« Â j’habite dans la rue  » et autres poèmes àl’attention des confinés

Tandis que je poursuis àdistance mes ateliers d’écriture avec les jeunes du Lycée Galilée (Paris XIII), je me permets de mettre tous les « Â confinés  » du monde en contact avec ces quelques poèmes écrits par les élèves. Ils sont àconsommer, àpropager... Je vous reviendrai peut-être avec d’autres prochainement. — Jean D’Amérique

je suis une personne
sans abri depuis peu

j’habite dans la rue
làou toutes les bactéries se logent

j’ai un chien qui me donne
tout l’amour dont j’ai besoin

— Sirine Mouhoub

———

Je connais une ville qui nous ressemble,
elle est souvent animée, bruyante et imparfaite.
Autour de ses boutiques qui nous font consommer,
ces plats venus d’ailleurs,
cette cabine téléphonique qui nous rapproche,
nous rappelle ces murs qui nous séparent.

— Norah Catherine

———

je veux piéger le temps
pour rester dans le présent
mais la trajectoire du vent
me bloque dans le verrou

la mémoire est un raccourci
qui mène vers le cimetière de la tristesse
où pataugent les souvenirs
dans un lac de sang bleu

— Anisse

———

l’humeur est froide
est-ce une tendance
àpremière vue c’est juste une comédie

— Alin Chowdhury

———

je suis une chaise
j’ai mal au pied
parce qu’il y a quelqu’un assis sur moi
et il est très lourd

hier quelqu’un s’est lâché sur moi
j’en ai marre
et il y a plus de cinquante personnes par jour sur moi
donc je démissionne

— Eleanor Ficadière

3 avril 2020
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