Intérieurs/ extérieurs
Celles des personnes-ressources que je dois contacter, pour forger le projet de revue éphémère organiser des rencontres. À vrai dire, je n’ai pas débarqué en territoire inconnu. J’avais déjà un carnet d’adresses d’interlocuteurs du milieu culturel et institutionnel. Mais de jour en jour, la liste ne cesse de s’allonger : chaque fil tiré, avec un nouvelle rencontre, en induit d’autres. Et me révèle quelques pépites du territoire, de part et d’autres de la Seine, de St-Denis à son île.
Cette obsession du premier mois pour les berges est en train, presque à mon insu, de cartographier le projet. Face à l’île St-Denis que je vois de ma fenêtre, le 6B est presque insulaire lui-même, bordé par la Seine côté sud, le canal côté nord.
J’ai eu d’ailleurs beaucoup de mal à visualiser le plan de Saint-Denis, étendue et fracturée par l’autoroute, entre sa Plaine, son centre historique, et ses ouvertures sur huit villes, dont Paris ! J’y arrive tout juste, grâce à mes vadrouilles cyclistes. Grâce, aussi, à la vision panoramique dont m’a gratifiée Nicole Rodrigues, directrice de l’Unité d’archéologie, à la Fabrique de la Ville. Une structure d’échafaudages conçue par Patrick Bouchain permet de voir, comme en coupe, deux maisons du XVème et XVIIème. Destinées dans un premier temps à être restaurées, elles sont magnifiées dans leurs strates historiques par leur cotte de fer. Et la terrasse des échafaudages offre une magnifique compréhension de la ville, de ses fossés médiévaux à son extension contemporaine.
Nicole Rodrigues fait partie des Dyonisiens incontournables, comme Sylvie Labas, directrice doucement obstinée de la librairie Folies d’encre. De l’archéologie, elle fait une manière vivante, une ressource intellectuelle et économique de la ville. Au sein de l’association Franciade, des habitants de toutes origines exercent leurs savoir-faire, pour fabriquer des objets dérivés des trouvailles archéologiques. Ainsi, des femmes d’origine malienne détenaient des techniques ancestrales de poterie utilisées au moyen-âge, qu’elles recyclent ici.
La librairie Folies d’Encre est un autre repère et repaire de passionnés. Un lieu où Sylvie Labas et son équipe tissent au fil des années une trame de rencontres d’ateliers, où les livres en exergue pourraient être qualifiés de brûlots, si l’on peut offrir un caractère de noblesse à ce mot. La /les dominations, sous toutes leurs formes, offrent à cette indignée constante et son équipe l’occasion d’invitations et d’explorations partagées. Folies d’Encre, on n’y va pas seulement chercher un livre, mais l’étincelle qui entretient ses indignations, ses enthousiasmes, poétiques et politiques. Semblable, à cela, à beaucoup de ces librairies indépendantes en guerre contre le Fahrenheit 451 contemporain des margoulins de la grande distribution, physique ou numérique.