Je me souviens... de la musique avant toute chose !

JE ME SOUVIENS…

À la Perec, Joe Brainard ou Lydia Flem… mais avec la musique avant toute chose ! Quelques morceaux choisis.


Au collège, avec les ados …

Chloé

Je me souviens du bruit de la pluie qui frappait sur la toile de tente.

Je me souviens du chant des oiseaux à mon réveil en Normandie.

Je me souviens de ma concentration pour entendre le son de la radio le matin, tellement j’étais endormie.

Léonie

Je me souviens du cliquetis des clés de ma flûte qui s’harmonisait à la mélodie.

Je me souviens du frottement de mon stylo qui glissait sur la feuille de papier quand je faisais mes devoirs de français en CE2.

Je me souviens du tintamarre des casseroles qui se cognaient les unes contre les autres dans le placard.

Je me souviens du gargouillement de l’eau dans la casserole sur le feu tous les soirs.

Je me souviens des pâtes qui éclaboussaient bruyamment quand on les versait dans l’eau bouillante pour les faire cuire.

Je me souviens du raffut de la hotte aspirante qui absorbait la vapeur d’eau dans la cuisine.

Madalen

Je me souviens des hurlements des enfants dans la grande salle blanche mal éclairée.

Je me souviens du bruit des machines dans la salle d’opération.

Je me souviens des rires dans le train pendant que je dormais.

Romain

Je me souviens de la grêle qui frappait notre voiture pendant une tornade près de la mer. Nous étions à Berck et nous ne nous attendions pas à du beau temps, mais quand même pas non plus à une tornade.

Emma

Je me souviens de ma première balade à cheval de l’été, de mon cri de douleur quand Lucky s’est arrêté sous un buisson de houx et m’a renversée, alors que j’avais déjà les épaules brûlées de soleil.

Louane

Je me souviens du chant si clair et mélodieux du rouge-gorge du jardin de mes grands-parents à la campagne.

Je me souviens du frottement de la gomme sur la feuille lors des cours d’art plastique.

Je me souviens du grincement de la porte d’entrée dès qu’on la poussait un tout petit peu dans mon ancienne maison.


A la librairie, avec les adultes…

Alice

Je me souviens du plastique du rehausseur et du velours rembourré des fauteuils. De l’obscurité aussi, son aspect flou où mon corps se dissout en une troublante sensation pour l’enfant que j’étais. Les dernières lumières se tamisent et s’éteignent. Je suis invisible et sensible, immense en même temps. Puis, l’écran s’éclaire. Le pop-corn crépite. Je me souviens des violons et des cuivres, du 20th Century Fox en pleine gloire. La bouche sèche, les yeux écarquillés, le crescendo, la vibration. Je plongeais par ce chœur d’orchestre comme par les mots « Il était une fois » dans ce que je pressentais être un monde enchanteur, où le mot « Weinstein » ne m’était rien.

Sophie

Je me souviens de cette silhouette rouge, voix déchirée si loin de sa somptuosité ancienne.

Je me souviens du tonnerre de ces chevaux galopant lors de ma première fantasia.

Je me souviens de mon réveil à Chanteloup, les oiseaux s’égosillaient et nous réveillaient toutes les trois.

Je me souviens des premières fanfares annonçant l’ouverture des représentations au Festspielhaus de Bayreuth.

Monique

Je me souviens des concerts de casseroles et de cuillers en bois à Alger, encore française.
Je me souviens de mon grand-père, sourd comme un pot, mais qui chantait à tue-tête les plus grands airs d’opéra.
Je me souviens des explications de texte de mon grand frère, pour me traduire, en langage châtié, les chansons crues de Brassens telle que « le Gorille », alors que j’étais bien jeune.
Je me souviens des cours de flûte au collège qui n’intéressaient personne et de notre pauvre prof de musique tellement chahutée qu’elle fut un jour enfermée dans l’armoire en bois de la salle de classe !

Patricia

Je me souviens que ma mère me trouvait une voix de crécelle et prétendait que j’allais faire pleuvoir. Il m’a fallu du temps pour ouvrir un dictionnaire et découvrir que la crécelle n’était pas un volatile mais un petit moulinet émettant un son perçant et désagréable pour prévenir de l’arrivée des lépreux.
Bon, finalement, la pluie ou la lèpre, bien utile, non ?

Je me souviens du rituel de tous les 1er janvier. Devant le poste de télévision pour regarder et écouter le concert à Vienne : je connais les valses par cœur et c’est sans doute la première danse de couple que j’ai apprise.

Je me souviens du petit bruit que fait le saphir déposé avec minutie sur le microsillon.

9 novembre 2021
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