Mai
















La lune à la fenêtre fait une croix de cambouis / Road theater, couvre-feu, fin du monde / Une traction descend la rampe / Dans la pièce attenante, le charnage se trafique en pièces détachées / Au milieu des tonnerres et des machines à foudre, une rixe s’engage, silencieuse / Ces ombres englouties dans les dessous du lieu / C’est Venise en habit d’apparat s’enlisant, les yeux ouverts dans la lagune.

Le chemin d’hiver a marqué / D’un trait blanc / Ma mémoire / Seule ta main entre mes omoplates / M’empêche de tomber / Ta main sur mon épaule, ma bouche / Pour éviter le pire.

Que je te parle à l’oreille, je deviens flou / J’ouvre la bouche et mes cheveux prennent feu / Dans la lèpre des rues, je retombe en enfance / Le réel ne se laisse pas aisément topographier – ou bien est-ce moi ? / Vois : l’espace ouvert des banlieues / Les digues à perte de vue / J’en fais les instruments de ma sanction – caves, impasses, souterrains.

Il range son paquetage, elle dort ; et le plafond s’écaille comme une peau / En souffrance de départ, le voilà exaucé : un ordre de mission l’envoie / En vol plané terroriser les souks / Déjà son masque est transparent / Quand il glissera sa main entre les jambes de la belle endormie / Dans la lumière du monde vivant / Elle aura changé de visage.

Invasion de hannetons sous les combles / J’ai vu, un long hiver durant /
Proliférer les larves blanches dedans le granarium / « Alter ego / Comme un guerrier, tes yeux voient loin / Ton front bardé d’écorce / Est une butée contre le ciel. »


31 mai 2011
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