(2) Quel est votre projet de résidence ?

J’ai demandé à la société Clairefontaine de m’offrir 1000 carnets.
Ces carnets seront distribués à des patients, répartis parmi les 37 hôpitaux de l’AP-HP.
Chaque patient sera invité à écrire son adolescence sur son carnet, qui sera ensuite remis à un collégien ou à un lycéen.
L’adolescent, qui découvrira ce témoignage, écrira un texte en réponse à ce qu’il aura lu.
Des lectures et performances seront organisées à l’intérieur et à l’extérieur des hôpitaux.
Une psychiatre, Isabelle Blondiaux, travaillera avec moi pour analyser l’impact de l’écriture sur la santé.
Initialement, je voulais travailler dans un hôpital psychiatrique. Mon père y a séjourné l’année de ma naissance. En tant qu’avocat, j’ai eu à assister un homme interné d’office ; je me suis senti impuissant. Je voulais confronter mon regard d’écrivain et celui d’avocat sur les ambiguïtés de la psychiatrie. Je pensais à Sainte-Anne.
Un ami m’avait donné le contact d’une femme à l’AP-HP. Je l’ai appelée. Sainte-Anne ne fait pas partie de l’AP-HP ; elle m’a conseillé de travailler sur des hôpitaux non psychiatriques. Je me suis laissé guider comme dans un jeu.
J’ai rencontré Aude T., en charge de la culture à l’AP-HP et Claudie T., qui gère les médiathèques de l’AP-HP. Il y avait un stagiaire, qui n’est pas resté.
Dans un bureau, autour d’une table ronde, j’ai expliqué mon univers (« l’autobiographie collective »), mes travaux (la disparition de mes journaux intimes ; le livre sur ma mère, décédée dans une ancienne maternité devenue un centre de soins palliatifs ; la visite que j’avais organisée au Palais de Tokyo, où je proposais à chacun de tenir la main à un inconnu, etc.).
Ils m’ont écouté.
Je voulais faire écrire les patients sur leurs rêves. Je voulais que l’hôpital devienne une fabrique à rêves. Que ces rêves deviennent un matériau, qui pourrait être utilisé dans des endroits symboliques (au bord de l’eau, à l’autre bout du monde, etc.). Je voulais que ces rêves soient lus par des inconnus.
Après quelques semaines, il a été décidé que ce projet était une fausse bonne idée : au réveil, lorsque les patients ouvrent leurs yeux, ils ne peuvent pas débuter leur journée par l’écriture : ils ont d’abord des soins. Remettre en cause cet emploi du temps aurait été trop compliqué à gérer, notamment avec les aides-soignantes. Et il y avait la peur que les patients fassent des cauchemars.
Ne valait-il pas mieux les faire écrire sur leurs rêves, dans le sens « ceux qu’ils souhaiteraient accomplir » ?
J’ai répondu Non : je voulais que les patients partent du réel, écrivent sur l’intime. C’est un des fils rouges de mon écriture.
Les faire écrire sur une tranche de leur vie ? Leurs vingt ans ?
Pourquoi pas.
J’ai réfléchi.
Les faire écrire sur leur adolescence me semblait plus pertinent : presque tous les patients pourraient ainsi participer. Et je pouvais imaginer des ponts entre l’hôpital et des collèges / des lycées.
Je crée des routes imaginaires.
Le projet a été accepté par l’AP-HP. Il fallait maintenant attendre les résultats du Conseil Régional. Mon dossier a été déposé le 15 juillet. Les résultats sont tombés en novembre. J’étais sélectionné.
Ces carnets seront distribués à des patients, répartis parmi les 37 hôpitaux de l’AP-HP.
Chaque patient sera invité à écrire son adolescence sur son carnet, qui sera ensuite remis à un collégien ou à un lycéen.
L’adolescent, qui découvrira ce témoignage, écrira un texte en réponse à ce qu’il aura lu.
Des lectures et performances seront organisées à l’intérieur et à l’extérieur des hôpitaux.
Une psychiatre, Isabelle Blondiaux, travaillera avec moi pour analyser l’impact de l’écriture sur la santé.
Initialement, je voulais travailler dans un hôpital psychiatrique. Mon père y a séjourné l’année de ma naissance. En tant qu’avocat, j’ai eu à assister un homme interné d’office ; je me suis senti impuissant. Je voulais confronter mon regard d’écrivain et celui d’avocat sur les ambiguïtés de la psychiatrie. Je pensais à Sainte-Anne.
Un ami m’avait donné le contact d’une femme à l’AP-HP. Je l’ai appelée. Sainte-Anne ne fait pas partie de l’AP-HP ; elle m’a conseillé de travailler sur des hôpitaux non psychiatriques. Je me suis laissé guider comme dans un jeu.
J’ai rencontré Aude T., en charge de la culture à l’AP-HP et Claudie T., qui gère les médiathèques de l’AP-HP. Il y avait un stagiaire, qui n’est pas resté.
Dans un bureau, autour d’une table ronde, j’ai expliqué mon univers (« l’autobiographie collective »), mes travaux (la disparition de mes journaux intimes ; le livre sur ma mère, décédée dans une ancienne maternité devenue un centre de soins palliatifs ; la visite que j’avais organisée au Palais de Tokyo, où je proposais à chacun de tenir la main à un inconnu, etc.).
Ils m’ont écouté.
Je voulais faire écrire les patients sur leurs rêves. Je voulais que l’hôpital devienne une fabrique à rêves. Que ces rêves deviennent un matériau, qui pourrait être utilisé dans des endroits symboliques (au bord de l’eau, à l’autre bout du monde, etc.). Je voulais que ces rêves soient lus par des inconnus.
Après quelques semaines, il a été décidé que ce projet était une fausse bonne idée : au réveil, lorsque les patients ouvrent leurs yeux, ils ne peuvent pas débuter leur journée par l’écriture : ils ont d’abord des soins. Remettre en cause cet emploi du temps aurait été trop compliqué à gérer, notamment avec les aides-soignantes. Et il y avait la peur que les patients fassent des cauchemars.
Ne valait-il pas mieux les faire écrire sur leurs rêves, dans le sens « ceux qu’ils souhaiteraient accomplir » ?
J’ai répondu Non : je voulais que les patients partent du réel, écrivent sur l’intime. C’est un des fils rouges de mon écriture.
Les faire écrire sur une tranche de leur vie ? Leurs vingt ans ?
Pourquoi pas.
J’ai réfléchi.
Les faire écrire sur leur adolescence me semblait plus pertinent : presque tous les patients pourraient ainsi participer. Et je pouvais imaginer des ponts entre l’hôpital et des collèges / des lycées.
Je crée des routes imaginaires.
Le projet a été accepté par l’AP-HP. Il fallait maintenant attendre les résultats du Conseil Régional. Mon dossier a été déposé le 15 juillet. Les résultats sont tombés en novembre. J’étais sélectionné.
13 janvier 2014