Potentiel Bristols | Olivier Salon
Le poème qui suit est un poème de 99 vers, selon une formule inventée par Frédéric Forte, inspirée des Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau. Chaque vers est inscrit sur un Bristol, les 99 Bristols sont battus et lus dans un ordre arbitraire. Le poème qui suit est l’un des 99 ! poèmes possibles (environ 10 puissance 153)
je l’ai reconnu
le considérer, c’est déjà l’adopter
il porte en lui des pousses
mais voilà, comment le définir ?
il porte en lui l’espoir de toute littérature
alors, avez-vous deviné ?
c’est que je tente ici, de le matérialiser
il est un vecteur, une flèche
chacun peut s’emparer de lui
je dirais même plus
il indique le possible
et que chacun le suive !
je commence à comprendre
en lui coulent les forces vives
et vous ?
il est cependant indéfini
qui du reste pourrait deviner la destination des nuages ?
il montre le chemin
mais aussi
ne surtout pas le prendre comme modèle
non, ce serait plutôt une trame
une espèce de canevas
il faut le prendre comme source
il est la source des possibles
est-ce que ce n’est pas beau, cela ?
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il porte en lui des germes
il agit comme un guide ou plutôt un berger
il est réel
vecteur, c’est-à-dire direction, force
comme une chute d’eau impétueuse
et ne serais-je alors pas le sourcier ?
c’est lui
tant il est vrai que la source appartient à tout le monde
avançant sous son masque
que chacun s’abreuve à son eau !
commencez-vous à le mieux percevoir ?
il montre le chemin vers la cible
comme une eau dont on se désaltérerait sans fin
il est la force des forces
il est comme une irrésistible tension
le mécanisme d’ouverture
il a la force vive du feu
il porte en lui la joie du possible
c’est lui, le Potentiel
intacte est son énergie !
virtuelle est son énergie !
il est la source du jaillissement
et pourtant, bien matérielle !
puisque présentement, je tente de le définir
tout autant que montrer son champ d’application
bien loin d’être irréel
c’est une question que je vous pose
bien au contraire !
puisque je parle de lui, n’est-ce pas ?
c’est qu’il existe !
je le pense, donc il est
qui peut connaître les répercussions d’une idée neuve ?
c’est que je tente ici, de le découvrir
il nous nourrit d’autant plus que nous le défrichons
c’est un terreau
il est l’impulsion même
comment pourrais-je faire autrement pour tenter de le faire sentir ?
le sentez-vous, tout autour de vous ?
il agit en souterrain
comme un champ magnétique
il nous électrise
voilà
virtuel ne veut pas dire irréel
invisible ne veut pas dire inconsistant
immatériel ne veut pas dire inexistant
il bat comme un cœur éternel
en lui coule le sang vital
pourquoi la notion de virus est-elle toujours négativement connotée ?
par lui, tout peut naître
le chemin des chemins
l’envisager, c’est déjà le mettre à exécution
son nom fait trembler, n’est-ce pas ? mais trembler de plaisir…
il ferait presque peur, tant il porte en lui
c’est que je tente ici, de le faire sentir
il nourrit notre imaginaire
comment pourrait-il en être autrement ?
je rêve de le regarder en face
et même…
il porte en lui des espoirs
devinez-vous maintenant son contour ?
comme un vent gonflant les voiles
il porte en lui l’espoir de toute activité humaine
comme un arc bandé, mais sans la flèche, ni la corde, et peut-être même sans l’arc
c’est l’idée seule de la tension
ne craint-il pas qu’on le démasque ?
c’est le pouvoir de l’idée
une idée en pointillés, en somme
…………………………………
comme une bouche gonflée
c’est que je tente ici, de le faire surgir
une semence en terre, extraite d’une boîte inconnue
il est la création, juste avant la création
en somme, c’est un bouton, bouton de fleur, bouton de porte, bouton encore clos