José

José

Satisfaire pour faire

Bon alors, pour moi, l’alcool, c’était pas... c’était assez festif. Quand ça a commencé c’était festif, c’était pas pour noyer le chagrin, même si, quand même, au fond de moi, il y avait quelque chose que je voulais camoufler, on va dire, mais c’était pas... disons, les premières fois quand j’ai bu c’était vraiment pour fêter. C’étaient pas des moments de déprime.
Mais, petit à petit, des sentiments qui me rongeaient, de culpabilité, d’indignité, j’étais souvent brimé dans mon enfance, petit à petit, l’alcool est devenu comme un sorte d’allié de voir la vie dans une autre coloration, donc il fallait que je boive pour que je me sente bien, pour que je sois moi-même.
Mais au départ, quand ça a commencé, c’était festif.
Il y a eu les deux extrêmes, puisque bien sûr, après, quand l’addiction s’est installée, cette addiction-là au début ça m’a aidé à vivre, parce que j’étais jeune, j’étais assez jeune. La première fois que j’ai bu, que j’ai vraiment bu, j’avais vingt-trois ans. Il s’était passé quelque chose qui m’avait beaucoup affecté et ça a contribué à accentuer ce sentiment d’indignité et pour le supporter il fallait que je le filtre, ce qui me permettait de le supporter.

Ma mère était malade alcoolique, elle-même. Quand j’étais jeune et je la voyais boire, ça me faisait mal. J’étais adolescent, douze, treize, quatorze, quinze ans, et moi ça me faisait mal quand je la voyais boire parce qu’elle buvait jusqu’à ne plus pouvoir boire. Je me rappelle, j’avais honte de ramener des camarades à la maison. En fait, c’était assez cocasse, parce que les immeubles, là-bas, c’est pas comme ici, à la Guadeloupe, peut-être que ça a changé maintenant, mais il y a un balcon extérieur, et les appartements sont tout le long du balcon. Donc, celui par exemple qui habite tout à l’extrémité de l’immeuble, il passe devant la porte de tous les autres.
Alors, si la porte est ouverte, il regarde et il voit ce qui se passe et il salue les gens. Et ma mère, quand elle avait vraiment beaucoup bu, elle avait un truc, c’est-à-dire... elle devenait provocante. Elle s’en prenait un peu à tout le monde. Et s’il y avait quelqu’un qui lui avait fait quelque chose, ou on lui avait dit que quelqu’un avait parlé contre elle, c’est quand elle avait bu qu’elle réglait ses comptes. Elle se mettait sous le balcon, et – elle avait une voix qui portait – elle parlait à qui voulait l’entendre, quoi.
Et moi, chaque fois quand je rentrais, j’avais la crainte, parce que j’entendais quand j’arrivais, j’entendais si elle avait bu, et ça arrivait tellement souvent que j’avais honte. Donc, je ne ramenais jamais des copains à la maison.
C’était très souvent. Quand j’avais envie de voir des copains, je prenais des précautions, je disais d’abord de m’attendre, et j’allais voir s’il n’y avait pas d’esclandre. Donc, j’en étais arrivé à détester l’alcool. Personnellement, je détestais l’alcool. J’avais vu comment ça avait façonné ma mère. Elle était malade, c’était pas petit. Voilà, en gros, comment ça a commencé.
Mais après il y avait plein de fluctuations qui ont fait que la consommation d’alcool a pris des visages un peu différents.

Quand je réfléchis bien, je n’ai jamais aimé l’alcool. Quand je buvais une bière ou du vin, je n’en buvais que la moitié, parce que moi, c’était l’effet que je cherchais, l’ivresse, l’euphorie, et donc, plus vite pour moi c’était ingurgité, plus vite ça commençait, et là, maintenant, je peux me dire que c’était à cause des sentiments, mais jamais j’ai aimé l’alcool. C’est comme une voiture, il faut l’essence, je l’entretiens.
Et le vin, c’est pareil. Quand j’achetais du vin, j’achetais une bouteille de 75cl et une bouteille de 50cl d’eau, et je mettais les 50cl de vin dans la petite bouteille. C’était comme ça pour tout. Très vite, j’ai détesté les alcools forts. Donc pour moi, j’ai très vite bu de la bière ou du vin. J’ai très peu bu des alcools forts, le gin, le pastis, c’était pas le même effet, c’était pas la même chose, j’avais la gueule de bois.
Je buvais surtout du rhum.

