Les vies imaginées d’un frère perdu
Je connais le nom de mon frère.
Je connais sa date de naissance.
Je connais son adresse d’il y a trente ans.
Je rentre ces informations dans un moteur de recherche sur Internet. Je trouve des dizaines d’hommes qui s’appellent Tamàs Mezey, le nom de mon frère (et de mon père). Sauf que ce n’est pas lui. Mais j’imagine que ça pourrait être lui.
Je découvre alors que « mon frère » est instructeur de salsa, qu’il est ingénieur et chercheur à l’Université polytechnique de Budapest (où par ailleurs mon père a étudié), qu’il est architecte au sein de Bord Studio Budapest, qu’il s’intéresse aux micro-plantes et aux herbes (Urban farming) à Szigethalom.
J’apprends qu’il est le revendeur officiel de Pirelli en Hongrie à Miskolc, qu’il tient un garage à Hatvan (où par ailleurs mon père est né), qu’il est joueur professionnel de water-polo.
J’apprends qu’il joue de la guitare dans deux groupes de métal (Metal Storm et Symphony of Symbols), qu’il joue de la basse dans un groupe d’électro, qu’il fait du conseil en affaires et en droit international à Budapest, qu’il a un bureau à Szentendre où il fait du conseil.
Mon frère a des milliers de vie différentes.
Je propose aux élèves d’imaginer quelle serait la vie de mon frère en partant de l’un de ces métiers. Puis je leur demande de découper les textes et à partir de ces fragments, de composer un poème, une histoire.