La Vallée des Reines, volet 1 (annonce)
Jeudi 20 avril 2023 A 19H30 à la Basilique St-Denis
Performance Catherine FROMENT
Conférence Eliane VIENNOT
Performance Catherine FROMENT
« La reine Frédégonde »
Inspirée par les reines mérovingiennes, Catherine Froment s’attaque ici à la plus sulfureuse d’entre elles : Frédégonde. Selon les données historiques la concernant, sa réputation de reine meurtrière semble avoir l’avoir devancée, faisant d’elle la première d’une longue suite de reines mal-aimées telles que Catherine de Médicis ou encore Isabeau de Bavière.
« Ce qui m’a intéressée, c’est le fait que les reines mérovingiennes sont un modèle féminin à part dans les figures royales. Il y a une liberté palpable dans la manière dont certaines d’entre elles ont pu régner. Les reines mérovingiennes se mêlaient beaucoup plus aux hommes. En l’occurrence, concernant Frédégonde, ce que l’on a oublié de prendre en compte, c’est le contexte menaçant dans lequel elle évoluait constamment. Elle était, comme d’autres, certainement contrainte à l’assassinat pour pouvoir rester en vie. Frédégonde est aussi une des rares reines qui est de descendance servile, ce qui disparaîtra ensuite.
Comme une réponse aux écrits qui la déshumanisent, j’ai cherché comment rétablir une autre image d’elle, en explorant sa vie à travers les épreuves et difficultés éprouvées. Qui était cette femme obstinée ? Comment peut-elle resurgir après tant de siècles où "d’autres parlent sa place" ? Et comment nous regardera-t-elle lorsqu’elle réapparaîtra ? »
Lecture/Performance Catherine Froment
Assistée de Frédéric Muñoz
Remerciements à Anne-Marie Helvetius.
Conférence Eliane VIENNOT
Les femmes et le pouvoir en France : une histoire toujours bien cachée.
L’absence des femmes dans le récit historique français (scolaire, livresque, muséal, monumental…) est devenue un lieu commun pour quiconque observe la France contemporaine. Les rapports commandés par le ministère de l’Éducation nationale depuis une quarantaine d’années ont fait le tour du problème sans jamais se traduire par des directives pour les programmes d’enseignement des collèges et lycées. Cette absence ne nous prive pas seulement de modèles possibles pour les femmes et les filles d’aujourd’hui, toujours conduites à se croire des pionnières lorsqu’elles veulent se lancer dans une carrière publique. Elle masque aussi des vérités dérangeantes : que la question du partage du pouvoir se pose dans ce pays depuis la fondation du royaume, que plus d’une vingtaine de femmes l’ont dirigé, que le monopole masculin dont nous avons hérité ne s’est pas construit tout seul, et que ses artisans ne sont peut-être pas ceux qu’on croit.
BIOGRAPHIE
Éliane VIENNOT a enseigné la grammaire et la littérature française dans les universités de Washington (Seattle, USA), Nantes, Corte, Saint-Étienne. Elle est aujourd’hui professeuse émérite et membre honoraire de l’Institut universitaire de France. Spécialiste de la Renaissance, elle a consacré sa thèse à Marguerite de Valois (la « Reine Margot »), édité ses œuvres complètes (1998-1999), et rédigé les trois chapitres sur cette période dans la somme Femmes et littérature, une histoire culturelle publiée chez Folio en 2020. Plus largement, elle s’intéresse aux relations entre les femmes et le pouvoir sur la longue durée, à leur traitement historiographique, à leur transmission dans la mémoire collective (La France, les femmes et le pouvoir, 4 vol. parus, 2006, 2008, 2016, 2020, le dernier à paraitre). Elle contribue également au renouveau des études sur la Querelle des femmes et elle explore ses conséquences sur la langue française. Directrice de collections aux Presses de l’Université de Saint-Étienne, elle a cofondé en 2000 la Société internationale pour l’étude des femmes de l’Ancien Régime (SIEFAR) et en 2006 l’Institut Émilie du Châtelet pour le développement des études sur les femmes, le sexe et le genre (IEC).
Elle anime un site de recherche www.elianeviennot.fr
BIBLIOGRAPHIE
La France, les femmes et le pouvoir. L’invention de la loi salique (5e-16e s.), Paris, Perrin, 2006
La France, les femmes et le pouvoir. Les résistances de la société (17e-18e s.), Paris, Perrin, 2008
Et la modernité fut masculine. La France, les femmes et le pouvoir (1789-1804), Paris, Perrin, 2016
@JP.Montagné