Les palmiers au pesto de Sally

C’est un omnibus voire un avion long courrier de muses qui s’est penché sur le berceau de Sally Bonn, chacune jouant des coudes pour rivaliser de talents àlui offrir. Elle enseigne la philosophie de l’art et l’esthétique àl’École Supérieure d’Art de Lorraine àMetz et a publié plusieurs essais àLa Lettre Volée. Je vous recommande vivement L’Expérience éclairante. Sur Barnett Newman (2005) et Les Paupières coupées. Essai sur les dispositifs et la perception esthétique (2009). Sa thèse de doctorat, Pour une poïétique des dispositifs. Les rapports textes/Å“uvres dans l’art contemporain est d’ailleurs en train d’y être publiée. Sally Bonn aime les projets éditoriaux et les aventures artistiques collectives comme en témoigne la revue Le Salon qu’elle codirige avec Alain (Georges) Leduc dans le cadre du centre de recherches IDE (« Image/Dispositifs/Espace »). Chaque numéro est thématique et réunit écrivains, penseurs et artistes. Le prochain numéro, consacré au travail, paraîtra àl’automne. Elle a fondé, avec Nathalie Lacroix et Lola Créïs, la revue Numéro Zéro, qui se développe en événements et extensions internet avant d’exister dans quelques mois sous forme reliée.

Elle a été commissaire d’une très belle exposition explorant les rapports entre art et architecture, « Faire le mur  », qui a eu lieu àLa Vitrine, àParis, en octobre dernier.

Sally Bonn joue également du violoncelle, a toujours le sourire, et, vous l’aurez compris, ne fait pas bien la cuisine, mais très très bien. Le site Supermiam, déjàévoqué par ici, ne s’est pas privé de le faire savoir en partageant quelques unes de ses recettes comme le cake aux carottes glaçage orange – et son supplément – ou la soupe de palourdes.

Quand j’ai demandé àSally une recette pour L’Hospitalité, en précisant qu’il s’agissait de recettes àmanger d’une main, avec un verre dans l’autre, elle a immédiatement pensé àses palmiers au pesto dont voici la recette, telle qu’elle me l’a envoyée :

« La recette des palmiers au pesto n’a vraiment rien d’extraordinaire, ni pedigree historique, ni révélation gustative. C’est juste une très bonne recette de palmiers au pesto, extrêmement simple.

Elle a quand même ceci de particulier qu’elle peut se faire en toutes circonstances, et différemment selon ses moyens, son temps et son envie : de simple palmiers au pesto préparés vite (version pâte feuilletée du supermarché du coin et pesto en pot) àdélicieux palmiers ouvrant les portes du sud (dans la version, on l’espère, proposée). Tout est dans le choix des ingrédients. Donc tu fais un pesto maison, en mélangeant dans un robot mixer de l’huile d’olive, des pignons de pin, du basilic bien frais aux grandes feuilles, du bon parmesan àla fois tendre mais qui s’effrite, du gros sel qui fera du croquant et un peu de poivre parfumé.

Tu étales ensuite le pesto obtenu (la pâte ne doit pas être trop liquide) sur une pâte feuilletée de bonne qualité – le mieux est de la commander chez son boulanger quand il en fait et la vend. Sinon, aller chez G. Detou (non, ce n’est pas une blague) rue Tiquetonne, et acheter 3 kg de pâte feuilletée (ça ne se vend que par 3 kg) – ; en congeler par morceaux une bonne partie pour d’autres utilisations, en garder suffisamment pour faire les palmiers (environ 500 g).

Tu étales finement ta pâte feuilletée en rectangle avant d’y mettre le pesto, puis tu roules délicatement et en même temps (si tu as quatre bras c’est mieux) les deux bords extérieurs de la pâte feuilletée vers le centre, tu enfermes ce rouleau dans un papier cuisson ou un film transparent et tu mets environ ½ h au congélateur (minimum, c’est ce qui te permettra de couper les palmiers sans écraser le rouleau et faire couler le pesto).

Enfin, tu coupes avec un couteau bien aiguisé des tranches dans le rouleau pour constituer tes palmiers (environ 4 mm) puis tu les disposes sur une plaque de cuisson préalablement recouverte de papier cuisson et tu les fais cuire àfour chaud 200°/210° en surveillant la cuisson (environ 15/20 mn, mais parfois moins), il faut qu’il soient bien dorés, mais pas noirs !

Et voilà, il ne reste plus qu’àles déguster – par contre, les faire au dernier moment est toujours mieux, si c’est possible.  »

Nous nous sommes rendues chez G. Detou et avons constaté que ni elle ni moi n’avions jamais osé demander àquelqu’un, dans la boutique, si c’était vraiment le nom du propriétaire ou s’il envisageait une reconversion dans le titrage de quotidien àtendance de gauche. Ensuite, nous sommes allées préparer la recette chez Sally : je n’ai pas un congélateur assez grand pour pouvoir accueillir les rouleaux de pâte devant durcir ni le kilo de pâte restante (nous avons finalement utilisé 2 kg de pâte).

C’est une précision importante : l’étape du congélateur est cruciale ; veillez ày avoir de la place. Rouler la pâte des deux côtés en même temps est également plus simple àdeux…

Les personnes qui ont eu la bonne idée de venir àla soirée consacrée àOlivier Mellano au Monte-en-l’air pourront vous chanter les louanges de ces délicieux palmiers. Ils étaient 270 et sont partis àla vitesse de l’éclair – les palmiers, pas les gens.

Nous avons notamment présenté ce soir-làla réédition de La Funghimiracolette d’Olivier Mellano comprenant des postfaces inédites de Sally Bonn, Bernard Sève et moi-même… Sally Bonn a tous les talents, on vous dit.

[Première photo en haut du texte : de gauche àdroite, Nathalie Lacroix, Lola Créïs, Sally Bonn et Claro se dirigent vers le master Lettres et Création littéraire de l’école d’art et de l’université du Havre afin d’y présenter la revue Numéro Zéro ; janvier 2014 © Laure Limongi]

19 mai 2014
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