08 – Rêve de Fatima, 47 ans

Le rêve commence une nuit et je suis perdue dans la forêt, donc je ne sais pas trop si c’est un rêve ou un cauchemar, je ne me pose pas la question.
Je marche, je cherche mon chemin et je suis perdue, j’ai peur et j’avance, il fait noir.
Et donc au bout d’un moment, je ne sais plus comment, je me retrouve, près d’une... je ne sais plus si c’est une mer ou un lac, c’est assez flou... enfin une étendue d’eau.
J’avance, j’avance et je trouve une petite barque. Donc je me dis « Bon je vais
m’échapper ». Je monte, j’avance, j’avance, et du coup je me retrouve dans la mer, je
continue, je rame, je rame, j’essaye de m’échapper parce que voilà, j’ai une crainte, dans la forêt j’avais peur.
Il fait nuit. Et puis au fur et àmesure que j’avance le jour se lève, je me sens rassurée sauf que brusquement, je regarde autour de moi et il n’y a rien. Rien du tout, je ne sais plus où je suis. Je suis dans la mer et il n’y a rien, pas d’espoir.
Je commence àpaniquer et puis j’avance et àcoup le bateau heurte quelque chose. Et làje me rends compte qu’il y a peut-être un... que j’ai peut-être approché de la terre.
Mais bon, ce qui est étrange, c’est que je suis en pleine mer. Mais des fois, il y a des
choses qui arrêtent le bateau. Je continue àavancer et après c’est un peu flou, mais je me retrouve sur quelque chose qui ressemble àune île. Une île. Un endroit un peu désert.
Je descends. J’essaye d’explorer les environs, je me repose un peu, je commence àavoir faim et donc il y a des arbres fruitiers, donc je mange un petit peu, je fais le tour, l’endroit n’est pas très très grand, je me dis « Il faut que je m’installe, est-ce que je vais rester longtemps ou pas j’en sais rien ». Et voilà.
Ce qui est étrange, c’est que c’est un endroit qui n’a pas l’air d’être habité, mais il y a des instruments de musique. Dont une flà»te. Je me dis : « il va falloir que je m’occupe » et bon, comme je joue de la flà»te, je m’entraîne. Les jours passent et je m’entraine, je joue de mieux en mieux. Et je me dis : « pourquoi ne pas essayer de fabriquer d’autres flà»tes avec les buissons, pour avoir d’autres sons, pour perfectionner », donc voilà, je joue, je joue, en me disant peut-être que si je vois passer un bateau ou un avion, peut-être que le bruit les fera venir. Après il n’y a plus rien.
Arrive un autre bateau avec deux personnes. Deux personnes qui sont musiciennes aussi et qui décident comme moi, qui s’associent àmoi : « Pourquoi ne pas continuer àjouer, au moins on passera le temps agréablement. » Et comme on n’arrive pas àfaire de feu, on ne peut pas alerter autrement.
Et puis finalement, bon, ce qui était un cauchemar au départ – isolés sur une île –, devient petit àpetit ... on se dit : « On est bien ici, pourquoi ne pas y rester ? » et on se décide àtrois, on se dit : « Pourquoi ne pas faire un orchestre ? » et puis si d’autres personnes arrivent, ils se joindront ànous, ou ils apprendront àjouer avec nous, on leur apprendra, donc on fabrique d’autres instruments, des tam-tams, tout ce qui peut faire de la musique. On se préoccupe pas du reste, on ne pense plus àalerter.
On se dit : « bon, on est bien ... c’est un peu ambigu , est-ce qu’on a envie de s’échapper ou d’être là, ou de s’installer durablement ?  » Et puis après tout, c’est un endroit qui peut être paradisiaque, mis àpart le problème de... la vie sur place, le quotidien, la nourriture, il fait froid, donc du coup petit àpetit on décide de... de s’installer.
Comme on a peur aussi, on ne sait pas s’il y a des animaux, on fabrique des cabanes sur les arbres ; chacun a sa cabane. Et le matin on se retrouve et on joue de la musique, on fait une scène dans l’objectif plus tard de faire venir des gens et faire un concert géant sur une île. Voilà. Le rêve s’arrête là. On continue àvivre sans se préoccuper du lendemain.

Fatima

3 avril 2013
T T+