Annonce et arguments




geste transdisciplinaire - performances, sons, conférences, street-art, installations
jeudi 4, vendredi 5, samedi 6, dimanche 7 juin 2015
de 18 h à 21 h 30

rue Dénoyez 75020 Paris, métro Belleville

avec le soutien de la Région Île-de-France – dans le cadre de la résidence de Patrick Chatelier, programme régional de résidences d’écrivains
et du site littéraire remue.net
avec la participation des éditions Le Nouvel Attila, La Maison de la Plage, Friches & nous la Paix, Le Barbouquin, et la Manufacture sonore.


Le Général Instin ou GI, projet artistique et fantôme errant de soldat, annexe l’une des plus petites entités politiques qui soient : la rue, pour expérimenter une nouvelle citoyenneté jour après jour.

Quatre journées d’indépendance de la rue Dénoyez à Belleville sont proclamées jeudi 4, vendredi 5, samedi 6 et dimanche 7 juin 2015.

Chaque soir, la rue sera sonorisée avec montage de divers sons enregistrés in situ, puis sons en direct (performances, conférences…).

Le Mur de la rue Dénoyez voué au street-art sera occupé durant ces quatre jours par des équipes de street-artistes qui se relaieront pour décliner le mot « instin ».

Certains lieux de la rue (galerie, café) accueilleront des expositions.

Des livres instin paraîtront aux éditions le Nouvel Attila.

Quelques lignes thématiques scanderont l’occupation : le Belleville insurrectionnel du XIXe siècle, l’art contextuel, le street-art, les fresques politiques, avec la participation de muséologues, historiens, architectes, écrivains…

Prototype pour les 15 enceintes
emmanchées sur des poteaux dans toute la rue (J.-F. Thomelin)

Ce sera aussi l’ultime fête, façon de dire adieu à la rue Dénoyez telle qu’on la connaît depuis des années – la rue berlinoise de Paris, la rue du street-art – puisque les bulldozers s’apprêtent à détruire les « boutiques », ateliers d’artistes ou galeries, bientôt remplacées par des logements et une crèche.

LE PROGRAMME
Pour plus de détails sur les participants, visualiser le dossier de presse.

Chaque soir,
de 18h à 20h : sonorisation de la rue, atelier, tracts, installations
de 20h à 21h30 : conversations, performances, lectures
En continu : expos, street-art

Jeudi 4 juin  : Paul Ardenne (critique d’art et muséologue) & Stany Cambot (plasticien et architecte) ; Anne Kawala (écrivain performeuse) ; Marc Perrin (écrivain performeur) ; Poésie is not dead (François NotDead, Michel Bertier, Gaetan Saint-Remy, Nâzim Boudjenah, Anne-Sophie Terrillon et Christophe Acker, poésie-vidéo-son) ; Sadhus (Tim, Fred, Pedrô !, musique)
Vendredi 5 juin  : Véronique Mesnager (commissaire d’expositions) & street-artistes ; Maja Jantar & Vincent Tholomé (artistes-auteurs performeurs) ; Christophe Caillé+Séverine Batier+Dominique Cassagne+Sylvain Granon+Alice Letumier (écrivain et comédiens) ; Maël Guesdon & Marie de Quatrebarbes (écrivains) ; Poésie is not dead (François NotDead, Michel Bertier, Gaetan Saint-Remy, Nâzim Boudjenah, Anne-Sophie Terrillon et Christophe Acker, poésie-vidéo-son) ; Sadhus (Tim, Fred, Pedrô !, musique)
Samedi 6 juin  : Eric Hazan (écrivain et éditeur) & Maxime Braquet (historien, spécialiste de Belleville) ; Philippe Aigrain (écrivain) ; Curtis Putralk (artiste et poète) ; a rawlings & Maja Jantar (artistes pluridisciplinaires) ; François NotDead (performeur)
Dimanche 7 juin  : Patrick Boucheron (historien) & Camille de Toledo (écrivain) ; Curtis Putralk (artiste et poète) ; Emmanuèle Jawad (écrivain)  ; Cécile Portier (écrivain) ; Sadhus (Tim, Fred, Pedrô !, musique)
Sur les quatre jours  :
Conception/montage sonore : Jean-François Thomelin, Léo Duquesne
Street-art : SP 38, Spray Yarps, Pedrô !, Popay, ALIV & de nombreux invités
Expositions (rue ; Barbouquin, Galerie Friches et nous la paix, 1 et 16 rue Dénoyez) : Emmanuel Maroé (rue instin), Marie Decraene, SP 38 (série Insurrections), Mathilde Roux (cartographie)
Régie son : Saphir Shraga
Régie plateau : Stéphane Bardin
Coordination : Nadege Derderian



