Ça recommence

Automne 2020. La crise sanitaire repart, brisant les espoirs d’un rapide retour à la normale.
Dans la difficulté, certains retrouvent les lycéens en atelier après des mois d’interruption, comme Estelle-Sarah Bulle.

Faire tomber les barrières, au temps des « gestes barrières » : tu parles d’un défi ! Antonin Crenn.

Novembre confiné, le temps s’allonge et se rétrécit, une semaine ressemble à un mois qui ressemble à une semaine. Puis c’est décembre. Colombe Boncenne.

Les choses se tendent. L’hiver est là.
Que deviendront les horizons sentimentaux des jeunes filles et garçons âgés aujourd’hui de 16 et 17 ans ? Lisa Ginzburg.
Cette année, je suis confiné et en résidence. Vais-je craquer ? ai-je déjà craqué ? Frédéric Ciriez.

Obtenir une résidence pour un auteur, c’est une chance fabuleuse, une étape importante, souvent un défi face à des expériences nouvelles, l’ouverture de possibles qui resteraient sinon inatteignables.
Aussi, ce temps volé par la crise sanitaire, cette mise à distance des êtres, cette négation de ce qui nous constitue, apparaissent comme un scandale, une abomination.

J’ai besoin d’une adresse.
D’un autre incarné.
La chair me manque — comme jamais.
Je cherche dans l’obscurité de mes sédiments une caverne commune, je vais en arrière, en amont chercher un devenir en partage.

Je sais que le monde brûle. Anne Mulpas.

Le monde brûle, oui. Et l’incendie se propage :
Ciels en feu. Des nuages de feu. Des chemins de feu. (…) À vos marques ! Prêt ! Disparaissez ! Vhan Olsen Dombo.

Un autre confinement est survenu – qu’on voudrait appeler « second » et non « deuxième », pour marquer grammaticalement, et comme un vœu, que ce sera le dernier.
Cela confine à la folie. Cette attitude confine à la folie. Aller à Paris confinerait-il à la folie ? Embrasser femmes, hommes et enfants confinerait-il à la folie ? Eugène Savitzkaya.

Assignée à résidence, Maud Thiria pointe cet empêchement à dire et à être qui nous relie comme jamais. La conscience du vulnérable est un présent de notre temps.

Et dans la ville fantôme (Patrice Robin), les théâtres sont vides (Gilles Marchand).

Mais les poches de résistance, d’invention, de création, de renouveau foisonnent.
Le verbe confiner signifie : toucher aux confins, aux limites d’un pays, d’une terre, toucher à un lieu par ses frontières. J’ai l’impression que c’est la définition même de mon métier : de toucher aux limites d’un pays. Sabyl Ghoussoub.

Leur déconfinement est ici celui de l’imaginaire, porté par le langage – et la confiance, peut-être : naissance de mots, d’un monde, le leur. Frédéric Ciriez.

Un ensemble de facteurs – et peut-être bien ces confinements ont-ils joué en privilégiant un temps de retrait et d’immersion, de retour sur soi et en soi – me pousse à radicaliser encore mon chemin d’écriture. Quel que soit le domaine où je m’aventure, la scène ou le roman, il me faut me renouveler. Claudine Galea.

La crise amplifie les différences entre les gens, mais elle exacerbe également les besoins de chacun d’entre nous, en mettant en évidence nos exigences personnelles les plus profondes. Lisa Ginzburg.

Jusqu’au moment prochain, espérons-le, où le non-essentiel redeviendra indispensable.

une fois une orange

Un conte de Sabine Macher — "ne pas dire onfinemen pour le gnorer. mais enfermée dans son panier, le soir onfine toute la journée"

Ça recommence

Un dossier Confinements bis, avec des contributions d’auteurs en résidence de la Région Île-de-France

Les Meaux

Frédéric Ciriez au lycée Charles-Baudelaire de Meaux — Cette année, je suis confiné et en résidence. Vais-je craquer ? ai-je déjà craqué ?

Assignée à résidence : il n’empêche quand tout empêche

Maud Thiria aux médiathèques de l’APHP (Paris) — Comment travailler à l’hôpital, qui plus est en service gériatrique, vu les conditions sanitaires actuelles qui empêchent tout intervenant extérieur de pénétrer dans les lieux ?

Covid et méridien provisoire

Une réponse en forme de lettre et à fleur de peau – fleur de vie – d’Anne Mulpas à une demande de texte pour le dossier Confinements

Un théâtre vide

Une soirée prévue à l’Etoile du Nord, malheureusement reportée.
Par Gilles Marchand

Partout des feux

Un poème de Vhan Olsen Dombo — À force de s’habituer aux absurdités imposées / le citoyen lobotomisé crie à la fin du monde / Comme d’une nouveauté. / À vos marques ! Prêt ! Disparaissez !

Impressions confinées

par Sabyl Ghoussoub, en résidence à la librairie Atout Livre (Paris) — Le Covid, je ne sais pas quoi en faire dans mon prochain roman

Une ville fantôme

Patrice Robin au lycée René-Cassin (Le Raincy) — « Quand je sors de chez moi, je me sens seul… »

Et les enfants confinés chantent un chant. C’est un très long et tranquille miaulement d’ennui.

Extraits des notes d’Eugène Savitzkaya à la Cie Résonances (Paris XVIII)

Ils sont en plein dedans

Le confinement au lycée Charles-de-Gaulle (Paris) par Antonin Crenn : dehors, on ne parle que de ça (mais dedans, pas trop)

Un mois une semaine

Colombe Boncenne à la librairie De beaux lendemains (Bagnolet) — Novembre confiné, le temps s’allonge et se rétrécit, une semaine ressemble à un mois qui ressemble à une semaine. Puis c’est décembre.

Dictionnaire amoureux en temps de pandémie

Lisa Ginzburg au lycée Suger (Saint-Denis) — Comment les adolescents pensent-ils l’amour, l’amitié et les liens affectifs dans ce climat si étrange, si vide et si alarmant ?

Résider confiner écrire

Claudine Galea à la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne — Il m’aura fallu des mois pour sortir de l’isolement que les deux confinements ont accentué.

Retrouvailles avec les élèves

Après six mois d’interruption due à la crise sanitaire, Estelle-Sarah Bulle retrouve les élèves de CAP Coiffure du lycée Fernand-et-Nadia-Léger d’Argenteuil