Un jour il s’est passé un truc, oh là là, je suis rentré dans un trou noir. J’avais bu du rhum charrette à 59 degrés, et je suis rentré dans un trou noir. Un moment je me vois, sur un banc, et puis, je disparais, et je me retrouve le lendemain, j’avais des plaques de coups de poing. J’étais assis sur un banc public, et j’avais le blouson imbibé de sang, comme si ça avait giclé, et moi je n’avais que cet impact de coup de poing. Jusqu’à présent, je ne sais pas ce qui s’est passé.
Après les gens qui m’ont vu boire, il m’ont dit, mais dans quel état tu t’es mis, c’était chaud. Je pense que c’était ce jour-là que j’ai arrêté de prendre des alcools forts. Sinon, il y a aussi cet épisode, ce jour-là, j’avais bu du whisky, mais en règle générale j’avais arrêté.

C’est ici que j’ai commencé à boire. Là-bas, ça m’était peut-être arrivé de prendre un petit punch, en Guadeloupe. Je suis arrivé ici en 80, et je pense que j’ai commencé véritablement à boire après 85, après le décès de ma mère. Sinon je fumais, et je prenais d’autres, d’autres, enfin... d’autres stupéfiants, mais c’est après 85 que j’ai commencé à boire. Il fallait le décès de la mère.
La première drogue dure que j’avais prise, c’était quand j’étais parti, en 81, j’ai pris l’avion. Je fumais déjà là-bas, je ne peux pas dire quand j’ai fumé pour la première fois, mais c’était tôt, j’ai quitté la Guadeloupe à dix-huit ans. Donc, je suis venu, et la première drogue dure que j’ai prise c’était l’héroïne, en sniff, et je me rappelle, après, j’ai commencé à faire des fix. J’avais une crainte, mais je ne l’ai pas fait seul la première fois, on me l’a fait.
Mais après, je ne sais pas, mais il y a toujours ce réflexe de faire les choses seul, même quand je buvais, je buvais toujours seul, par exemple, je n’allais pas dans les bars. Déjà, parce que ça revenait plus cher, et je ne m’acoquinais pas avec les personnes qui buvaient. Quand j’étais dans un parc, parce que j’étais SDF pendant un certain temps, quand j’ai été dans un parc et il y avait quelqu’un qui vient s’asseoir à côté de moi, lui aussi a sa bouteille, parce que moi aussi j’avais mes bouteilles, je faisais le “transvasement”, j’appelais ça comme ça, en tout cas, s’il y a quelqu’un qui me trouve pour parler, je prends un prétexte pour partir.
J’ai jamais été en groupe, jamais, jamais.
C’est pour cela que quand j’ai commencé à prendre de l’héroïne, j’ai très vite appris à faire mes fix seul. Et j’avais cette notion de... parce qu’à l’époque il y avait pas cette idée de maladie comme maintenant, mais il y avait cette notion de se transmettre des choses. Parce que les gens, on échangeait des seringues, on fait le fix et après on prend de l’alcool, on aspire avec la seringue l’alcool, pour, soi-disant, désinfecter. Et on fait le fix plusieurs fois.
Mais ça ne me plaisait pas, je préférais faire mes trucs seul. Comme ça, je ne risquais rien.
Et après j’ai pris du crack, et c’était encore autre chose.

