuses, raconter une histoire au micro, et ensuite la voir transformée en texte, se présente comme un jeu. Cela a bien fonctionné lors des ateliers d’écriture.
Dans le même ordre d’idée, le choix de cette autrice amène la découverte des formes littéraires différentes, liées à la radio. Podcast, documentaire, fiction radio...
Découvrir les différentes facettes de la fiction radio était aussi un domaine que nous avions envie d’explorer avec notre public, notamment avec des rencontres avec des professionnels (l’auteur des concerts fictions Stéphane Michaka et la bruiteuse Elodie Fiat).

Enfin, nous avons envie de soutenir son projet sur l’ordinaire d’un quartier et son évolution dans le temps, à travers la sensibilité et les souvenirs de personnages nourris de souvenirs réels.


3. Comment se passe l’accueil d’un auteur en résidence dans votre médiathèque ? Comment cette collaboration se construit-elle, et comment évolue-t-elle au jour le jour ?

La proximité géographique de la médiathèque des Hautes-Garennes avec l’école et le centre social a favorisé l’accueil de la résidence et la rencontre avec les différents publics. Les liens avec ces structures ont été tissés depuis longtemps, et sont très actifs. La médiathèque des Hautes-Garennes mène de nombreuses actions avec l’école Etienne-Tailhan, avec les enfants de la Pause Cartable accueillis par le centre social, et participe aux actions du centre social. A partir de là, la mise en place de la résidence a été facilitée.

Au jour le jour, l’accueil se passe en premier lieu par les interviews menées par l’autrice dans les locaux du centre social qui abrite la médiathèque Hautes-Garennes.

Cet accueil se structure aussi autour des différentes actions menées autour de cette résidence :
– ateliers d’écriture à la médiathèque Hautes-Garennes avec des lectrices et des
lecteurs, des habitant-es du quartier (toujours dans les locaux du centre social,
notre lieu est trop petit pour accueillir un public nombreux)
– ateliers d’écriture avec les enfants de la Pause Cartable du centre social
– ateliers d’écriture avec les enfants de l’école élémentaire Etienne-Tailhan (à l’école
et au centre social)
– atelier « petite Histoire, grande histoire » avec le public du centre social
– rencontre avec Mariannick Bellot et présentation de la résidence à la médiathèque
George-Sand (en juin 2022)
– atelier bruitage et rencontre avec l’auteur Stéphane Michaka et la bruiteuse Elodie
Fiat à la médiathèque George-Sand en centre-ville (décembre 2022)
– formation au podcast pour les médiathécaires, avec la création de podcast sur les
romans de Véronique Ovaldé (en février 2023)
– rencontre avec Véronique Ovaldé à la médiathèque George-Sand (en mars 2023).

Cette formation n’était pas prévue initialement. C’est en discutant ensemble que nous est venue l’idée. De même avec la directrice du centre social, qui est très active dans nos échanges : cette collaboration étroite entre nos médiathécaires, la directrice du centre social et l’autrice permet de mettre en place rapidement des projets au plus près des besoins des publics pour lesquels nous travaillons.

Ces différents projets nécessitent des réunions de mise en place (soit au centre social, soit à la médiathèque George-Sand) grâce auxquelles les différentes collègues ont fait connaissance avec l’autrice et se sont familiarisées avec la résidence.

La diffusion du documentaire a contribué à rendre le projet plus tangible, et la rencontre pour les enfants avec l’atelier bruitage a impliqué la participation des collègues jeunesse qui ont apprécié la façon dont cela s’est déroulé.

Au départ, ce projet inhabituel a engendré des crispations dans nos équipes : les rencontres sont financées avec une partie du budget qui leur est alloué, sans qu’elles aient choisi ni l’autrice en résidence ni les professionnel-les invité-es, et le surcroit de travail se rajoute aux contraintes d’un métier déjà bien chargé. Ces réticences se sont atténuées avec le temps, et ont fini par disparaître, d’où l’intérêt des réunions. Les différentes collègues se sont beaucoup impliquées, créant les affiches, participant à l’atelier bruitage, ou animant le club littéraire en vue de la rencontre avec Véronique Ovaldé.
Il a fallu faire de la place pour cette résidence : dans la programmation, en trouvant des temps dédiés, puis lors des rencontres, en réaménageant physiquement les espaces d’accueil du public. Cela implique tout un travail de préparation et d’animation pour faire vivre la résidence.

La médiathèque des Hautes-Garennes s’inscrit dans un réseau de médiathèques de l’Agglomération Paris-Saclay, qui a lui aussi contribué à faire connaître les événements publics.

