Gens de l’atelier


GENS DE L’ATELIER

Je
(crois au commencement des choses)
suis arrivé àLilas en Scène, p
(uiser l’inspiration)
a
(s si doué que je croyais)
rce qu’il y avait un
(e parole manuelle)
atelier a
(u centre des débats)
ussi d
(u pain sur la planche)
de la construction … je rêve, s
(‘est une plaisanterie un peu)
i les menuisiers étaient les acteurs, o
(ui)
ù en seraient les comédiens — D
(u geste dans la parole)
épendant, dép
(aroles dans les gestes)
endant ! miaule le chat qui réclame àmanger …



SOPHIE

C
(a se présente sous la forme d’un bonheur)
’est un lieu quand
(même)
tu
(rentres ici)
tombes a
(tes risques et périls)
moureux et
(puis après)
les
(PFH)
personnes
(y’a plein de rencontres)
qui sont àl’intérieur, c
(a fait vingt ans que je suis là)
‘e
(tait tout gris tout brut)
st vrai qu
(and je suis arrivée en 2000 pour bosser àJipanco)
e j
(ai fait le tour de Lilas en Scène)
e me suis dit OUaaouhh ! l
(es gens ont du caractère)
a sensation passe au
(pays des merveilles)
delàdu
(langage)
beau et vrai, j
(‘ai vu le truc évoluer)
e
(voulais travailler dans le spectacle)
suis arrivée ici p
(utain de facteur humain)
arce que Claire avait mis une annonce p
(our une secrétaire)
ar l’ANPE.

Je v
(iens d’une famille de six enfants)
oulais travailler dans le spectacle, je savais pas quo
(médienne)
i, mais faire
(partie de cette vitesse)
un truc, j
(‘ai beaucoup de mal)
e me fais violence quand j
(e parle devant les gens)
‘ai jamais voulu être comédienne, c
(e que je suis en train de vivre)
’est d
(eux histoires àla fois)
à» àmon père, —— on est tous
(cinéma)
dans la famille p
(ar envie)
ratiquement ou
(dans la pub)
i tou
(tes les histoires racontent une histoire d’amour)
s dans le spectacle non ? … mon père est instit mais il a t
(rop le sens de la brièveté de la vie)
oujours été pa
(pa)
ssionné de cinéma, d
(evenir saltimbanque après le travail)
onc s
(eci aidant)
i vous voulez, je vais au cinéma depuis que je s
(uis haute comme trois pommes)
aute en marche c
(imulacre)
’est merveilleux voilà… j’adore l
(a splendeur des Amberson)
es films d’Orson Welles, l
(es documentaires qu’il a fait sur l’Amérique latine)
e personnage e
(xpressionniste)
n tant que comédien ré
(pousseur de limites)
alisateur, O
(ù va-t-il ?)
thello, M
(otifs politiques et dramatiques)
acbeth, p
(ourquoi pas)
atati p
(eu importe)
atata, j
(e parle pas la même langue que lui et pourtant)
’a
(bsorbe de l’oxygène)
ime tout Orson Welles, je
(comprends ce qu’il dit)
suis une fan d
(u dessinateur acteur poète)
’Orlon Welles … mon père bossait pour l’OROLÉIS et d
(‘un coup ça devient)
onc p
(our vendre)
ar cet intermédiaire tout
(Bergmann)
les ans pendant une semaine y’avait un
(film que je me passe et repasse)
stage entre guillemets ce qu’ils avaient acheté, a
(qui je dois tout ça)
u ciné clubs et d
(es préférences)
onc p
(ain amour et fantaisie)
endant une semaine t
(rente films)
out Comencini je me voyais avec c
(a)
‘est très rude des
(analyses)
discussions, c
(‘est un autre lieu)
inq films par jour, une
(autre ambiance)
histoire de regard …

