Mercredi 11 mai, rencontre-lecture-danse avec Séverine Delbosq

Rencontre-lecture-danse
Où j’invite Séverine Delbosq, danseuse, de la Compagnie l’Essoreuse

Mercredi 11 mai 2016 à 18h00
à la médiathèque du Moustier
43 rue Langlois, à Milly-la-Forêt
Téléphone : 01 64 98 66 14
media-moustier@milly-la-foret.fr

Autour de l’idée de la pierre, du grès, du sable,
de l’immobilité et du mouvement des corps et des émotions
de l’architecture et des espaces que l’on habite, qui nous abritent.

La maison digère.
Les yeux clos derrière ses volets.
Assise ici elle attend et savoure, perdue dans le vague de ses souvenirs. Sur ses pierres muettes qui soupirent, la maison inhabitée vit au fond de l’impasse.
La ville affleure et les voitures se pressent à l’heure du déjeuner sur le boulevard plus loin.
Personne ne revient ici à la mi-journée. Les familles travaillent et étudient.
La petite vieille qui n’a plus sa main nourrit les chats, qui seuls voyagent sur les tuiles du quartier. Le jardin se suffit à lui-même, il pousse, grille chaque été avant de redémarrer pour la fin de l’année.
Machine à habiter en sommeil, elle songe.
Les bruits amoindris restent bloqués en périphérie, s’accrochent à la clôture et tombent au pied du mur, le sommeil prend d’assaut même le son. À l’ouest une fissure avec lenteur et minutie, se développe depuis cette année aux records de pluie, plante grimpante à progression lente, obstinée. La maison ferme les yeux.
C’était chez lui, il y a peu, il y a cinq ou six ans, une petite éternité. Il a laissé des objets, la frange de la masse immense des affaires matérielles, qu’on trimbale et qui s’accordent à nos gestes essentiels. Manger, dormir, aimer, grandir, vieillir et vivre chaque jour.
Machine à l’arrêt, elle les laisse fondre sous la langue et mâchouille rêveusement. Objets usés, ils s’amenuisent, se perdent et s’inutilisent. Oblitérés, superflus, sans valeur pour même se voir embarqués aux portes du dernier déménagement.

Séverine Delbosq, danseuse

Formée à la danse contemporaine et au butô, elle anime depuis quinze ans un atelier d’initiation et de recherche qui a fondé la rencontre avec les autres artistes féminines de l’Essoreuse. A partir du cycle de performances en milieu urbain « de 0 à l’infini » rassemble de nombreux performeurs venant du théâtre, du butô, de la danse contact ou des domaines de l’image dans des projets très souvent interdiscipinaires, participatifs qui trouvent leur richesse dans l’environnement urbain en transformation.

Elle participe en tant qu’interprète à plusieurs projets de collaboration artistiques (arts plastiques, musique, écriture, photographie, théâtre) et se produit en solo depuis 1993. Professeur d’Education physique et docteur en Sciences et Techniques des Activités physiques et sportives (STAPS) - recherche universitaire sur Le Concept d’énergie en danse contemporaine - elle enseigne actuellement la danse à l’Université de Paris 13, Bobigny.

Regarder entendre découvrir par exemple le projet cHANTIER de la Cie l’Essoreuse

La compagnie l’Essoreuse est née en 2002 de la rencontre des interprètes féminines qui la constituent lors des ateliers de butô menés à Saint-Denis par Séverine Delbosq.
La dimension collective et l’identité féminine de cette communauté artistique se manifestent dans son fonctionnement et dans ses créations.
Le butô tissant la toile de fond, la diversité de formation des interprètes (danse contemporaine, théâtre, butô, mime corporel, dessin, écriture, photographie), celle de leurs professions et ou statuts (artiste, enseignante, maman, intermittente) maintient vivant le questionnement sur le sens donné à la création chorégraphique, aux œuvres, au mode d’organisation qui les rend possibles.
Aujourd’hui plusieurs essoreuses trouvent, dans leur parcours artistique personnel, une reconnaissance dans le milieu de la danse contemporaine, du clown, de la rue, du théâtre… : l’amitié profonde qui lie ces six femmes fait de la Compagnie un espace d’intimité idéal qu’elles tiennent à préserver pour prendre le temps de tester de nouveaux processus, ou des entrecroisements de matières tels que mouvement – voix – texte.

* Crédits photos
Séverine en robe bleue : Cathie Cariou
Séverine dans la carrière : Pauline Sauveur
Pauline assise : autoportrait.

1er avril 2016
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