Enfin, la Mairie de Palaiseau a soutenu le projet (affiches, parution dans le journal local), et la librairie « La Fontaine aux livres » en face de la médiathèque George-Sand a elle aussi participé lors des rencontres avec les écrivains pour des ventes-dédicaces.

Cet accueil s’est donc déroulé à plusieurs niveaux : à un niveau très local, celui du quartier, celui de la ville, et au niveau du territoire avec l’agglomération Paris-Saclay.


4. Comment selon vous l’accueil d’un auteur en résidence s’inscrit-il dans la mission de service public de diffusion de la lecture ?

Le programme qui se construit pendant la résidence a vocation à donner envie, à transmettre aussi bien le goût de la lecture que celui de l’écriture, par toutes les actions menées.
Ces moments de rencontres et d’ateliers sont des instants privilégiés, pour donner goût à la lecture aux personnes qui n’y ont pas accès aussi bien financièrement que par leurs habitudes culturelles, ou leur niveau d’alphabétisation.

Pour cela, le son et l’usage du micro sont des outils très pratiques. Pour exemple, lors de l’atelier avec les enfants de l’école Tailhan, toutes et tous ont produit un ou plusieurs textes, quel que soit leur niveau en français. La classe (CE1-CM2) accueille des enfants du voyage, et un enfant allophone scolarisé en France depuis le début d’année. La possibilité d’enregistrer le texte, de raconter avant d’écrire, les a inclus dans le processus de création à l’égal des autres enfants.
En rencontrant l’autrice qu’ils connaissaient avant comme une mère d’élève, les enfants de l’école Tailhan ont aussi pu lui poser des questions et se faire une image plus concrète des métiers liés à l’écriture.

Même les gens qui n’aiment pas lire des livres sur papier sont séduits par une histoire qu’on leur raconte.
La fiction radio a aussi l’avantage de rendre accessible les classiques de la littérature, de les désacraliser. Ainsi, les enfants de l’atelier bruitage ont travaillé sur Alice et merveilles de Stéphane Michaka, adapté de Lewis Caroll. Pendant la rencontre avec cet écrivain, ils ont écouté des extraits des concerts fictions de Moby Dick, et de 20 000 lieues sous les mers.

Le son offre un autre moyen pour accéder à la lecture et à la connaissance, mais aussi à la pratique de l’écriture, en passant par l’oralité.

Les rencontres avec des écrivains sont un autre moyen de diffuser la lecture.
Celle avec Véronique Ovaldé sera préparée par le club littéraire, dont les membres vont lire ses romans, en particulier Jeune fille en colère sur un banc de pierre, qui vient d’être publié. Ils interviendront lors de la rencontre animée par l’autrice en résidence pour poser des questions.
Grâce aux démarches de Mariannick Bellot, la médiathèque va recevoir de Flammarion plusieurs exemplaires des différents romans de Véronique Ovaldé, pour faciliter la lecture d’un maximum de personnes à la fois.
Cette rencontre est aussi préparée par les médiathécaires qui ont installé des tables avec les romans, films, CD... que la romancière cite comme importants pour elle, afin d’attiser la curiosité des lectrices et des lecteurs.


5. Que vous apporte à tous niveaux la présence de l’auteur ?

Le fait d’avoir réalisé des ateliers d’écriture nous a permis de toucher un public plutôt timide, qui disait n’avoir rien à dire. Evoquer la mémoire du quartier permet d’évoquer sa propre mémoire, et de laisser surgir la vivacité des souvenirs.

Ce public s’est impliqué dans l’évolution du projet, et le podcast est arrivé au bon moment pour faire durer l’intérêt sur un temps long, apportant une reconnaissance importante pour les gens du quartier, et leur permettant de découvrir leurs voisin-es autrement.

Il y a eu des rencontres, des gens qui se sont dévoilés, des liens qui se sont créés, et qui ont été renforcés par cette résidence. Ce projet fédérateur a aussi rendu plus riche et plus diverse la collaboration avec le centre social et l’école.

Grâce au travail mené par cette autrice, le quartier est valorisé dans le regard de ses habitant-es, mais aussi plus largement, d’après les paroles que nous rapportent nos lectrices et lecteurs. Il y a un changement de regard sur ce quartier, ce que montre le prochain article consacré aux Hautes-Garennes préparé par le journal local.

La médiathèque des Hautes-Garennes est aussi valorisée : c’est la première fois qu’on a un projet de grande envergure qui part d’une médiathèque de quartier. Ce n’est pas un petit projet pour des petites gens.
C’est un projet sur le long terme qui se construit dans le temps, ce qui permet d’installer la nouveauté et de développer les idées, d’en faire surgir de nouvelles.

