Ce qui nous touche, dans l’eau

Ce qui nous touche
        Écrire sans s’arrêter
        User des cartouches
        D’encre
              Ou de silence
              (Pourquoi on écrit en bleu ?)

Dans les traces de nos pas
       Trouver des combattants
       Les combattants c’est des poissons
       À Chambly il y en a

Est-ce que je prends le temps de rêver en plein jour ?
Est-ce que tu prends le temps de rêver en plein jour ?

Après le départ, à Marseille
       Il y a un moment, quand tu prends le ferry
       Tu ne vois plus la côte
       Un moment précis : tac : tu ne vois plus
       Si j’écrivais un jour, ce serait sur ce moment précis
       Tac : tu ne vois plus de terre
              L’eau
              Rien

Est-ce qu’il ou elle prend le temps de rêver en plein jour ?

Ce qui nous touche, dans l’eau
       L’hygiène corporelle, les ablutions, tout ça
       Que l’eau elle sait des choses que moi je ne sais pas
       Poissons gluants s’agitant à l’hameçon
       À pleines mains je les prends
       Goût salé de la pluie, langue dehors en marchant
       Buée, rosée, ruissellement

Est-ce que nous prenons le temps de rêver en plein jour ?

Les dessins qui me font respirer, c’est genre
       Les arbres qui basculent sous le vent
       Les billes qui roulent sur le sol terreux
       La mer qui avance, qui recule
       Le battement du cœur la nuit
       (J’ai 80 % d’eau dans le corps, vous un peu moins :
              Est-ce que vous prenez le temps de rêver en plein jour ?)
       La musique qui sort des lampadaires sur la jetée
       Le front de la mer qui avance
       Qui recule

Ce qui me touche, quoi d’autre,
       Ce qui me touche dans l’eau
       La pluie encore
       Ça donne un petit rythme quand on dort
       Elle tombe sur le velux
              Sur la nuit
              Sur l’automne

                     Ça rassure.




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9 décembre 2010
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