Journal de résidence 3


Une Histoire de l’Art

Journal de résidence

Une Histoire de L’Art est publiée mensuellement sous forme numérique par Professeur Cyclope àpartir de juillet 2013.

Matériellement, elle se présente aussi sous la forme d’un long ruban de papier Moleskine légèrement crème de 19 cm de large. Cette pièce originale du projet est manuscrite et dessinée au trait noir. Elle peut présenter des repentirs, visible en blanc. J’en donne la nouvelle longueur àchaque volet.


8 aoà»t 2013
Troisième volet.
Longueur du ruban : 800cm.

Une parabole. Une nouvelle sur un homme qui fait la statue vivante devant la pyramide du Louvre. Une fiction cruelle et pathétique sur les faux semblants.

Deux modules vidéos :
Un plan fixe sur d’imperceptibles mouvements crées àpartir d’une photo de statue vivante (Ramsès).
Un montage de plans successifs sur des spectateurs prenant en photo une statue vivante en hors champ.

Cette histoire de statue vivante m’amène àfaire un rapprochement avec les travaux de Ron Mueck ou de Duane Hanson. J’écris un court texte auquel j’adjoins quelques dessins accessibles par un lien àla fin de mon histoire :

Quel rapprochement entre les statues vivantes et les Å“uvres de Ron Mueck ou Duane Hanson ?

Quoiqu’on en pense, les statues vivantes suscitent la fascination du public. Derrière cette attirance quasi magnétique, il n’est nullement question de beauté ou de laideur. Elles sont d’ailleurs définitivement monstrueuses et même si une posture purement intellectuelle pourrait nous pousser àleur accorder une quelconque valeur dérangeante, ce n’est pas cela qui provoque les regards ébahis des passants. Le spectateur n’entreprend aucune réflexion quant àla démarche du statufié et àce qu’il pourrait bien vouloir signifier, si tant est qu’il y ait quoi que ce soit de signifiant... Il est juste absorbé par ce qui lui semble inhumain : “c’est incroyable, il (elle) ne bouge pas du tout, rien ne passe dans son regard, il (elle) est vraiment immobile comme une statue, c’est super bien fait !...â€
Il attend qu’il se passe quelque chose, un battement de cil, un vacillement, mais rien.
Il contemple l’exploit.


Les Å“uvres de Ron Mueck ou Duane Hanson suscitent elles aussi la fascination du public. Ici, c’est le réalisme qui focalise toutes les attentions : “c’est incroyable, on dirait un(e) vrai(e), j’ai cru que c’était vivant, qu’il (elle) allait bouger, c’est hyper bien fait !...â€
Cette fois, le spectateur ne cherche pas àprendre en défaut l’immobilisme puisqu’il est acquis de fait. S’il détaille chaque pore de la peau, chaque cheveu ou poil de barbe, chaque pli de vêtement, s’il observe attentivement l’attitude ou l’expression du modèle, c’est pour tenter de comprendre comment l’artiste a bien pu faire pour rendre le sujet aussi réel.
Mais il reste toujours impressionné par un exploit, celui de l’imitation.


Dans les deux propositions, il est question d’illusion, de faux-semblants. D’un côté l’homme se travestit en statue, cherchant àôter tout souffle de vie. De l’autre, la statue se veut plus vivante que nature, créant un doute sur son inertie d’objet.

On peut cependant opposer les œuvres de Ron Mueck ou Duane Hanson aux statues vivantes. Ces dernières sont sans intérêt artistique, elles se limitent àune pirouette visuelle et athlétique tandis que la force des œuvres de Ron Mueck ou Duane Hanson se trouve dans les questions qu’elles soulèvent, qu’elles soient d’ordre esthétique, symbolique ou conceptuel.



Quant aux cires du Musée Grévin ou de Madame Tussaud, je les situerais juste entre les deux.

4 septembre 2013
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