… et après Ja
(i mon chanteur préféré)
cques Brel, ça me
(pousse des ailes)
donne envie vraiment, c’es
(chansons sont un peu tristes)
t un
(malheur)
bonheur … et C
(oncerto pour piano n°23 en la majeur)
omencinni l’
(enfant de Calabre)
incompris, i
(mpossible de tromper la nature)
l m
(ais je m’aperçois que je n’aime que les trucs tristes)
e bouleverse, et
(re perçu et percevoir)
se
(que je suis)
présente sous la forme d’un
(e douleur)
bonheur, j
(e le dois àma mère)
’ai
(une famille formidable)
en
(core)
v
(ers le cosmique)
ie de
(uxième mouvement adagio)
rajouter que
(ma mère me manque)
lle était tou
(t se divise en moi-même)
jours gaie, que j
(‘ai des frères et soeurs)
e souhaiterais àbeaucoup …

Ç
(’est un lieu)
a se présente sous la forme d
(evenir saltimbanque après le travail)
’un bonheur, tu
(rentres ici)
tombes a
(tes risques et périls)
moureux et après p
(FH)
lein d
(‘histoires àla fois)
e rencontres àl’intérieur, c
(a fait vingt ans que je suis là)
‘e
(tait tout gris tout brut)
st vrai quand je suis arrivée en 2000 p
(utain de facteur humain)
our bosser àJipanco …



BRUNO

J
(‘ai jamais bougé)
e suis de Montreuil, c’est
(pas très loin)
àcôté t
(enir aux préjugés)
out àfait, e
(n cas de besoin)
t j’y ai toujours
(vécu)
habité, j
(amais changé de ville)
e suis même pa
(rfois on en fait trop ou pas assez)
s s
(‘est presque une folie)
orti d
(e la ville)
u territoire — j’ai
(quitté l’école en cinquième)
fait un CAP, est-ce que j
(e serais capable de dire)
’aimais pas l’é
(cole)
nfance je me souviens plus trop, j
(‘étais solitaire)
e
(foutais rien)
m’a
(is est-ce que j’aimais pas l’école)
musais pas par
(resse naturelle)
ticulièrement àl’école, — je devais p
(enser superflu)
as être b
(esoin les uns des autres)
on non plus, o
(ccasion fait le larron)
n m’a co
(nvenu àl’heure convenue)
llé l
(es circonstances aggravantes)
à-dessus quoi, à
(u charbon)
l’époque si tu t
(ourne en rond)
ravailles mal tu fais un C
(i je m’en souviens)
AP, et l
(e papillon laisse sa chrysalide)
a conséquence s
(i je m’en souviens)
e règle n
(écessairement)
‘en parlons plus comme
(du papier àmusique)
ça au débotté oui oui

J’
(arrive dans le décor par hasard)
étais le deuxième de la famille, y’a
(pas àtortiller)
une grosse différence c’est
(ou huit ans)
mi
(eux payé)
ne de rien, p
(asser la nuit dehors rentrer au petit matin)
lus intéressant et y’a
(pas photo)
comme e
(xplorer autre chose)
ntre le bâtiment et … même a
(la base)
u niveau salaire, je pense …

C’est p
(pas àtortiller)
lus int
(inéraire nomade)
éressant quand même, b
(on àprendre)
ien que le bâtiment ça
(allait)
me dérangeait pas trop, fa
(çon de vivre)
ire d
(ynamique)
es boutiques, d
(u meuble)
es magasins, c
(i je veux je peux)
’est pas
(ce qu’il y a de pire)
non plus dé
(rive des continents)
sagréable j
(uxtaposer)
e trouve, c
(uperposer)
’est p
(lus ou moins sophistiqué)
as du travail à
(u bout du compte)
la chaine, e
(ntrhopologique)
ffectivement le décor c’e
(débrouiller sans trop d’emmerdements)
st un peu d
(orénavant)
ifférent quo
(nstellation d’univers)
i …

L
(e but)
’ambiance, les gens p
(ar force)
our qui t
(ous les choix sont possibles)
u travailles, c
(ans mordre vraiment)
’est d
(orénavant)
ifférent, p
(ar extension)
lus agréable t
(out àfait)
‘es quand même o
(n construit des choses)
bligé d
(ans le bâtiment)
e réfléchir aussi, c’est
(des mecs)
un peu b
(raves)
ourins entre
(guillemets)
la poire et le fromage, c’est
(comme ça)
pas
(le même objectif)
un reproche hein …

J’
(étais solitaire)
avais des copains, si si dans le quartier y
(mpasses et percées)
’avait plein de gosses là-dedans, un peu
(camp de gitans)
àmoitié, une
(sorte de baraque)
famille de manouche … au fond

