(15) L’école à l’hôpital

Rendez-vous dans une « école à l’hôpital ». Des enfants de tous les âges (de quatre à vingt ans) y suivent leur scolarité. La plupart ont des troubles psychiatriques ou mentaux. Des examens y sont organisés. Le brevet. Le bac. Des jurys extérieurs à l’école viennent contrôler le niveau de ces jeunes. Pendant que X. me parle, j’entends des cris d’enfants dans la cour ; ils jouent au ballon. « On travaille conjointement avec les médecins pour qu’il n’y ait pas de décalage thérapeutique » La culture a une place essentielle. L’orchestre radiophonique de Radio France s’est déplacé pour ces jeunes. Ils ont été invités à Pleyel. « Beaucoup sont des phobiques scolaires. Parfois ils reviennent nous voir ; ils nous donnent des nouvelles. » Une femme m’offre un petit chocolat en souriant pendant que je prends des notes. Quelques jours plus tôt, j’ai vu la Cour de Babel. « On essaye de faire des groupes de niveaux. » « On lit. On écrit. On essaye de les réconcilier avec l’apprentissage. » « Certains ont des phobies scolaires graves au point de vouloir mourir. » « Ici, c’est un peu de la haute couture. On peut faire du sur mesure. » « J’accueille quatre élèves en même temps. » « Certains sont schizophrènes. » « Ils font parfois des tentatives de suicide multiples et graves. » Certaines élèves ne comprennent pas la forme interrogative : « Quand on leur demande Comment tu t’appelles ?, ils répondent : Et toi, comment tu t’appelles ? » X. hésite à faire participer ses élèves à mon projet : « On préfère les associer à des projets moins ambitieux, dans lesquels ils ne seront pas qu’un maillon de la chaîne. » J’explique que des aménagements sont possibles. Je parle de mon père. Ils sont rassurés. « Parfois un mot suffit à déclencher une crise. Par exemple le mot Collège cristallise des angoisses. »

10 mai 2014
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