Une rencontre entre Orient et Occident

mercredi 27 janvier à19 heures
Atelier Michael Woolworth
2 rue de la Roquette, Cour Février, 75011 Paris


Dans le Traité des couleurs auquel il consacra plus de vingt ans de recherche et dont l’essentiel parut en 1810, soit quatre ans avant les premiers poèmes du Divan, Goethe définit les principes qui gouvernent, selon lui, la nature :
« Â Diviser ce qui est uni, unir ce qui est divisé, telle est la vie de la nature, c’est l’éternelle systole et diastole, l’éternelle syncrisis et diacrisis, l’inspiration et l’expiration du monde dans lequel nous vivons, nous Å“uvrons et nous sommes.  »
 
(Extrait de l’Introduction de Laurent Cassagnau au Divan d’Orient et d’Occident, Belles Lettres, Bibliothèque Allemande, janvier 2012.)
[…]
Une nouvelle occasion de se livrer àla « défense et illustration » de ce principe est donnée àGoethe en 1814.

[§« Â En 1813, les armées napoléoniennes se sont retirées. Ce retrait signifie, pour Goethe, la possibilité de se rendre àl’ouest : sortir du duché de Saxe-Weimar sans pour autant être tenu de prendre la route de l’est, de Marienbad et de la Bohême. Cette liberté nouvelle dispose àl’ouverture — et, si paradoxal que cela puisse paraître, àl’ouverture vers l’Orient : Goethe venait de lire l’œuvre d’un poète persan du XIVe siècle, Hâfez, dans une traduction allemande, tout récemment parue, de Joseph von Hammer-Purgstall ; cette lecture l’avait ébranlé. Il avait un peu étudié l’arabe, recopié des sourates du Coran, traduit le Cantique des cantiques, ne connaissait pas le persan mais avait lu (très bien) plusieurs poètes persans en traductions. Goethe commence alors àécrire son propre livre, Le Divan d’Orient et d’Occident.  »Â

Le nom du livre de Hâfez, Divân, n’est pas un titre mais un nom commun pour un recueil. Ici, un recueil de 486 poèmes (ou ghazal), classés selon l’ordre alphabétique de leur rime, ou refrain.
Hâfez, d’après Goethe, est un titre honorifique réservé àceux qui, ayant appris par cÅ“ur le Coran, sont capables « Â Ã chaque occasion [de] citer les passages concernés  », de « Â favoriser l’édification et aplanir les conflits  ».

 
La soirée du 27 janvier réunira le traducteur de Goethe, Laurent Cassagnau (enseignant àl’ENS Lyon), accompagné ce soir-làpar Sabine Macher, et un spécialiste renommé de la littérature persane, Charles-Henri de Fouchécour, qui a traduit le Divân de Hâfez : un travail monumental, paru en 2006 aux éditions Verdier (prix Nelly Sachs pour la traduction de poésie). La traduction en allemand de l’œuvre de Hâfez aura donc eu deux cents ans d’avance sur sa traduction en français.
Charles-Henri de Fouchécour vivait àTéhéran dans les années soixante-dix, en charge de l’Institut français. Il a enseigné àl’Institut des Langues et Civilisations Orientales. Il est actuellement Professeur émérite àParis 3. Après s’être minutieusement approché des subtilités de la langue et de la pensée de Hâfez, il nous en rapporte ce qu’il y a de plus simple et de plus compliqué au monde : un poème d’amour. Il a reçu en Iran la médaille du Centre de Recherche d’études hâféziennes de Chiraz.
Entendrehttps://www.youtube.com/watch?v=YVT... Charles-Henri de Fouchécour et Laurent Cassagnau : Table ronde festival île de France décembre 2013.

Voir, de Laurent Cassagnau, "Oskar Pastior, ’Le Projet Pétrarque’" quatrième "cahier" (Intraduc|4) publié dans le cadre de cette résidence.

Le Divan d’Orient et d’Occident a tout récemment été évoqué sur le site Mediapart, au regard de l’approche culturellement conflictuelle qui prévaut aujourd’hui.

 

4 janvier 2016
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