006.Le Vigan lit Céline
Robert Le Vigan lit Céline
« 30 juin [1961]
Mon cher Éditeur et ami.
Je crois qu’il va être temps de nous lier par un autre contrat, pour mon prochain roman « RIGODON »… dans les termes du précédent sauf la somme — 1 500 NF au lieu de 1 000 — sinon je loue, moi aussi, un tracteur et vais défoncer la NRF, et pars saboter tous les bachots !
Qu’on se le dise !
Bien amicalement votre
Destouches »
C’est la dernière lettre que Céline (il meurt le lendemain 1er juillet 1961) adresse à Gaston Gallimard. Il faudra attendre 1969 pour que ce dernier volume — qui clôt la “trilogie finale “— soit publié. D’un château l’autre, Nord et Rigodon forment une sorte de road-movie post-cataclysmique (« road-novel pendant la catastrophe » — serait plus juste) dans lequel Céline se met en scène, accompagné de Lili (Lucette Destouches), de Bébert et de La Vigue (Robert Le Vigan (1900-1972)) en fuite (essayant d’échapper à l’épuration), à travers une Europe dévastée. Céline a “cessé d’être un romancier” et s’y dit chroniqueur — la taxinomie modale aujourd’hui utiliserait le terme d’autofiction.
« C’est en 1935 que Le Vigan rencontre Céline, certainement dans l’atelier de Gen Paul. » (Tinou Le Vigan, 1987). En 1942 les Le Vigan, suite à une de leurs disputes — confie Bébert (« Le premier nom de Bébert était Chibaroui. » ibid.) à Lucette et Louis-Ferdinand Destouches : le quatuor que mettra en scène Céline quinze plus tard était constitué.
Robert Le Vigan fut un acteur remarquable ; il a beaucoup tourné entre 1933 et 1944. Condamné à l’indignité nationale, il s’exilera en Argentine (il y tournera un dernier film en 1951) où il finira sa vie.
En 1969, à Buenos Aires, fut enregistré ce document hallucinant. Le Vigan y lit des extraits de Nord et de lettres adressées à lui par Céline. « Je suis relativement assez content du résultat ; ce qui fut enregistré sur bande peut ensuite faire un disque. Je ne sais si cela pourra être commercial. Je fus obligé de pratiquer des coupures pour l’unité de chaque morceau. Mais l’annonce de Nord par Le Vigan, personnage du roman pourrait être un élément de curiosité. ».
Mon cher Éditeur et ami.
Je crois qu’il va être temps de nous lier par un autre contrat, pour mon prochain roman « RIGODON »… dans les termes du précédent sauf la somme — 1 500 NF au lieu de 1 000 — sinon je loue, moi aussi, un tracteur et vais défoncer la NRF, et pars saboter tous les bachots !
Qu’on se le dise !
Bien amicalement votre
Destouches »
C’est la dernière lettre que Céline (il meurt le lendemain 1er juillet 1961) adresse à Gaston Gallimard. Il faudra attendre 1969 pour que ce dernier volume — qui clôt la “trilogie finale “— soit publié. D’un château l’autre, Nord et Rigodon forment une sorte de road-movie post-cataclysmique (« road-novel pendant la catastrophe » — serait plus juste) dans lequel Céline se met en scène, accompagné de Lili (Lucette Destouches), de Bébert et de La Vigue (Robert Le Vigan (1900-1972)) en fuite (essayant d’échapper à l’épuration), à travers une Europe dévastée. Céline a “cessé d’être un romancier” et s’y dit chroniqueur — la taxinomie modale aujourd’hui utiliserait le terme d’autofiction.
« C’est en 1935 que Le Vigan rencontre Céline, certainement dans l’atelier de Gen Paul. » (Tinou Le Vigan, 1987). En 1942 les Le Vigan, suite à une de leurs disputes — confie Bébert (« Le premier nom de Bébert était Chibaroui. » ibid.) à Lucette et Louis-Ferdinand Destouches : le quatuor que mettra en scène Céline quinze plus tard était constitué.
Robert Le Vigan fut un acteur remarquable ; il a beaucoup tourné entre 1933 et 1944. Condamné à l’indignité nationale, il s’exilera en Argentine (il y tournera un dernier film en 1951) où il finira sa vie.
En 1969, à Buenos Aires, fut enregistré ce document hallucinant. Le Vigan y lit des extraits de Nord et de lettres adressées à lui par Céline. « Je suis relativement assez content du résultat ; ce qui fut enregistré sur bande peut ensuite faire un disque. Je ne sais si cela pourra être commercial. Je fus obligé de pratiquer des coupures pour l’unité de chaque morceau. Mais l’annonce de Nord par Le Vigan, personnage du roman pourrait être un élément de curiosité. ».
Lettre de Céline envoyé à Robert Le Vigan, exilé en Argentine (1956)
6 mars 2011