Début de résidence

Quel drôle de début de résidence. Alors que l’un des axes que je m’étais fixé était de déplacer des lycéens dans une librairie, une médiathèque et un théâtre, un virus venu de l’Est est venu perturber sacrément le programme.

Les confinements et autres mesures sanitaires nous auront tout juste laissé une soirée au théâtre de l’Etoile du Nord.
Un coup d’envoi en compagnie de mon éditeur David Meulemans et de l’écrivain Yannick Grannec, sous la coupe de Charlotte Milandri.
Une soirée pour parler d’écriture, aborder les questions de la "fabrication des histoires", de la manière de les raconter, de leur transformation en livre, du rôle de l’éditeur et de la vie d’un livre.
Yannick Grannec et moi avons chacun des manières différentes de travailler. C’est la première raison pour laquelle j’ai pensé àelle. Elle passe par une étape importante de recherche de documentation. Elle se déplace, prend des notes avant de réellement se mettre àl’écriture. Et puis, elle fait partie de ces gens qui comptent dans mon propre parcours puisque c’est àses côtés que je suis allé présenter Une bouche sans personne auprès des libraires. C’était en 2016 et elle s’apprêtait àpublier Le Bal mécanique.

D’y repenser aujourd’hui me donne l’impression de me pencher sur un vieux souvenir que je chérirais. Celui d’une époque bénie où les salles de spectacle étaient ouvertes. Bien sà»r il y avait du gel hydroalcoolique, bien sà»r nous n’avons pas pu partager ce fameux verre qui marque le début d’une aventure ou la fin d’une autre. A quatre sur une scène àpalabrer, tandis que de jeunes comédiennes lisaient des extraits de nos derniers romans. Quelques questions du public et, surtout, une animation de la soirée par Charlotte Milandri. Quel plaisir d’être interviewé par quelqu’un qui a aussi bien préparé la rencontre, elle passait de l’un àl’autre, croisait les réponses, prenait le temps de la parole et de l’écoute.

Cette soirée, nous l’aurions bien prolongée (je crois que nous avons d’ailleurs largement débordé de l’horaire prévu) et avons finalement résolu de nous donner rendez-vous àplus tard.
Ce "plus tard" est devenu flou au fur et àmesure des annonces du Gouvernement.
Après un mois de septembre qui m’a permis d’honorer quelques rencontres en librairie (Paris, Besançon, Saint-Pierre d’Oléron, Royan, Vannes, Nantes, Metz, Perpignan, Prades), l’intégralité de mon programme s’est progressivement effacée, libérant de grandes plages blanches sur mon agenda.
En attendant le prochain rendez-vous, il me reste ce souvenir de l’accueil de Jean-François Munnier, le directeur de l’Etoile du Nord, et de toute son équipe. Le sourire de Charlotte Milandri. Et le plaisir des discussions àbâtons rompus.

9 janvier 2021
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