(2023) Résidences et traduction

Traduire le monde. Lancer des ponts entre les langues et entre les humains. Cela ressemble à un rêve, entreprise démesurée mais qui paraît absolument nécessaire…
Aujourd’hui, des débats pointent l’intelligence artificielle comme une menace pour le métier de traduction, oubliant que traduire est d’abord un acte sensible.

Une résidence pose le traducteur comme un auteur à part entière et lui permet de prolonger et approfondir son travail, explorer des pistes, nouer des collaborations. Le décalage par rapport à ses pratiques habituelles et la relation dynamique avec le lieu ouvrent un nouveau champ de possibles.

Ce dossier présente les témoignages de plusieurs autrices et traductrices, ainsi qu’une libraire.

Corinna Gepner, traductrice de l’allemand, a fait paraître l’essai Traduire ou perdre pied à La Contre Allée (2019). Elle proposait en résidence une série de rencontres autour du thème « la traduction dans tous ses états » avec de nombreux invités, soirées que l’on réécoutera sur remue. Parallèlement, des ateliers étaient organisés en lycée ou en école primaire. L’ensemble a permis de partager avec des publics une pratique qui leur était souvent très peu connue.
« La traduction soulève des questions que tout individu peut être amené à se poser dans sa pratique linguistique quotidienne. »

Elle était accueillie par la librairie l’Arbre du Voyageur, Paris 5e, dont on lira le point de vue de la libraire Sophie Manceau.
« Inviter une traductrice ou un traducteur, c’est rencontrer une personnalité mais aussi tout un monde, à travers les livres et les auteurs traduits. »

Violaine Schwartz, autrice et comédienne, avait comme projet lors de sa résidence à l’Atelier du Plateau (Paris 19) de traduire une sélection des Contes de Grimm. Elle raconte son expérience, comment elle s’est « prise au jeu », et a « continué à arpenter le pays des Contes de Grimm, loin de la commande d’origine ». 

Bénédicte Vilgrain, poète, traductrice et éditrice, débute une résidence à la librairie Texture (Paris 19). Elle nous offre un exemple de ce que permet un travail au long cours, réalisé lors d’une précédente résidence : deux sonnets d’Edwin Denby traduits par douze traducteurs, douze versions du même texte qui forment avec l’original un objet poétique, « extension du territoire du poème », avec les mots d’une des traductrices, Françoise de Laroque.


Voir aussi :
Cécile Wajsbrot à la librairie Vendredi (Paris 9). « Traduire » : cycle de quatre rencontres à revivre en vidéo (2021).


Quelques liens vers des associations de traducteurs et des festivals dédiés à la traduction :
L’association des traducteurs littéraires de France (ATLF) : https://atlf.org
L’association pour la promotion de la traduction littéraire : https://www.atlas-citl.org
Le Conseil européen des associations de traducteurs littéraires : https://www.ceatl.eu/fr
La Maison de la traduction en Nouvelle-Aquitaine : https://www.matrana.fr
Le festival VO-VF (Gif-sur-Yvette), qui accueillait cette année en résidence Laura Alcoba : https://www.festivalvo-vf.com
Le festival D’un pays l’autre (Lille) : https://dunpayslautre.org

Des auteurs à part entière

Corinna Gepner, en résidence à la librairie L’Arbre du voyageur (Paris 5)

Le côté vertigineux de la traduction

Sophie Manceau, libraire à L’Arbre du voyageur où Corinna Gepner était en résidence

Chaque mot devient un éventail de sens et un mystère

Violaine Schwartz à l’Atelier du Plateau (Paris 19)

Extension du territoire du poème

Bénédicte Vilgrain, en résidence à la librairie Texture, revient sur une traduction collective avec un texte de l’une des traductrices, Françoise de Laroque