Tout ça, c’était à Paris. Je n’ai jamais bougé de Paris.
J’ai été une fois à Amsterdam, un week-end, c’était pour aller chercher du shit. Et je me suis fait avoir. Ça, c’était fort, il fallait le faire !
Je me rappelle quand j’ai pris le train, quelqu’un m’avait expliqué, ta boulette, tu la prends et tu la mets dans le rebord du fauteuil, il y a toujours une petite fente. Et tu t’assoies deux chaises derrière, au cas où on la trouve, c’est pas à toi.
Donc, j’arrive là-bas, je cherche mon shit, je trouve ça, on m’avait aussi proposé de la cocaïne, mais à l’époque je n’en prenais pas encore, je travaillais, j’avais une maison, c’était dans les années... je ne pouvais pas bien le situer... et donc, je prends ce train, et le truc-là, je l’ai mis et je me suis assis deux rangées derrière. Et voilà les douaniers qui arrivent. Alors, j’entends qu’ils posent des questions aux personnes, qu’est-ce que vous êtes venus faire à Amsterdam, est-ce que vous avez de la famille là-bas, où logiez-vous ?
Alors moi, j’écoute et je prépare mes réponses. Mais c’était drôle, ils étaient arrivés, ils ont contrôlé les personnes qui étaient juste derrière moi et au moment où ils allaient passer devant moi, je pense qu’ils ont reçu un appel et ils ont rebroussé chemin. Du coup, ils m’ont pas contrôlé. C’était au retour, à l’aller il n’y avait pas de contrôle.
Du coup, je me suis dit, même si j’avais gardé le truc sur moi, ça n’aurait pas porté à conséquence, mais bien sûr, je ne l’aurais jamais fait. Et donc, j’arrive à Paris, et tout, et j’ouvre le truc et je me rends compte que c’était de la semelle de chaussure qu’on m’avait vendu, carrément. C’était bien fait, ils ont bien enrobé le truc, je me suis, oh là, tu as fait tout ce voyage pour rien. Il fallait que je rame pour tout racheter alors que je venais d’Amsterdam.

J’essaie de me rappeler dans quelle année c’était. C’était avant les années 90, j’avais quitté la Guadeloupe en 85, j’étais encore à Rueil, oui, avant 90. J’habitais dans le 15eme. J’étais tuteur de ma petite sœur, la benjamine, comme j’avais un travail, j’avais l’appartement, je fournissais les garanties nécessaires pour être tuteur légal. Donc 84, je suis retourné, c’était trois mois après le décès de ma mère, enfin, je confonds, mais c’était en 85 que j’ai commencé à boire, à boire de l’alcool quoi.

Le décès de ma mère m’a porté un coup. Je me suis senti coupable de sa mort. Et c’est ça justement que j’ai dit… enfin, j’ai dit tout à l’heure que quelque chose s’était passé... et c’est là que l’alcool... alors, ma mère...
La dernière image que j’ai d’elle, je quitte l’aéroport, je me retourne, je vois qu’elle est en pleurs, alors, je rebrousse chemin, je la prends dans mes bras, je lui dit : ne pleure pas, je suis là. Elle me dit : mais non, je ne pleure pas. Du coup, il y avait une voisine qui était à côté, elle s’est mise à pleurer aussi. C’est ça, la dernière image que j’ai d’elle, parce que je pars, et elle est morte trois mois après.
Une cousine nous a dit, elle est morte – certes, elle avait une cirrhose – mais la cirrhose plus le chagrin, parce qu’il y avait aussi ma sœur qui voulait partir, il y avait ma sœur aînée qui avait quitté le domicile, et il y avait mon frère qui fuguait, il n’était jamais à la maison, paraît qu’elle a dit qu’on était tous partis et qu’on l’avait abandonnée.
J’avais pris sur moi comme la culpabilité de sa mort.
Et j’ai bien entretenu cette culpabilité.
Je regrettais tout ce que j’aurais pu faire pour ma mère, je repoussais ça, tout ce que je n’avais pas fait pour elle, comme elle avait souffert pour nous élever, comme elle était malade, et, souvent, je me sentais impuissant.
Elle était aussi très bagarreuse, et souvent elle se bagarrait, je me mettais entre elle et... je ne sais pas où j’ai trouvé cette force d’ailleurs, mon frère, mon grand frère, il allait se cacher sous le lit. Mais moi, je ne sais pas, j’étais le protecteur pour elle. Quand elle était malade, à quatre heures du matin, à n’importe quelle heure, c’est moi qui réveillais le médecin, qui faisais venir le médecin.
Donc, avec cette alcoolisation, c’est le médecin qui me l’avait dit un jour, vous vous suicidez à petit feu. Comme si je me punissais. Et puis je suis allé voir une psychologue, et en deux séances, elle m’a fait comprendre que je n’y étais pour rien. Elle m’a même fait voir ma mère sous un autre jour. Je voyais toujours ma mère, je ne considérais jamais la femme.

