Du contact au cas contact

Nous avions prévu une rencontre par mois avec les élèves de seconde du lycée Marcel Cachin. La première en forme de présentation générale : de moi, du projet, de l’écriture, de ce que cela signifie d’être écrivain en 2021. Deuxième rendez-vous en février avec mon éditeur David Meulemans pour parler de son métier, suivi par un atelier d’écriture d’une heure. Des phrases jetées sur des feuilles blanches. Des écritures hésitantes, d’autres plus assurées. Et des phrases lues à voix haute, enregistrées sur un dictaphone. "Parce que quand c’est gravé, c’est pas pareil."

Nous voilà début mars. Le théâtre est toujours fermé. Nous envisageons une séance à la médiathèque (nous continuons à croire que le programme que nous nous étions fixé est toujours réalisable). Mais... car depuis 2019, il y a toujours un mais : j’apprends la veille que je suis cas contact. J’annule la rencontre passe un test qui se révèle positif. J’ai bien fait d’annuler la rencontre avant d’aller contaminer des élèves innocents. Qu’à cela ne tienne, nous reportons la rencontre au début du mois d’avril.
En attendant, je fais connaissance avec le virus qui, effectivement, n’est pas des plus sympathiques (à la différence d’un vieux rhume que j’avais rencontré dans un bar andalou au cours de l’été 2018... A moins qu’il ne s’agisse d’un vieux rhum ? - ce qui serait une explication possible. Note pour plus tard : penser à expliquer aux élèves l’importance de chaque lettre dans un mot).

Le 31 mars, le président de la République, un certain Emmanuel Macron, prend la parole à 20h. Etant donné que nous ne sommes pas le 14 juillet, les citoyens les plus perspicaces ont compris qu’il y serait certainement question de mesures sanitaires. Ça ne manque pas : les lycées sont fermés dès le week-end. La rencontre ayant lieu le mardi, nous voilà bien.

Heureusement Fiona Guillet et Adèle Briandet ne se laissent pas impressionner. On ne peut pas se voir au lycée, très bien, ce sera en visio. Je prépare de quoi faire travailler les élèves, choisis le meilleur angle de caméra pour donner un cadre à la fois solennel et chaleureux à la séance. Après tout, c’est une classe qui, pour la première fois, va entrer en immersion dans l’appartement d’un écrivain, faudrait pas que ça ait l’air négligé. Un petit coup de chiffon sur les étagères au dernier moment, je suis prêt. Sauf que la moitié de la France est également prête. Tout ce que compte l’Education nationale d’élèves et d’enseignants est prête à se connecter (certes pas à "ma" séance). Ni une ni deux, Fiona Guillet et Adèle Briandet trouvent un plan B, écrivent à tous les élèves et leur donnent rendez-vous sur une seconde plateforme. Ça rame. Ça mouline. Ça patiente. Ça remouline. Et enfin, j’entends des voix (ce qui, en l’occurrence n’est pas un symptôme post-covid, mais une réelle bonne nouvelle). La séance peut commencer. Mais ça, pour le moment, ça reste entre les élèves et moi.

12 avril 2021
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