008.Picabia (Francis), Jésus-Christ Rastaquouère

Francis Picabia, Jésus-Christ Rastaquouère, éditions Allia, 1999.

« Dans aucune œuvre, que ce soit peinture, littérature ou musique, il n’y a de création supérieure ; tous ces travaux sont semblables. L’œuvre la plus idéale est celle répondant davantage à certaines conventions qui vous paraissent neuves parce que vous ne les connaissez pas ou parce qu’elles ont été plus moins oubliées. Il n’y a ni erreur, ni déviation ; notre cerveau est une éponge qui s’imbibe de suggestions, c’est tout. » Jésus-Christ Rastaquouère

Francis Picabia (1879-1953) a refusé tout système, c’est peut-être en partie pour cette raison qu’il fut toujours — en dépit de sa rupture aux début des années 20 avec Dada, un dadaïste.
Ses premières toiles sont marquées par l’impressionisme, ses dernières évoquent des décalques de magazines porno (un peu comme les bandes dessinées d’Isou dans ses romans hypergraphiques) — entre les deux, il aura écrit le scénario d’Entr’acte, (réalisé par René Clair, musique de Satie), été un peintre abstrait, qui renouera ensuite avec la figuration, collectionné les voitures, etc.

À côté de ses poèmes remarquables — dont l’influence est flagrante sur l’œuvre de Benjamin Péret et plus tard sur celle de Denis Roche, Picabia a écrit un bref texte agénérique et fulgurant, fait d’aphorismes et de considérations sur l’art, sorte de manifeste « non manifeste ». Composé de sept brefs chapitres subdivisés en paragraphes titrés, de deux entractes, comprenant des dessins de Ribemont-Dessaignes et une préface de Gabrielle Buffet, Jésus-Christ Rastaquouère était l’un des textes fétiche de Gainsbourg.



8 mars 2011
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