Les morts sont doubles

Ce qui est bien avec les CDI, c’est qu’on y trouve des livres qui sont des sortes de manuels, sur tous les sujets. Ils reprennent les grandes lignes de l’histoire d’un concept, d’une pensée, d’un état, d’une idée.

Aujourd’hui, j’ai trouvé un livre qui retrace les idées des humains sur la mort, à travers les époques et les cultures. Il y avait beaucoup d’images et beaucoup de citations.

Une idée qui m’a plu, qui me servira : les morts sont doubles.

Ils sont ce qu’ils sont et ils sont ce qu’ils étaient. Ils sont tels que nous les avons et ils sont tels qu’ils ont changé. Ils sont doubles.
C’est ce qu’on pensait durant une certaine période du Moyen Âge.
On était prudent. On ne voulait pas blesser les fantômes. On s’interdisait certains gestes. On se sentait tout entouré de morts. On les croyait doubles. On ne voulait pas leur faire de mal. On ne voulait pas provoquer leur chute. On ne se mettait pas sur leur chemin.

Et je lisais un mort qui s’appelle Henri Michaux. Celui qu’il était : un homme qui disait non, et celui qu’il est : un homme dont les lettres dans lesquelles il refuse qu’on publie ses lettres (il demande qu’on les brûle) sont finalement publiées.

"Laisse-moi mourir d’abord. Salutations distinguées."

Ce qui est bien avec les salles de classe, c’est qu’on y trouve des cartes du monde. Les continents sont en jaune, en rose, en orange. Les noms des villes sont en noir. Les mers et les océans sont en bleu, ce qui fait beaucoup de bleu. On regarde la carte, on voit des formes qui représentent des surfaces, elles représentent des pays et des villes, de la terre et de l’eau. On imagine les endroits, les rues, les personnes, on imagine la maison, la pièce, la chambre, la chaise, la tête. On ne peut pas imaginer. Il y a trop de choses. Notre cerveau n’a pas la force. C’est comme faire un puzzle sans les pièces. On ne peut pas voir. On regarde la carte du monde et on voit une carte.

29 mars 2019
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