Parce que mon père a
(partir des années cinquante soixante)
co
(mme un seul homme)
nstruit sa maison l
(ui-même àMontreuil)
a vie est un équilibre … et
(àcôté)
tout au bout y’avait
(un terrain)
plein de gosses, une
(façon de vivre)
sorte de zone …

… e
(n réaction)
ux ils avaient p
(lus ou moins)
as de maison, un
(camp de gitans)
e sorte de baraque, un p
(eu àmoitié)
as vraiment des maisons, a
(la sortie de l’école)
vec une famille nombreuses, huit ou dix et
(euh)
je passais ma vie là-dedans, tou
(t au bout)
jours un paquet de chiens, même de
(s cochons)
temps en temps

En ce moment y’a un
(transfert d’ordures)
e décharge juste àcôté d
(e chez moi)
u quartier écologique qu
(and elle était maire)
e Dominique Voinet avait fait construire, j
(e vois ça)
ustement au
(même endroit)
bout du terrain qu
(and je monte sur le toit du pavillon)
e j
(‘ai repris de mes parents)
e suis en train de retaper, des c
(orbeaux)
amps de Rom, des
(mouettes qui se trimballent)
toiles bleues…

J’ai
(une fille)
été chanteur dans un petit groupe, j
(e lis quasiment pas àtord mais non)
‘ai dà» apprendre des poèmes, avec ma femme on
(s’est vite séparé)
avait la garde alternée, j
(‘ai regardé les fruits mà»rir puis flétrir)
e ramenais ma fille le dimanche soir, ch
(ez ses grands parents)
aque fois, ç
(‘était la galère)
a doit pas être facile de faire un bon spectacle, e
(lle arrêtait pas de pleurer)
t pour me calmer je
(prenais la moto)
faisais un tour de périph, p
(as spécialement àfond)
our me défouler a
(h la grâce de Dieu)
deux cent àl’heure, toujours l
(a même moto)
e même p
(oème)
roblème qui me revient là, il
(est temps de partir je me répète sans cesse)
a deux trous rouges au côté droit, je
(suis incapable de dire)
m’en souvenais plus c
(i ça me calmait)
‘était une période de ma vie…

J
(‘ai fait pas mal de sport aussi)
e faisais le tour du périph, p
(as spécialement àfond)
our me défouler à
(h la grâce)
de
(ux cent àl’heure)
Dieu, tou
(t s’éclaire)
jours le même p
(roblème)
oème, la même moto, il a deux trous rouges au
(bout de la nuit)
cô
(mplètement cassé)
té droit, je
(m’en souvenais plus)
prenais la moto s
(eule solution)
‘était une période de
(ma vie)
s fois ç
(i ça me calmait)
a marchait des fois ç
(ueur froide)
a marchait pas…

Deux trous rouges au
(bout de la nuit)
cô
(mplètement cassé)
té droit, une période de
(calage)
ma vie, des fois ç
(e qu’on veut)
a marche, des fois ç
(e qu’on vit)
a marche pas …



DOMINIQUE

La
(machine volante de Léonard de Vinci vous connaissez ?)
a particularité c’est que je s
(aute presque de joie)
uis pas d’ici, je fais quatre heures de transport cha
(cun fait ce qu’il juge nécessaire)
que jour et d
(u coup)
onc, m
(e forcez pas àm’acoquiner quoi)
oi je me
(n suis pas mêlé)
suis toujours concentré s
(atisfait ou remboursé)
ur l’atelier Jipanco et la par
(tie Lilas en scène)
ce qu’en fait j’avais un petit peu peur, de
(jàau niveau du temps)
me faire bouffer pa
(s mon intérêt)
r le truc et que j
(‘ai àcoeur)
e considérais qu
(omment ça va àla maison)
e c’était pas m
(a partie boulot)
on corps de métier et b
(onne nouvelle)
ien sà»r ça aurait p
(ercé àjour)
u être de l’ordre du loisir c
(auf que moi)
‘est vite dit, n
(i début ni fin)
’étant pas d’ici, m
(audit soit l’homme qui met sa confiance dans l’humain dit Jérémie)
es loisirs sont ailleurs …

