Février



L’enfer des commandos marines : je vivais / Comme si le dieu n’existait pas / Je désertai – me voici aux tropiques / J’y ai fait ma demeure, un pays de langueur / Parmi les scories et les tigres / J’ai la cuisse longue et douce / Sous le tissu d’été.

Ceux qui combattent, ceux qui prient / Ceux qui ont déserté, qui s’embarquent… / On peut être immobile et garder une ville / Ou bien, surplombant l’oued / Franc-tireur dans le feu de l’action / Rêver aux palmeraies comme aux plis d’une chair / À la part d’ombre irréductible.

Les uniformes de mon groupe d’âge / Nos cahiers tachés d’écolier : un jour tout s’est dissout / J’ai franchi des frontières barbelées / Ramassé sur le bord du chemin les grains qui tombaient des camions / Je n’avais d’autres papiers que le souvenir de ta joue sur ma peau / Ma vie de banni, d’exilé / À qui aujourd’hui la vouerai-je ?

Je tiens au vent par mes tendons / J’ai, tel Achille / Baisé la terre brune / Et dans des temples remplis d’idoles / Affranchi de toute règle / J’ai cru / Redécouvrir l’angström.


25 février 2011
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