Moments suspendus
Other Voices, Other Ghosts
Image et son : Simon Diard, avec les voix des Premières professionnelles du lycée Diderot
Image et son : Simon Diard, avec les voix des Premières professionnelles du lycée Diderot
Etonnés les buveurs de café se lèvent et même admirent ce cercle insolite qui paraît tourner tout seul et sans y penser, Barnabé lance sa phrase magique « et maintenant, Mesdames et Messieurs, le soleil dans les cieux »... et voilà sa balle dorée qui s’élance dans le ciel. Moment suspendu, elle ne redescend pas…
Anne-Marie, "De la terre au ciel, Barnabé déménage"
Je file jusqu’à la première rue qui se présente à moi, déserte. Je m’y engage avec l’espoir de comprendre où je suis. Des bruits m’interpellent : une mouette, les ailes déployées, un chien squelettique qui n’est plus que le fantôme de lui-même...
Laurent, "Une taille fantôme"
Je peux vous confier un secret ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est très agréable d’être un fantôme. Au départ, c’est vrai, je ne vous dirai pas le contraire, ça fait peur. Oui, on a peur. Qui n’a pas peur des fantômes ? Surtout au début quand on commence à disparaître par intermittence. Mais une fois que la bascule est faite, qu’on est vraiment devenu un fantôme, que plus personne ne vous voit ni ne vous regarde, c’est un vrai soulagement.
Isabelle, "Je suis un fantôme"
Que faisaient-ils, tous ces petits, courant dans sa maison, qui sautaient à pieds joints, en riant, sur son lit, écrasant son repos et son monde ?
Petit, flottant par la pensée, il voulait rester là, sous le tilleul, dans le parfum acide de l’arbre.
Petit, flottant par la pensée, il voulait rester là, sous le tilleul, dans le parfum acide de l’arbre.
Christine, "Petit"
Et le rêve est revenu cette nuit… Je revois tout, et je mesure une fois de plus la perte de TOI. Depuis quand t’ai-je perdue ? Quand as-tu remplacé de plus en plus souvent tes sourires par des silences, des moues, des rictus tristes, des grimaces ? A quel moment de notre vie es-tu devenue diaphane, évanescente ?
Françoise, "Fantôme d’amour"
J’ouvre la bouche pour appeler, mes lèvres sont craquelées, les mots restent à résonner à l’intérieur. Lorsqu’il nous arrive un accident, l’on voudrait que le monde le remarque, l’inquiétude est un sentiment qui se partage. Mais lorsque l’on vit seul, inanimé ou debout, cela ne fait aucune différence et l’inquiétude passe plus vite.
Amélie, "Ces corps non réclamés"
Et Yoki me raconta son histoire : « Agnès, tu m’as acheté en France mais je suis née à Okinawa, dans les montagnes japonaises, loin très loin des villes : là bas, des clochettes aux sons clairs retentissent dans les rizières, les nuages lèchent la terre, les hommes parlent aux plantes, aux rivières et à l’automne, lorsque les arbres sont rouges et jaunes, des créatures se promènent dans la campagne, à l’abri des regards sous une lune claire et lumineuse. Mon premier jardinier était un vieux moine japonais qui dorlotait toutes ses fleurs, j’étais sa préférée... »
Martine, "Yoki"
7 janvier 2020