ON REPREND À ZÉRO
Dans la rue Instin, tout est à réinventer, et nous proposerons par exemple un atelier de fabrication de papiers pour les sans-papiers, ou une propagande poétique avec tracts écrits dans plusieurs des langues des communautés étrangères que Belleville a accueillies depuis un siècle (arménien, grec, yiddish, arabe, hébreu, berbère, chinois, etc.).
Nous dresserons aussi une nouvelle carte de la rue, et révélerons sa « véritable » histoire pour montrer que le Général Instin y est présent depuis toujours, alors que ce n’était encore qu’un chemin boueux perdu hors de la ville, preuve de sa légitimité à s’emparer du pouvoir.

rue Dénoyez, geste Instin 2014

* * *

Le champ politique ne devrait jamais trop s’éloigner de ses entités les plus modestes, à savoir la cellule familiale, la maison, l’immeuble. C’est parce qu’un gouffre s’est formé entre celles-ci et les structures plus vastes que les citoyens ne s’impliquent pas en tant que tels, réduits à leur condition de consommateurs asservis. Ce gouffre est rempli chaque jour par mille futilités qui en lèchent les bords, les états nations sont vieillis, l’Europe inatteignable. Même les idées les plus généreuses perdent ainsi de leur sens. Et une oligarchie surfe sur ce mirage puisque, au mieux, il maintient les choses en place ; au pire, il suscite des pulsions réactionnaires.

Il faut changer la trame démocratique, se dit le Général Instin en enfilant son casque.

Juste après la maison dans l’ordre des grandeurs, il y a la rue : la rue, la place, la portion de boulevard, ailleurs la vallée, la forêt… La rue est un pont entre la maison et les zones plus étendues. Dans notre époque, alors que certains éprouvent l’impression de devoir repartir quasi de zéro, alors que beaucoup peinent à se rendre compte d’une telle urgence, la rue possède les proportions adéquates. C’est un espace ramassé qui ne ment pas sur son horizon, un espace pauvre en vastitudes mais qui les autorise, à condition de toujours revenir au point de départ. Un espace suffisamment réduit pour que ne soient pas rompus le lien social, la cohérence et la proximité entre les éléments et les êtres qui le composent.

La rue, considérée comme territoire politique, n’appartiendrait pas seulement à ses habitants mais à tous ceux qui l’empruntent : frontières jamais closes, appartenances passagères. Et cette rue inédite ne prendrait sens et réalité qu’en lien avec d’autres rues, places, vallées, en vue de les fédérer. Telle une redéfinition de la Commune à une moindre échelle.
La rue, qui réduite à un simple décor a été le support de la gentrification des villes occidentales depuis les années 1960, est donc à réinventer. Elle serait l’étalon, le point d’ancrage d’une reconquête citoyenne. Le passage obligé des passages entre les mondes.

Le projet Instin prend la rue. Et comme première étape, ballon d’essai, il propose de déclarer l’indépendance de la rue Dénoyez à Belleville, où il a déjà effectué depuis 2013 quelques opérations sauvages.

Cette rue autonome est alors placée sous l’autorité du Général, qui n’en est pas une. Figure de chef sans tête, de puissance divisée en particules, dont la puissance réside précisément dans la fragmentation. Par un jeu renouvelé entre individualités et généralité, le pouvoir s’exerce par ceux-là mêmes qui l’adoptent et il réclame, pour rester entier, l’action de chacun de ses membres.

Quelles sont les formes de la gouvernance instinienne à l’échelle d’une rue ?

Premier élément : le chantier permanent. Rien n’est définitif et surtout pas les murs, qui ont la même fragilité que les femmes et les hommes. L’état de ruine vivante, en dialogue avec la nature qui tente de la reconquérir et l’architecture qui lui donne une forme provisoire, dessine une friche perpétuelle. Sonder les sols comme se sonder soi-même, fouiller les caves et les greniers, mettre au jour, autant de métaphores à faire rouler dans l’eau vive des caniveaux.
Voilà pourquoi le Général Instin ne s’opposera pas à l’arrivée prévue des bulldozers qui doivent effacer un quart de la rue Dénoyez : au contraire, il les invitera à s’attarder pour intervenir sur quelques pans de temps à autre, alors que de nouveaux murs, arches, statues, et pourquoi pas tours (celles qui sont grattées par le ciel) s’élèveront dans l’intervalle.