J’étais dans une démarche spirituelle. J’avais fait plusieurs cures, mais ça n’avait jamais marché, et là, je me dois de le dire, c’est vrai, je zappe un peu cet aspect, mais l’aspect spirituel m’a beaucoup aidé. Ça m’a aidé énormément. J’étais avec une communauté. Ils m’ont dit, on va s’occuper de toi. Tu as des choses à faire. Parce que, en fait, je ne sais pas si je suis cohérent dans le récit, mais bon...
Bon, là je vais essayer de ramasser les souvenirs un peu : à partir de 2013, j’ai fait plusieurs comas éthyliques, je me suis retrouvé en réanimation, j’ai failli y passer, et j’ai commencé à faire un travail avec un alcoologue qui m’aidait progressivement à me défaire de l’alcool.
C’était pas si évident que ça, mais bon, j’arrivais quand même à respecter les consignes, enfin, les dispositions qu’on prenait, et un bon jour, il m’a dit... enfin, je suis allé voir cette communauté, mais j’étais alcoolisé...
J’allais quand même à l’église, on va dire, et, c’était assez cocasse, parce que j’avais un respect, c’est que je me gardais de rentrer dans l’église avec de l’alcool, mais souvent, quand l’office était terminé, c’était d’aller chercher ma dose.
Et, je ne sais pas, je sentais quand même que quelque chose se passait, et je sentais que je devais enlever tout ce qui pouvait être facteur de ralentissement dans cette nouvelle orientation de ma vie. Donc, j’ai continué à voir l’alcoologue, à la communauté ils ont beaucoup prié pour moi, et il m’ont dit aussi, tu dois voir un psychologue. Je suis allé la voir, et en deux séances j’ai compris beaucoup de choses, mais il restait quand même le fait que je sois alcoolisé. Il fallait quand même faire une cure. Et donc, le médecin m’a dit, okay, tu vas faire une cure de sevrage, j’ai vite progressé, mais là, on m’annonce un début de cirrhose.
C’était en novembre 2013. En février 2014, je me suis fait admettre à l’hôpital Bichat, pour faire encore un sevrage, six mois plus loin, donc en juin 2014, je vais à mon premier bilan de santé, et la cirrhose, on me dit qu’elle ne progresse plus. Ça s’est stabilisé. Six mois plus tard, donc en décembre, j’ai encore fait un bilan de santé, la cirrhose est maintenant en train de régresser. Et en juin 2015, donc encore six mois après, la cirrhose a disparu. Et à la fin de l’année, j’ai un bilan d’un garçon de quinze ans.
À Bichat, quand j’ai parlé de ça, on m’a proposé aussi des médicaments, mais j’ai dit non, je ne voulais pas tomber d’une addiction dans une autre, et tous les médicaments, je les ai mis à la poubelle.
Donc, enfin, il y a cet élan de spiritualité qui s’est installé, je me suis dit, si tu arrives à te libérer d’une addiction, ce n’est pas pour te mettre dans une autre. Si tu m’as libéré de celle-là, tu vas aussi me libérer des toutes les autres. Je me parlais comme ça. Et je parlais à Dieu, comme on parle là, entre nous, parfois je dis, non là je ne comprends pas, parfois je tape sur la table, ou je rigole, je pars dans un fou rire, et c’est de là que j’ai totalement quitté et l’alcool et les drogues, et même une certaine vie… morale, j’ai arrêté tout ça, et je suis dans cette démarche depuis quatre ans, quatre ans, pendant lesquels je n’ai pas touché une goutte d’alcool.
Mais il y a encore autre chose, je me rends compte que je ne lutte pas. L’autre jour j’étais avec un copain, on voit une affiche, c’était une conteuse qui faisait un spectacle dans un bar, et il y avait des bouteilles, forcément, c’est un bar, mais moi, ça ne m’a pas... c’est passé inaperçu. Alors, la coordinatrice a appelé le garçon qui a mis l’affiche, ah, oui, je n’ai pas fait attention. Même toute à l’heure, dans l’association (l’ACERMA), pour les photos, il paraît qu’il y en a un qui a fait une photo avec une bouteille de bière, mais bon. Moi j’aurais vu ça, ça ne m’aurait pas... c’est comme si l’alcool avait disparu, ça ne me met plus en danger, je ne lutte pas.
Je ne lutte plus, je sais que l’alcool est là, je ne sais pas, je ne pourrais même pas dire que j’ai un sentiment par rapport à ça, c’est là, mais bon...
Quand je vois, dans un lieu où il y a beaucoup de monde, des gens boire, j’ai de l’empathie. Je me dis, c’est dur pour eux, enfin, quand ça va trop loin, parce que moi, même quand j’ai été alcoolisé, je gardais une certaine dignité. Même quand j’étais dehors. Je ne me laissais jamais aller, même avec le crack. Quand les policiers m’arrêtaient, ils avaient de la peine à croire que je fumais. Ils me disaient, tu vois, dans trois mois, tu seras comme eux là, et ils me montraient des gens émaciés, pieds nus et sales, sauf que trois mois après, je me vois encore aussi nickel.
J’ai toujours eu ce réflexe de garder l’apparence, j’aime bien que ce soit propre. Là, je suis dans une résidence, mais quand je sors de chez moi, c’est propre, c’est toujours nickel. Il y a des visites régulièrement, des contrôles d’hygiène et de sécurité, mais moi, je n’ai pas d’effort à faire pour faire le ménage à fond. Je fais comme je fais tous les jours.
Donc, depuis quatre ans maintenant, je ne touche pas à l’alcool, je prends parfois un médicament pour dormir ou parce que j’ai mal à la tête, ça peut arriver, mais sinon, rien. Et mon rapport à l’alcool, pfff... je peux voir là les gens boire, mais moi ça ne me fait plus peur. On m’a parlé des dangers de la réalcoolisation, mais moi, je ne sais pas, l’autre jour, à l’association, il y a une dame qui a amené une boîte de Mon Chéri, et il y a de l’alcool dedans. J’ai carrément mangé toute la boîte, mais il n’y avait pas ce sentiment où on dit ça peut déclencher l’envie de recommencer. Par contre, si je m’étais dit, les Mon Chéri, ça ne me fait rien, et je vais donc en racheter, ça, ça ne serait pas bon. Mais je n’ai pas senti le besoin.

