ma rue idéale
J’avais, en débutant cette résidence, l’envie que travail personnel, travail en atelier et inscription du projet Général Instin, tournent autour de la notion de rue (en prenant comme point de départ la rue Dénoyez), sans savoir encore comment tout cela pourrait s’articuler...
par Emmanuel Maroé (Artame Gallery)
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Ma rue idéale
Piétonne
Plantée d’arbre
Fleurie
Traversant un canal sur une passerelle
Parsemée de bancs de pierre, de marelles, de boulodrome, de bac à sable.
A son extrémité est, descendant en forte pente face au soleil levant, montrant la vue sur la forêt.
(Benoît)
Ma rue idéale, je l’ai découverte avec un copain, pour lui c’était normal, mais pour moi c’était très beau, une vue de la fenêtre magnifique.
A la rue il n’y avait pas de monde, il n’y avait pas beaucoup de voitures qui passaient, c’était le calme total. Il y a un Franprix juste à coté de chez lui, et des restaurants chers et pas chers.
Les trottoirs c’était tout le temps vide.
L’appartement où est mon ami était au 5e étage, on ouvre la fenêtre et regarde le très beau ciel bleu avec du soleil. Le quartier est bien hiver comme été. Il y a à coté tout ce que vous voulez trouver.
(Mohamed)
Ma rue idéale,
N’a pas de violence
Les gens n’y tuent pas
On n’y vole pas
On n’y combine pas,
On n’y ment pas,
On n’y mendie pas
Parce qu’on a suffisance
On ne s’y noie pas
On parle et on crée
On y chante
On y discute
On y rencontre
Et on évite les contres.
(Jean Marc)
Ma rue idéale serait une rue piétonne ; elle donne sur une avenue plus importante où il y aurait un Monoprix, des bus et une bouche de métro.
Le long de ma rue, il y aurait des arbres, et une petite place avec une fontaine. Dans ma rue idéale, il y aurait avant tout une petite librairie d’occasion, lieu de rencontres et de conseils de lecture où j’irais fouiner tous les jours. Pas loin, il y aurait un bistrot-tabac d’habitués, où j’irais boire ma noisette du matin ; dans ce bistrot il y aurait les journaux, entre autre Libé et Le Parisien : j’y reste un moment, avant mes occupations de la journée. Dans ma rue, il y aurait aussi une petite boutique d’artisanat du monde, vraie caverne d’Ali baba pleine de bijoux en argent et de tissus chatoyants.
Les maisons en sont basses, avec des volets colorés, et derrière il y a des cours verdoyantes ; par les porches, on peut voir des jardins et des ateliers d’artistes, des tables et des chaises en osier, des buissons et des glycines, un grand arbre peut-être un saule pleureur.
Dans ma rue, il y aurait, proche de chez moi, un Franprix pour faire ses courses et une boutique de brocante pour chiner le dimanche matin.
Pas loin, il y aurait un marché très populaire, grouillant de monde jusqu’à midi. Le long du trottoir au sol pavé, il y aurait des pots de fleurs décorés de mosaïques. Ma rue a une vie de quartier, on connaît les commerçants et les voisins, on se dit bonjour quand on se croise ; il y aurait la loge des gardiens chez moi, avec qui on parle de la pluie et du beau temps devant la porte.
C’est ma rue idéale, riche de vitrines variées et de lieux de papotage, rue tranquille mais animée, et mon chez moi donne sur une cour, quand je descends je flâne et je regarde les passants, en été je sirote ma menthe à l’eau en terrasse, fumant ma bonne petite cigarette.
(Anne)
Dans ma rue il y a une poire de David
un souffle qui broie le vil
une horloge qui amplifie le temps sans l’arrêter
une émotion contenue de Charlie
tous les jours et toutes les nuits le vrai intéressant d’un rêve qui se fourvoie
un méchant intégriste aux portes des rues nonchalantes, il nous faut plus d’espace et de souffle pour ne point gangréner la vie à son optimum
il y a un danger partout où l’on passe et voici les têtes anguleuses aux portes de la mélancolie et de la sinistrose
il y a le bonheur des amants pour se moquer des passants malchanceux et jaloux qui incendient de leurs yeux la déroute de leur soliloque
il y a une chance quand même de participer à la vie vivante des sans drames, où le plaisir est d’y contribuer absolument
il faut donc pour le rêve un ciel aux étoiles roses qui brille de ses flammes et organise ce regard magique et l’irradie de sa paix mythologique
Dans ma rue s’exécute alors toutes les vicissitudes consternantes pour clamer le désappointement et faire que le social engage une paix durable
Dans ma rue sans diablotin, il est question de se retrouver cette chance renforcée de la police où plonge la gabelle et les armes incitatives au calme
Dans ma rue alors d’un espoir collectif, le retour à l’ordre physique engage le corpus de chacun à phagocyter de nouvelles énergies dans un monde tranquillisé alors que le bonheur nous est restitué en tant que porte-parole d’une vie réappropriée
(Germaine)
Michela et moi, nous allions rue Orfila où elle faisait du Raja Yoga car elle cherchait sa voie et je l’emmenais. Nous prenions le métro de Convention à Gambetta et je la conduisais jusqu’à son cours. À cette époque, cette rue nous faisait envie car nous étions dans un foyer de jeunes travailleurs et nous devions en partir. Michela, elle, avait un peu plus de 25 ans et se cherchait déjà un appartement. La rue Orfila était composée de vieux et grands immeubles haussmanniens et cela nous faisait rêver car nous n’avions qu’une petite chambre. Nous nous promenions beaucoup autour du métro Gambetta et c’était un quartier plus populaire que la rue Blomet dans le XVe entre la rue de Vaugirard et la rue Lecourbe.
Cette rue n’était pas très idéale parce que ce quartier n’était pas encore rénové en 1985 juste avant que nous partions du foyer. Le centre de Raja Yoga était une belle petite maison qui appartenait à l’UNESCO avec un petit jardin devant. C’était un quartier qui s’opposait complètement aux maisons cossues du XVe car une partie du quartier était défoncé.
(Nathalie)