Ses Singularités, Fille de militaire & CHICAGO-reconstitution
Dans le cadre de sa résidence d’écrivain à Verrières-le-Buisson en 2019, Clyde Chabot a écrit deux textes : CHICAGO-reconstitution et Fille de Militaire.
Cette résidence a été l’occasion d’explorer ces deux nouveaux textes et de redécouvrir son précédent texte Ses Singularités en collaboration avec deux acteurs complices et des musiciens du Conservatoire à rayonnement intercommunal de Verrières-le-Buisson.
Ces trois spectacles ont été présentés les 15 et 16 novembre dans le cadre de la clôture de sa résidence d’écrivain de 10 mois à l’auditorium de l’Espace Bernard-Mantienne de Verrières-le-Buisson.
Le 15 novembre : Fille de Militaire & CHICAGO-reconstitution, édition scénique #1 avec : Laetitia Spigarelli (jeu), Nathalie Jacquet (violoncelle), Grace Milandou (flûte) et le regard scénographique de Charlotte Arnaud.
Le 16 novembre : Ses Singularités (remix) avec Laurent Joly (jeu) et Simon Martineau (guitare) et le regard scénographique de Charlotte Arnaud.
Le diptyque a été présenté également au 6b à Saint-Denis dans le cadre de Scènes du 6, festival des Arts Vivants, le 23 novembre.
Clyde Chabot travaille par variations scéniques. Elle a porté elle-même Fille de militaire en duo avec les compositeurs musicaux Eryck Abecassis à Anis Gras et Thierry Madiot à L’hiver Nu en collaboration avec Scènes croisées de Lozère dans le cadre du festival Bruits Blancs #9.
Chicago-reconstitution est le récit de la naissance aux États-Unis d’une enfant prématurée chargée des inquiétudes et du potentiel que recèle toute vie fragile. La surprise laisse place à l’interrogation décuplée de ses parents du fait de la prématurité puis à des stratégies et à l’humour pour faire face au destin. C’est un puzzle dans lequel certaines pièces manquent parce que la mémoire fait défaut ou parce que certains éléments ont disparu.
L’écriture donne la parole à l’enfant, 16 ans après, comme s’il s’était approprié les mots de ses parents pour raconter cette histoire, son histoire de l’autre côté de l’océan Atlantique. Avant de prendre son envol, à l’issue d’un voyage 16 ans plus tard dans sa ville natale, Chicago.
Fille de militaire est le monologue tragi-comique d’une femme dont le père a été militaire. Comme si l’influence de la hiérarchie militaire, perceptible autrefois jusque dans le domicile familial, avait inscrit en elle des empreintes et forgé sa personnalité.
Elle sonde les conséquences de cette filiation dans sa vie sociale et intime et son impact en termes de soumission ou insoumission à l’ordre établi.
Elle devient un chef guerrier prêt à réduire à néant l’autre considéré soudain comme ennemi déclaré. Et ce dernier dans une vision kafkaïenne, se démultiplie pour constituer des légions à perte de vue. Il lui faudra dès lors utiliser une arme secrète...
Dans Ses Singularités, un personnage masculin répertorie avec humour et une possible sincérité ses dysfonctionnements psychologiques, physiologiques et relationnels. Des petites difficultés, de rien du tout, ou des pathologies plus prononcées sont passées à la loupe. Elles donnent lieu à des expositions presque scientifiques sous forme de fiches synthétiques consacrées à chacune de ces singularités : trouble du sommeil, peur des mots décrivant des maladies, effacement des noms... Le minuscule devient sujet d’exploration, d’extrapolation et d’écriture.
Sommes-nous les juges de cet homme ? De ce duo ? Ou leurs collègues, sans le savoir, entrant également dans l’analyse de nous-mêmes ?
Les spectateurs, en position de juges ou de savants, seront invités à découvrir le cas exposé, et à prendre position au regard de l’accumulation de ces singularités : est-il encore acceptable dans le cercle des humains ? Ils seront aussi invités à laisser trace de leurs propres singularités...
Le 16 novembre Marie Plantin, journaliste à Théâtre(s) magazine et Pariscope a présenté au public son analyse de l’écriture de Clyde Chabot à travers le temps et en particulier de ses 3 derniers textes.
« Ses pièces sont des œuvres-processus qui déroulent leur dispositif, leur cuisine interne, pour mieux nous embarquer dans ce chemin de pensée, cette aventure intérieure qui paradoxalement vient nous toucher au plus profond dans un jeu de miroir troublant entre une identité qui s’expose, absolument autre, et notre être propre. Ce sont nos vertiges, identitaires et psychologiques, que viennent toucher les pièces de Clyde Chabot »
« Les textes de Clyde Chabot sont comme des parenthèses forées dans le réel, des tissus cousus sur le retour incessant des mêmes motifs, ni tout à fait les mêmes ni tout à fait autres, et dont les mailles enserrent leur sujet tantôt au plus serré, au plus près, comme en gros plan dans des monologues jamais vraiment solitaires, tantôt dans une relation diffractée, dans l’éclatement choral d’une parole plurielle où se joue le lien indissociable et soluble de l’individu dans le collectif. »
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