matières #7

oleil haut trône majestueux et despotique à travers les feuilles du grand tilleul enveloppant de sa lumière brutale les deux enfants qui s’ébattent accroupis dans l’herbe, absorbés dans l’observation méticuleuse d’une colonne d’insectes, la fille redressant soudain la tête d’un air sévère et concentré comme sous l’impulsion d’une réflexion intense, se levant et prenant d’autorité la main du garçon qu’elle entraîne sur le petit chemin de pierre en direction de la buanderie et des cages à lapins, à l’écart de la maison d’où on pourrait les voir, posant l’index à la verticale sur sa bouche pour lui intimer le silence, et après quelques pas, se retournant vers le garçon dont le visage est maintenant heurté en plein par l’éclat impétueux du jour, elle précipite ses lèvres sur les siennes d’un geste non pas maladroit, mais violent, sec, nerveux, impatient, presque agressif, comme pour le mordre, déclarant aussitôt avec la satisfaction froide de l’entomologiste démontrant un phénomène au moyen d’une expérience empirique : C’est comme ça qu’on fait des enfants, et le garçon : plus jeune, incrédule, stupéfait, médusé, écarquillant les yeux comme ébloui ou en proie à une hallucination, la bouche entrouverte sur un gémissement, une plainte pathétique et muette comme si quelque chose en lui essayait de se débattre furieusement, rageant, s’insurgeant, ne comprenant rien, ou plutôt refusant ce brusque assaut qui se voudrait tendre, mais plutôt : brutalité contenue, vol à la tire, rapt, vigoureuse offen


21 novembre 2011
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