Polaroïd 2 : Benoît Virot – le Nouvel Attila

L’imprécision caractéristique du Polaroïd, particulièrement quand on a le bras encore un peu tremblant d’avoir conduit une torta pascualina de 6 kilos – en comptant le plat – àtravers les couloirs du métro, affrontant même l’euphorie dense chère àBarbès avec ses voitures nerveuses et ses piétons surgissant de nulle part, ses poussettes chauffardes, l’absence soudaine de sens de la signalisation routières affectant le carrefour, maudissant le choix de chaussures àtalons, se rappelant qu’on n’a guère que des chaussures àtalons, alternant le bras d’appui, se disant qu’après tout c’est un sport comme un autre, priant pour que la porte àbattants du métro fonctionne, trouvant cette fois-ci la rue de Ménilmontant vachement longue et pentue, déboulant au Monte-en-l’air comme par magie, la tourte intacte et les muscles un peu endoloris, ayant donc du mal àeffectuer des gestes précis, comme tenir un appareil de 300 grammes devant son Å“il, c’est toujours le problème de changement de rythme, comme la décompression des vacances qui mène souvent au sale rhume ou àla migraine, le déhanché un peu douloureux de la marche après la course, les Noë l en famille pour les gens frugaux, 300 grammes après 6 kilos et la main ne sait plus quoi faire, perd de sa justesse, effectue des micromouvements oscillants, ce qui permet d’apprécier le regard déterminé de l’éditeur, fermement adossé àla librairie, c’est lui qui anime la dynamique de l’image, qui crée une diagonale posant les carreaux comme autant de colonnes, avec son titre Comment élever votre Volkswagen animant fièrement la vitrine, cherchant l’horizon derrière le paysage, la pupille ayant déjàdéniché le prochain titre ce qui dessine un fin sourire enthousiaste sur son visage, tandis qu’au second plan, Franca, stagiaire au Monte-en-l’air, tout en restant concentrée sur son écran, fait un match de pull bleu avec Benoît, elle semble appeler la nuit qui a fini par l’entendre quelques heures plus tard alors que le Nouvel Attila s’accorde discrètement mais sà»rement àla Volkswagen 1971 de Christophe Boucher dont on n’a cessé d’entendre le moteur ronronnant et facétieux en cette belle soirée.

27 avril 2014
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