Fabien Arca | C215
I/ MERCREDI 11 JANVIER.
Avec Mustapha Aouar (directeur de GARE AU THÉÂTRE), nous balisons les modalités de ma prochaine intervention avec des jeunes de La Ferté-Gaucher.
Mon projet est simple. Venant d’une petite commune rurale du 77, je veux organiser une balade urbaine dans Vitry afin que les jeunes découvrent le territoire (comme des touristes), et cela dans le but de les faire écrire…
MUSTAPHA- Tu connais C215 ?
MOI- Quoi ?
MUSTAPHA- C215 ?
MOI- Non. J’connais pas. C’est quoi, une marque de fringues ?
MUSTAPHA- Non. Une figure du street-art ici… Il a commencé ici, avant de partir aux States puis de revenir… Il a son atelier à Vitry.
MOI- Sans blague…
MUSTAPHA- Ouais. Et maintenant il travaille un peu partout.
MOI- OK. Pourquoi tu me parles de lui ?
MUSTAPHA- Parce que, justement, la galerie municipale fait une exposition de ses œuvres…
MOI- Ah ouais.
MUSTAPHA- Le vernissage c’est samedi 14 janvier à 18h.
MOI- Ah merde ! J’ai déjà un truc de prévu.
MUSTAPHA- Faudrait que tu t’arranges.
MOI- Je vais essayer…
II/ SAMEDI 14 JANVIER.
Finalement je me suis arrangé.
Il est 17h30.
Je retrouve Mustapha.
Sur le parking de Gare au Théâtre.
La nuit vient de tomber.
On a prévu de faire un tour de la ville, avant de se rendre à la galerie et cela afin de découvrir toutes les œuvres de street-art. Baliser le territoire et imaginer la balade. L’itinéraire.
En bagnole, on parcoure les rues de Vitry.
Je découvre…
En fait.
Je découvre plein de trucs.
Oui.
Je découvre que j’étais passé à côté de pleins de trucs.
Tout d’abord toutes ces œuvres dans les rues de Vitry-sur-Seine.
C’est hallucinant.
Il y en a plein.
Partout.
Des trucs immenses.
Des trucs tout petits.
Cachés.
Sur des façades d’immeubles.
Sur des boîtes aux lettres.
Derrière un grillage.
Sur un boîtier électrique.
Vitry c’est un peu la capitale du street-art.
Ouais.
Je savais pas.
Je découvre toutes ces œuvres, elles étaient là, sous mes yeux, depuis quelques années, mais je n’y avais pas vraiment prêté attention.
On tourne, comme ça dans la ville, pendant une bonne demi-heure, et puis direction le vernissage de l’exposition de C215.
Mais avant on s’arrête dans la petite librairie communiste de la ville. « Livres en Lutte ». Il s’agit d’une librairie associative qui fait de la récupération de vieux bouquins afin de les vendre pour ensuite reverser les recettes à la presse libre.
On nous invite à boire un coup.
Forcément !
J’explique mon projet.
Assez naturellement, le libraire me propose de passer avec les enfants. Il veut leur offrir un livre !
Belle initiative…
18h30, on arrive à la galerie.
Elle est pleine à craquer.
Des familles.
Des élus.
Des jeunes.
Des moins jeunes.
C’est vivant.
On fait l’inauguration.
J’enregistre un bout du discours de C215 qui raconte son arrivée à Vitry (à écouter).
Ça m’amuse ce qu’il dit…
Puis visite de l’exposition.
J’y rencontre tout un tas de personnes.
Et notamment, Jean Philippe.
Jean Philippe est un spécialiste du street-art à Vitry.
Mustapha lui a déjà exposé le projet. On lui demande de nous faire la visite guidée…
JEAN PHILIPPE- C’est quand ?
MOI- Jeudi 19 Janvier.
JEAN PHILIPPE- Ok. Pour moi.
Aussi simplement que ça, et sans aucune contre partie, on cale le rendez-vous.
On décide l’horaire.
Tout se met en place.
Simplement.
Puis je rencontre la directrice de la galerie.
MOI- Est-ce que ce serait possible de venir jeudi 19 janvier avec un groupe de jeunes, pour visiter l’expo ? Je sais que vous êtes complet, mais ce serait vraiment super...
LA DIRECTRICE- Vous serez combien… ?
MOI- Une dizaine...
LA DIRECTRICE- Vers quelle heure ?
MOI- 12h20…
LA DIRECTRICE- Le problème, c’est que je ne serai pas là.
MOI- Ah…
LA DIRECTRICE- Par contre, on va trouver une solution. Je dirai qu’on vous ouvre…
Me reste plus qu’à rencontrer l’artiste.
C215 est avec son chien, un bouledogue français.
Tranquille. Ouvert. Je lui expose le projet. J’aimerais bien qu’il rencontre les gamins.
Malheureusement, il ne sera pas sur Paris. Tant pis.
Une prochaine fois…
Il est 20h30. En l’espace de deux heures, on a tout calé pour la journée du 19 Janvier.
1) Visite du territoire par un guide. Découverte du street-art. Expérimentation de l’art dans la rue (avec de la craie).
2) Étape dans une librairie pour recevoir un livre « cadeau ».
3) Visite de la galerie et découverte des œuvres exposées.
4) Retour au théâtre.
Parfois, les choses s’organisent naturellement. C’est comme une évidence.
On met en place les conditions pour que des choses soient possibles.
Je ne sais pas ce qui va se passer exactement, mais je sais qu’il va forcément se passer quelque chose.
Je me sens comme en alerte.
Je me saisis du présent qui s’offre.
Dans quelques jours, des enfants vont venir de loin.
Pour la plupart, ils ne sont jamais venus en proche banlieue.
Pour la plupart, ils ne connaissent pas Paris.
Ils ne connaissent pas Vitry.
Et nous on leur a organisé une visite guidée improbable dans les rues de Vitry.
Dit comme ça, c’est absurde.
Mais je suis certain que ce sera beau.
Inoubliable.
(…)