Maintenant, je fais beaucoup de musique, je ne suis pas vraiment auteur mais compositeur. Et quand j’ai arrêté de boire, j’ai aussi commencé à écrire un livre. Je suis à presque trois cents pages, et je me suis rendu compte que, parce que j’ai franchi un pas dans ma spiritualité, je me suis fait baptiser, et je relisais un peu le livre, et je me suis rendu compte que beaucoup de choses, je les avais déjà écrites, comme par exemple le baptême. Quand je suis tombé sur le poème, parce que le livre est parsemé de poèmes, sur le baptême, je l’ai relu, et je me suis dit, c’est exactement ça. Mais ce n’est pas si surprenant, parce que, je savais aussi que j’allais être baptisé. Tout ceci m’a beaucoup aidé, et parfois, quand je relis certains passages du livre, je me dis, en riant, mais vraiment, José, tu as du talent.
Mais c’est vrai, des fois... Oufff, c’est moi qui ai écrit ça ???!!!
J’étais vraiment libéré. Du crack, ça c’est fait comme ça. C’était une dame que j’avais croisée qui faisait partie de l’ancienne communauté que je fréquentais, et c’est comme si j’avais un message de là-haut qui me disait : tu vois, tu culpabilises parce que tu penses avoir tué ta mère, que tu as contribué à sa mort, et c’était comme si Il me disait : voilà, maintenant, je te donne une nouvelle maman.
Et c’est elle qui m’a aidé. Elle connaissait ma famille, je l’appelais Maman, et cette dame... enfin, pour elle, j’ai fait beaucoup de choses, je me suis dit, maintenant que j’ai une maman, il faut que je fasse des choses, je suis son fiston… et, j’ai beaucoup écrit, elle bougeait beaucoup, c’était une maman qui avait la bougeotte, elle voyageait à travers le monde, des fois elle était là, et deux jours après, elle n’était plus là.
Au départ, quand elle n’était plus là, je retombai dans mes travers, pas le crack, mais l’alcool qui était toujours là. Quand elle était là, je tenais bien une position, mais dès qu’elle me tournait le dos...
Et un beau jour, c’était comme si cette providence me disait : tu as tout fait pour elle, et maintenant tu vas faire les choses pour toi, et j’ai écrit un poème : Satisfaire ou Faire.
Parce que en général, quand on fait des choses, c’est satisfaire ou plaire, et j’ai écrit des choses pour elle, pour d’autres gens aussi, et maintenant c’est juste que je veux faire des choses, satisfaire pour faire. Et ma vie fonctionne maintenant comme des poèmes comme ça, des poèmes qui rythment ma vie.

10 juin 2019
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