J
(e suis làdepuis le début)
’ai rencontré Jean Pierre en 89 au moment d
(u bicentenaire)
e la révolution, il
(bricolait)
louait l’atelier du Campagnol au Kremlin Bicêtre, faisait d
(es décors)
ans une cour
(des miracles)
pavée a
(u coup par coup)
vec une fonderie au fond, c
(ur la brèche)
’était le d
(ix neuvième siècle)
ébut on est resté
(pas longtemps là-bas)
trois mois e
(t il m’a aussitôt appelé genre fin aoà»t)
n fait quand j
(‘oublierai jamais les lilas et les roses)
e
(tais dans le bâtiment)
l’ai connu chez Manu et d
(uo de music hall)
epuis o
(h la la ! Quelle amitié splendide)
n
(a pas chômé)
s’est plus quitté.

A
(vant de faire du décor)
u départ j‘ai fait très vite d
(es portes et des fenêtre quoi)
u bâtiment, me
(lange d’assurance)
nuisier un jour et
(timidité)
menuisier toujours, et
(ventuellement des cuisines ce genre de choses)
làoù j’habite y’a
(que le premier pas qu’est dur et le reste on est jamais sà»r)
vait un festival de théâtre de rue, et quand j’a
(vais quatorze ans et demi)
i commencé àfaire d
(ans les loisirs quoi)
e l’éclairage, j
(‘avais trois semaine d’atelier une semaine de cours)
e me suis retrouvé à17 ans o
(n est hébété)
uvrier driin driin, le téléphone sonne, c
(avoir se ressaisir)
’est Laurent, a
(gir par devoir)
llo Laurent, d
(emain je regarderai)
’accord ben j
(‘ai eu un petit coup de mou)
e regarderai ça d
(ans une autre famille j’aurais fait autre chose)
emain matin en arrivant, mm mm, ouais, mm mm d
(u coup)
’accord ok d’a
(ns une autre famille)
ccord, j
(e regrettais d’avoir arrêté mes études)
’ai tenté de
(conserve)
reprendre mon désir pour la réalité, d
(u plus beau de mes jours)
es cours p
(endant un an àréétudier faire de la physique des maths du français)
ar correspondances j
(‘avais une carence)
e regarderai ça àdemain c
(‘était Laurent)
iao, j
(‘ai pas réussi)
e sortais tous
(ça pourquoi)
les quatre matins …

Bien plus tard j’ai p
(assé les examens spécial entrée àl’université)
endant un an pris
(mon pied)
une année sa
(ressemble au bonheur)
bbatique c
(asiment)
onfondre universel et
(re àla hauteur de ce qui m’arrive)
singulier

J’suis dans un boulot qu
(ontre l’avis de mes professeurs)
i me branche, j
(e regrette rien)
’ai pas fait d’études e
(n vl’àune décision)
t puis l’client ce
(st le comédien)
la dit, je
(regrette rien)
suis dans un boulot, qu
(i me branche)
and les comédiens s’approprient le décor, qu
(‘ils nous remercient)
and on les croise, qu
(ontent de jouer dedans)
and me
(me)
nuisier ce
(la dit je regrette rien)
st super valorisant

Je
(suis assez curieux de choses diverses)
comprends pas forcément tout, m
(ais)
ême quand je comprends pas ç
(‘est dans l’ordre des choses)
a m
(e dérange pas)
‘intrigue encore plus, je
(finirai par comprendre)
me dis qua
(force de pas comprendre)
nd je comprends pas, qu’c
(a m’intrigue encore plus)
‘est
(dans l’ordre des choses)
bon àsavoir …

J
(‘ai fait mon apprentissage très tôt)
e connais ma femme depuis qu’on a 18 ans, j’ai
(toujours ma mère 98 ans)
e
(u une enfance heureuse)
té
(àla hauteur de ce qui m’arrive)
longtemps a
(ma place vous en auriez fait autant)
bonné àdes revues scientifiques pour
(suivre sur ma lancée)
combler l
(iberté de l’âme)
e manque d’études, a
(phorisme)
h oui, m
(ême résiliante l’industrie agroalimentaire est directement menacée)
on fils m’a offert un
(peu plus et je vais en dire trop)
bouquin sur l
(‘énergie ça s’économise)
es algorithmes …

1er juillet 2020
T T+