Polaroïd 1 : Claro

Bon, OK, je dis Polaroïd, mais c’est Fuji qui a compris que vintage is the new new… et donc se remet, ou plutôt nous remet aux appareils àdéveloppement instantané.

La série de photographies d’auteurs et artistes au Monte-en-l’air sera ainsi effectuée avec un Instax mini 90 qui fait des photos de la taille d’une carte de crédit – eh oui, o fucking tempora, o fucking mores. Fi de l’épaisseur totalement non pratique du carré, c’est àprésent la mise en poche qui compte – ou : du terrorisme du format carte postale (en l’occurrence miniaturisé).

J’ai expliqué le protocole de ces prises photographiques ici.

Il est fascinant de constater àquel point on ne prend pas la même photographie, avec un iPhone ou un Polaroïd ; un 120 ou un 24x36 avec un objectif 35 mm (je parle en argentique, hein) ; en couleur ou en noir et blanc…

Le trac de la prise me manquait, sa préciosité. En numérique, on mitraille – on choisira dans la masse –, on est moins attentif au cadrage – grâce aux miracles de saint-Photoshop… En argentique et en Polaroïd, davantage encore, on a conscience qu’on est en train de trancher un petit bout de réel qui va apparaître, lentement, sur papier, trace unique d’un instant passé.

Unique de l’unique, le Polaroïd tire sa force émotive de son extrême fragilité. Rien de plus facile que de le perdre. Et il n’en existe pas de négatif. Il est l’épreuve du réel d’avantage encore que sa preuve. Sa cruauté, àlaquelle on s’attache. Le memento mori de la génération Star Trek.

Deux portraits instantanés ont été réalisés de Claro au Monte-en-l’air. Je lui en ai offert un, daté et signé. J’ai gardé le second et l’ai scanné pour vous. Claro n’aime pas être pris en photo. Il est donc particulièrement rétif au Polaroïd, puisqu’on a tendance àavertir avant de déclencher histoire de ne pas gâcher du papier… Voilàpour l’explication du regard meurtrier. (C’était histoire de vous expliquer que je ne martyrisais pas mes invités…) Et mon scanner n’est pas un scanner photo, c’est-à-dire qu’il redouble la simplification de l’image opérée par la technique Pola et rend les couleurs assez fade. C’est ainsi. Une copie. Presque une imposture.

Je n’ai pas pu m’empêcher de réaliser également une photo du public.

Je signale aux amoureux du Polaroïd qu’il existe un magasin àParis (on peut aussi commander en ligne), The Impossible Project, où l’on peut acheter de vieux appareils Polaroïd et surtout des pellicules.

17 mars 2014
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