Les champignons de Paris de Saint Ouen l’Aumône

Paris est devenu une marque, une marque qui fait vendre. Et Paris s’étend. Aujourd’hui, il est bien vu d’adopter les modes qui, bon gré mal gré, nous sont imposées. Mais on s’y fait, on oublie.
Dans notre imaginaire, les Parisiens sont grands, beaux, et distingués. Ils ne feraient pas l’erreur incommensurable de porter un même et unique chapeau, et ce, tous les jours. Un chapeau trop grand, difforme, couvert de terre.

Pourtant, lors de déambulations en grande surface, il n’est pas rare de croiser une colonie de champignons zieutant les passants d’un air moqueur, juste parce que sur l’écriteau encore neuf est noté : champignon de Paris.

Merci àvous, Ô merveilleux champignons de venir dans nos contrés si reculées du Val d’Oise pour accompagner nos viandes et autres risottos. Dieu sait si la route a été longue. Les bouchons, le périph’, il n’est pas toujours chose aisé de venir de si loin. Peut-être avez-vous perdu votre temps dans le RER, lorsque une trompette de la mort aura décidée de mettre fin àses jours.
Mais attendez, qui est cet homme en photo au dessus de vous. Pourquoi semble-il triste ?

C’est votre créateur, et il est triste car sur l’ardoise s’efface lentement « produit àSaint Ouen l’Aumône  ». « Champignon de Paris  », lui est inscrit au marqueur indélébile, sur un tableau Véléda provenant de deux rayons plus loin.

Vous reniez vos origines, vous n’êtes pas chauvins pour un sous. Saint-Ouen-l’Aumône serait-il moins vendeur que Paris ? Ne préférez vous pas l’Oise àla Seine ? Les HLM aux appartements haussmanniens ?

N’oubliez jamais que ce n’est pas Paris qui doit vous bouffer, c’est nous.

18 janvier 2017
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