2024 pour A.

A.
Je n’ai jamais manqué de souplesse ce qui m’a permis de m’adapter à toutes situations et à tout type de pratiques de métiers de danses
Dans ce monde d’opportunités et de rigolades j’étais une championne
J’étais là lorsque le hip-hop a fait son entrée en scène
J’ai porté le mouvement traîné dans les fêtes
Les battles en 1v1 je connais
L’énergie qui brise le ghetto du 9.3. pour enflammer l’arène en mondovision c’est un peu grâce à moi
Je porte en moi un peu de "shine"

Mais là je ne suis plus dans le coup
Tout me blesse et je n’ai plus la forme
Pourtant mes jambes sont encore douces même si leur peau a perdu en élasticité

J’aimerais bien concourir mais je sens bien qu’on ne veut plus de moi
Si l’essentiel c’est de participer alors je suis devenue non essentielle
Comme ces pachydermes usés que le troupeau mène une dernière fois sur le chemin
Le chemin du cimetière avant le grand abandon

La go-go m’indique gentiment le chemin vers la sortie du club
Le gorille me mène à la porte et pose le manteau sur mes épaules pour que je n’attrape pas froid dans la nuit qui m’accueille
Je lui tends mes lèvres, il recule
Même pas un dernier baiser
Même pas sur la joue
Petit allumeur de merde
Va te faire enculer

Je suis OUT
De toute façon la vitesse de la musique m’aurait fait lâcher le bord de la piste
Je n’y étais plus vraiment
A partir de 140 BPM je ne réponds plus de rien
Je ne comprends plus le rythme
OUT

Cela allait m’arriver bien sûr je savais, je m’y étais préparée,
Mais quand cela survient, tu n’es jamais totalement prête
Mauvaise surprise

Ces gens à San Francisco à Pompéi ils savent qu’ils sont sur une faille sismique et qu’un jour…
Ils vivent comme si pourtant

Quelle conne je suis
Quel mal j’ai maintenant
J’ai froid

J’avais vu ça en Allemagne
Ça m’avait bien fait marrer à l’époque
A Munich ils avaient reconstitué une authentique tradition bavaroise qu’on emploie pour désigner la plus belle poupée d’Oktoberfest

On appelle ça la Roue du Diable
Teufelsrad
Ach so…

Toutes les femmes du village du quartier du coin peu importe toutes les blondes sur un même manège Tournent de plus en plus vite jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une

Au début elles sont les unes sur les autres formant une grande crêpe indistincte de corps et chevelures
Elles rigolent et pouffent comme des sœurs un soir au camping

Alors le manège se met à tourner

Lentement
Puis de plus en plus vite
Et la force centripète éjecte par petits morceaux les bouts de femmes hors du cercle furieux
Elles glissent du centre vers la périphérie
Evidemment ne restent à la fin que les plus résistantes les plus jeunes et belles aussi
Le hasard fait bien les choses n’est-ce pas

Celle qui parviendra à ne pas être expulsée et restera dans le cercle sera désignée Reine du bal
Championne des championnes
Elle aura droit à une couronne de fleurs
Son poids en Bières et Bretzels sans doute
Des Bretzels
Elle pourra s’en empiffrer jusqu’à la fin des âges sans prendre un gramme car son métabolisme est forcément parfait

La connasse

Putain j’ai faim moi
J’ai si faim
Encore faim
Toujours faim

Oui mais mon cul