« j’habite dans la rue » et autres poèmes à l’attention des confinés
Tandis que je poursuis à distance mes ateliers d’écriture avec les jeunes du Lycée Galilée (Paris XIII), je me permets de mettre tous les « confinés » du monde en contact avec ces quelques poèmes écrits par les élèves. Ils sont à consommer, à propager... Je vous reviendrai peut-être avec d’autres prochainement. — Jean D’Amérique
je suis une personne
sans abri depuis peuj’habite dans la rue
là ou toutes les bactéries se logentj’ai un chien qui me donne
tout l’amour dont j’ai besoin— Sirine Mouhoub
Je connais une ville qui nous ressemble,
elle est souvent animée, bruyante et imparfaite.
Autour de ses boutiques qui nous font consommer,
ces plats venus d’ailleurs,
cette cabine téléphonique qui nous rapproche,
nous rappelle ces murs qui nous séparent.— Norah Catherine
je veux piéger le temps
pour rester dans le présent
mais la trajectoire du vent
me bloque dans le verroula mémoire est un raccourci
qui mène vers le cimetière de la tristesse
où pataugent les souvenirs
dans un lac de sang bleu— Anisse
l’humeur est froide
est-ce une tendance
à première vue c’est juste une comédie— Alin Chowdhury
je suis une chaise
j’ai mal au pied
parce qu’il y a quelqu’un assis sur moi
et il est très lourdhier quelqu’un s’est lâché sur moi
j’en ai marre
et il y a plus de cinquante personnes par jour sur moi
donc je démissionne— Eleanor Ficadière