Descendre aux archives

1er septembre 2022

Un café avant de "descendre aux archives", il faut "descendre" pour accéder àtout service, àla mairie, de toute façon, et les bureaux des archives sont au même niveau que les autres. Il faut cependant descendre un peu plus pour avoir accès aux étagères d’archives proprement dites, mais cela est réservé, les documents sortent des mains d’une archiviste et le bureau sert àles consulter, ordinateur et carnet, pas de stylo, crayon de papier. En juillet pour une séance photo pour le magazine de la ville, j’ai pu descendre dans le lieu climatisé, sécurisé, qui jouxte les locaux de la police municipale, et me sentir archiviste. Prendre un carton au hasard, qu’y découvre-t-on ?

Ici, avec un très grand livre qui n’a rien àvoir avec mes recherches, mais comment savoir ? La sérendipité est une part importante de mon travail. Je me limite toutefois aux années 40 à42 en ce moment. Ou, plus précisément, et j’y reviendrai, 1899 à1942.

Portrait en plan américain, de Joachim Séné devant des rayonnages de cartons, tenant, tout sourire, un très grand et ancien livre (comptes ? actes ?)
 
Photo : Vincent Guionet/Ville de NLG

Septembre, c’est aussi la rentrée littéraire, je surveille un peu ce qui arrive aux ami-es, par ici, par là , et encore, et tout ce qui va arriver, et tout ce que je rate ailleurs encore. J’aimerais aussi ne pas m’y intéresser du tout et me plonger entièrement 80 ans dans le passé, mais il ne faut pas, je dois garder cette liaison avec le présent, et d’ailleurs, cela fait partie de mes problématiques d’écriture pour RRK, j’y reviendrai aussi.

Dans ce qui s’écrit ici et maintenant, le premier du mois est aussi une nouvelle quinzaine, et Guy Bennett publie le quatrième échantillon, librement téléchargeable sur son site, où se trouve un de mes textes.

Pour revenir àRRK, il me faut dresser une liste d’action àmener, ou plutôt trois listes : recherche, écriture, résidence. Et tout de suite, je vais dans les archives des villes de Toulouse, Tournus et Plonévez-Porzay, pour chercher des naissances en 1902, 1908... Il faudra aller àVincennes, aux archives militaires, une visite longtemps repoussée (pourquoi ?) qui s’impose maintenant.

Ensuite j’ai un peu honte d’avoir regardé 1 h 45 de ce commentaire par Shaun sur l’univers raciste, néo-libéral, de J. K. Rowling, et j’ai pourtant aimé Harry Potter, usant, un peu trop, de ma willing suspension of disbelief, bien démonté pièce par pièce, passionnant, réfléchi, on ne voit pas l’heure passer. Mais n’était-ce pas du travail, sur l’écriture ? La cohérence interne d’un récit et le sens politique qu’on donne volontairement ou non àune histoire, les biais, les choix politiques, les Å“illères. Qu’est-ce que je risque de ne pas voir, dans l’histoire que j’écris ? Ou de trop voir ? Lire d’un côté, De Gaulle, et de l’autre Bloch, pourrait être assez éclairant sur cette question. J’y reviendrai aussi.

Et puis, en ce premier jour de résidence, où j’ai passé un peu de temps àchasser des mites (d’ailleurs, quelle lutte contre les nuisibles dans les sous-sols remplis de cartons et papiers ?) je ne peux pas ne pas penser àDelphine Bretesché, dans Marseille Festin, àce passage :

J’ai 47 ans. Qu’est-ce qu’on doit faire à47 ans ?
Voyons Delphine
Une femme de 47 ans
Non
Ça fait pas ça
Ça prend pas sa douche à13 h
Même avec un gant de hammam
Ça se oint pas la couche supérieure de l’épiderme avec une gelée fondante au monoï beurre de karité bio à13 h 30
Ça s’hydrate pas la pointe sèche des boucles avec une crème de jour capillaire à13 h 55
Une femme de 47 ans
Quand on y pense bien
Une femme
De 47 ans
C’est plutôt
Plutôt
Plutôt

Publié par les formidables Éditions Lanskine.

Photo du photographe accroupi, dans la recherche du bon angle, au-dessus d'une plaque en fonte télécoms, sur le trottoir, en plein soleil
Le photographe de la mairie photographié, Vincent Guionet cherche l’angle.
9 septembre 2022
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