Deuxième élément : le son, le temps, tout ce qui traverse.
Le fantôme Général ne se contente pas d’encourager les murs à tomber : il les traverse. Tout comme il voyage dans le temps pour soutirer des bribes brûlantes à la mémoire des lieux. Tout comme il rend contemporaines les potentialités futures.
Le son déployé dans la rue Dénoyez marquera, en forme de propagande, cette simultanéité et le décalage avec l’ancien monde dont il s’agit de faire le deuil. Partir d’une confusion première – une poétique de la confusion – en quête d’évidences encore à découvrir.

Dans la rue Instin, la vie aura changé. Le mode d’existence des citoyennes et citoyens sera la hantise, manière à la fois infiniment légère et intense d’être là. Une hantise ouvrant sur les multiplicités du réel comme du virtuel, élargissant le spectre de la perception.
Il faut lâcher notre addiction à l’Instant présent, dit le Général. Ainsi le passé resurgira par fulgurances, pour ciseler l’ambiance et les souffles.
À ce titre, les morts de la rue Dénoyez auront toute leur place dans la Cité-Rue souveraine. Ils seront citoyens d’honneur, arrière-garde de l’armée en marche.

Le Général sait bien – il n’est pas si bête – la démesure d’une telle ambition. Mais il n’est nullement pressé : l’humanité a le temps pour reconnaître la portée visionnaire de son plan.
– Vous êtes tous mes soldats, dit-il affalé sur le trottoir alors que les façades sont éventrées, les tranchées béantes, sans qu’on sache s’il s’adresse aux murs ou aux passants – peut-être les deux.

rue Dénoyez, juin 2014


PROGRAMME PAR TYPES D’INTERVENTIONS

CONVERSATIONS
Jeudi 4 juin  : Paul Ardenne et Stany Cambot : sur l’art contextuel et l’architecture
Vendredi 5 juin : Véronique Mesnager
et des street-artistes : sur le street-art
Samedi 6 juin : Eric Hazan
et Maxime Braquet : sur le Paris et le Belleville insurrectionnel
Dimanche 7 juin : Patrick Boucheron
et Camille de Toledo : sur les fresques politiques, le projet Sécession…

PERFORMANCES, LECTURES
Jeudi 4 juin : Anne Kawala ; Marc Perrin
Vendredi 5 juin : Maja Jantar & Vincent Tholomé,
"ciboulette et petit bruit" ; Maël Guesdon & Marie de Quatrebarbes, pourquoi hanter les maisons, y vivre ensuite ; Christophe Caillé+Séverine Batier+Dominique Cassagne+Sylvain Granon+Alice Letumier, performance de rue pour 4 comédiens
Samedi 6 juin : Philippe Aigrain,
les souterrains de la rue Dénoyez  ; a rawlings & Maja Jantar, lecture tarot - passé présent futur - de la rue ; François NotDead, "Tout autour de la Rue Instin" : Street Poésie Graffiti pendant 12 heures sur les trottoirs des rues/blvd de Belleville, Tourtille et Ramponeau ;
Dimanche 7 juin : Emmanuèle Jawad, fragments textuels sur les murs aujourd’hui de la rue Dénoyez  ; Cécile Portier, inventaire pour héritage et déshérence d’objets insolites ayant appartenu au Général

INSTALLATIONS, ATELIER, TRACTS (programmation en cours)
Jeudi 4 juin : Poésie is not dead (Rimbaudmobile insurrectionnelle, voiture AMI 8 customisée)
Vendredi 5 juin : Poésie is not dead
Samedi 6 juin : Curtis Putralk
(atelier de fabrication du livre de la rue et papiers pour sans-papiers)
Dimanche 7 juin : Curtis Putralk
Sur les quatre jours :
création quotidienne de tracts et affiches
Expositions : rue ; Barbouquin
(1 rue Dénoyez) et Galerie Friches et nous la paix (16 rue Dénoyez) :Emmanuel Maroé, SP 38, Mathilde Roux, Marie Decraene

MUSIQUE (programmation en cours)
4-5 et 7 juin : Sadhus


STREET-ART (programmation en cours)
SP 38, Spray Yarps, Pedrô !, Popay, ALIV & de nombreux invités


T T+