AÌ€ Palaiseau, le réseau des bibliothèques comporte une médiathèque principale, la médiathèque George-Sand, et trois annexes. Chacun de ces établissements a son histoire, ses particularités, et ses publics, ce sont des microcosmes singuliers. Cette résidence a été l’occasion d’une collaboration plus poussée sur un projet créatif, pas simplement une mise en commun des services supports. Elle a renforcé les liens entre la médiathèque George-Sand et les médiathèques de quartier. Nous souhaitons renouveler cette expérience pour l’installer dans la durée.


6. Cette proximité prolongée avec un auteur change-t-elle votre regard sur son travail ? et sur le processus de création en général ?

Nous connaissions cette autrice en tant que lectrice, puis ses livres jeunesse, et son travail radiophonique. A l’occasion de cette résidence, nous avons découvert d’autres facettes de son travail, notamment le documentaire.

Nous avons découvert la masse de travail que chaque projet requiert, que ce soit un atelier ou l’écriture d’une fiction, ou la mise en place d’une résidence...

Enfin, la médiathécaire des Hautes-Garennes a elle aussi été interviewée. Cette expérience assez étonnante l’a amenée à prendre du recul et à réfléchir sur ses pratiques, ses missions, son métier.
Ce sont des questions qu’on ne se pose pas habituellement, car on fait les choses au quotidien, naturellement, sans analyse, en fonction du public, et les attentes étant différentes, chaque accueil est différent. A quelle demande répond-on ?
Qu’est-ce que notre mission apporte en plus ?

Ce que nous proposons en termes de collections, d’animation, la place de notre médiathèque au sein du centre social et du quartier, c’est toute une histoire depuis 1983. Cette interview nous a permis d’avoir un regard rétrospectif, de faire un bilan sur tout le travail effectué.
Nous en retenons avant toute chose cette proximité avec les habitant-es, ces lecteurs enfants devenus adultes, qui viennent avec leurs enfants, parfois avec leurs petits- enfants... Et qui demandent, « Tu te rappelles l’histoire que tu m’as lue ? » (il y a une décennie, comme si le temps n’avait pas passé...)
Cet impact non mesurable que la médiathèque a sur la vie des gens n’est pas quantifiable, mais nous le ressentons tous les jours.


7. L’expérience débouche-t-elle sur des suites possibles ?

Cela donne envie d’être encore sur des projets sur du temps long.

Le cadre de la résidence d’auteur est très souple, très modulable, et permet de développer des actions culturelles au sein de la bibliothèque pour faire découvrir toutes les offres.
Rien n’a été calculé, et la mise en place de la résidence s’est faite naturellement, par le heureux hasard des rencontres et d’une volonté commune d’être au service des livres et du public : ce qui s’est passé ici ne l’est peut-être pas ailleurs.
Néanmoins, d’avoir donné forme à un projet de ce type nous encourage à rêver à d’autres projets : refaire une résidence, la travailler différemment, avec d’autres personnes.

Puisqu’il s’agit de rêver, voici ce que nous aimerions :

Un projet transversal, qui impliquerait la médiathèque, le centre social, les groupes scolaires et la ludothèque, afin de mettre à l’honneur la francophonie sous forme de festival littéraire et artistique qui se déclinerait autour de plusieurs axes :

Mise en place d’un festival sur 3 jours :
– Valorisation de la culture francophone (organisation d’un salon du livre jeunesse et adulte, en favorisant la production éditoriale des petits éditeurs, rencontre des auteurs connus (Danny Laferrière, Nancy Husto ou peu connus de nos publics (Eugène Ebodé, Yahia Belaskri...)
– Organisation d’expo-ventes, de dédicaces
– Temps fort de lecture à voix haute, de spectacles de contes
– Conférences, débats sur l’avenir de la francophonie

Dans le cadre d’un jumelage avec l’un des pays francophones, faire correspondre des élèves de différentes classes, pour permettre l’échange autour d’un projet commun, par exemple, une création artistique, le partage une œuvre littéraire illustrée en vue d’une exposition... Les possibilités sont multiples, d’autant que les moyens de communications sont divers (partager un blog, Facebook et autres...).

Programmation de projections de films francophones suivies de débats.

Accueillir une exposition sur les bibliothèques – médiathèques des pays francophones (découvrir leurs particularités et autres ...).

Temps fort sur l’art culinaire des pays francophones.
Associer les habitants du quartier à représenter leur pays d’origine, en proposant des dégustations culinaires spécialisées.

Découverte des jeux issus de pays francophones : animations autour du jeu.

Accueil en résidence d’une écrivaine francophone, telle que Fatou Diomé, citoyenne du monde, universelle, qui ne peut pas être mise dans une case.



Lire le point de vue de Mariannick Bellot, autrice en résidence.

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