Disparaître et laisser apparaître

Je disparais, tu prends ma place.

Bientôt, je n’existerai plus – par ta faute.

On me reproche quantités de choses, des fondations devenues incertaines, une architecture obsolète, de la moisissure, des coûts de réparation trop élevées.

Ma simple présence dérange, trop ceci, trop cela. Ma disparition est prévue dans le courant du mois. Plus que quelques jours à tenir disent-ils.

Son apparition devrait avoir lieu sans encombres le premier lundi du mois d’octobre, dans deux ans.

Je suis vieux disent-ils, désaffecté prétendent-ils. Lui, sera moderne, fonctionnel, pratique, il leur facilitera la vie quotidienne – et durable.

Je n’ai pas décidé de ma disparition, tout comme je n’avais pas prémédité mon apparition. Lors de mon arrivée, j’ai succombé aux charmes de la ville, à son climat, aux nombreux corps qui me piétinaient chaque jour.

J’ai vu l’humidité comme le signe d’une sagesse, j’ai vu les itinérants comme un nouvel horizon sur le monde humain, j’ai senti l’air froid pénétrer en courant d’air mes couloirs internes.
Il n’y a pas d’opérations pour moi aujourd’hui, c’est inopérable. Je survis de pansements en attendant celui qui va me remplacer.

Je ne suis pas nostalgique, je suis juste déçu de ne pas connaître la suite.

Eva Lassalle.

10 janvier 2017
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