C’est quoi, une origine ?
Pourquoi suis-je venu ici ? La question commence à pointer en même temps que la dernière semaine de résidence au Jardin des Plantes. Sa réponse différera – de cela au moins, je suis certain – de celles alléguées dans le dossier de candidature adressé à la Région il y a plusieurs mois. Dans un tel dossier, on répond par anticipation sous la forme de motifs. Ce que je cherche, c’est plutôt un émerveillement que je ne pouvais pas prévoir, qui justifie par sa rareté et oriente par son rayonnement l’ensemble du séjour.
Merveille, en effet : la semaine dernière, je retrouve un lointain oncle que je savais primatologue sans avoir aucune idée de son lieu de rattachement – le muséum, donc – et qui m’apprend, entre mille choses, que ma région d’origine, la Champagne, offre de très riches chantiers de fouilles dans le domaine qui est le sien. L’origine recule, se perd : là où pousse la vigne si familière que les piquets semblent jaillis de la terre elle-même, vivaient à une époque dont la distance est impossible à ressentir des primates subtiles, gros comme de beaux écureuils. Mon oncle en piste la trace en extrayant de lourds sacs de sable pour y trouver, à la loupe et au tamis, des dents minuscules, parfois – et c’est un butin remarquable - des morceaux de mâchoires. Ces sacs, ils sont au bout du couloir, à sécher sous les vasistas du toit. La terre de chez moi, qui m’attendait à quelques pas de mon bureau de résidence ; non pas chez moi mais chez les primates.
Merveille, en effet : la semaine dernière, je retrouve un lointain oncle que je savais primatologue sans avoir aucune idée de son lieu de rattachement – le muséum, donc – et qui m’apprend, entre mille choses, que ma région d’origine, la Champagne, offre de très riches chantiers de fouilles dans le domaine qui est le sien. L’origine recule, se perd : là où pousse la vigne si familière que les piquets semblent jaillis de la terre elle-même, vivaient à une époque dont la distance est impossible à ressentir des primates subtiles, gros comme de beaux écureuils. Mon oncle en piste la trace en extrayant de lourds sacs de sable pour y trouver, à la loupe et au tamis, des dents minuscules, parfois – et c’est un butin remarquable - des morceaux de mâchoires. Ces sacs, ils sont au bout du couloir, à sécher sous les vasistas du toit. La terre de chez moi, qui m’attendait à quelques pas de mon bureau de résidence ; non pas chez moi mais chez les primates.
24 février 2011