Pense-bête
X-ray : NASA/CXC/SAO ; Optical : T.A. Rector (NRAO/AUI/NSF and NOIRLab/NSF/AURA) and B.A. Wolpa (NOIRLab/NSF/AURA) ; Infrared : NASA/NSF/IPAC/CalTech/Univ. of Massachusetts ; Image Processing : NASA/CXC/SAO/L. Frattare & J.Major
Voyager ne répond plus. Elle a 46 ans, c’est une vieille fille, maintenant en dehors du système solaire, à plus de 24 milliards de km. Les techniciens de la Nasa tentent de réparer le bug informatique, mais pour cela il faut renouer avec l’informatique de la fin des années 70 ; l’ordre met 22h30 à lui parvenir, il faut donc 45h pour savoir si ça a marché. Pensons-y comme consolation quand notre petit ordinateur de bureau plante ?
Dans Mécano de Mattia Filice (que je vous recommande chaudement, édité chez POL), on apprend à propos de la locomotive récalcitrante BB 15012 : « La machine aura parcouru plus de 10 millions de km, soit un aller-retour de la Terre à Mars, lorsque les 2 planètes sont alignées avec le Soleil, l’une à l’aphélie, la Terre, l’autre au périhélie, Mars. » Si comme moi vous prenez beaucoup le train, je ne sais pas si vous ferez confiance à la SNCF comme opérateur Martien, et combien coûtera le billet…
Pendant ce temps-là, le 19 décembre, la Nasa communique la photo de l’amas NGC 2264 aussi appelé “amas du sapin de Noël“ à environ 2 500 années-lumière de la Terre, entre les constellations du Petit Chien et d’Orion. En forme de sapin de Noël, donc, à condition de le retourner tête en haut et de le coloriser. On apprend sur le site de la Cité de l’Espace que les données de plusieurs télescopes, optiques, infrarouges et à rayons X ont été combinées pour réaliser cette image. La nébuleuse de gaz (colorisé en vert) a été capturée par le télescope optique WIYN, 90 cm de diamètre situé à Kitt Peak en Arizona. Les étoiles bleues et blanches, qui forment le sapin, proviennent du télescope spatial X Chandra (rayons X - Le calque des étoiles au rayon X clignote, même, dans la vidéo, comme une guirlande…) Les étoiles blanches des 1er et 2nd plans proviennent des observations du projet 2MASS (1997- 2001), grand relevé de tout le ciel grâce à deux télescopes d’1,3 m en Arizona et au Chili. Pour toutes les occasions, la Nasa a donc une image à nous offrir ? Suffit de coloriser, mettre dans le « bon sens » et la paréidolie fait son bon effet, vive la recherche et la communication.
Pendant ce temps-là à Hokkaido au Japon, la start-up Air Water fabrique du biométhane liquide à base de bouse de vache (provenant d’exploitation, c’est le cas de le dire, de plus de 1000 vaches, et on n’indique pas le coût énergétique et écologique de cette transformation) et Interstellar Technologies (Offering flexible space transportation services, from dedicated launches to ridesharing, to get your small satellite into the orbit you want, on the schedule you want) a annoncé qu’il allait utiliser ce carburant bon marché sur sa nouvelle fusée Zero (en 2025) : 25 m de haut, conçue pour mettre en orbite des petits satellites pas trop lourds, pour moins cher que les grands lanceurs traditionnels. Après avoir regardé passer les trains (à condition d’être dans un pré), les vaches pourront-elles regarder s’élancer des fusées (sur des écrans dans leur lieu de stabulation) ?
Pendant ce temps-là, la guerre en Ukraine, les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis, et les retards d’Ariane 6, ont laissé les opérateurs du spatial sans beaucoup de choix entre SpaceX et NewSpace, la branche commerciale de l’Isro, l’agence spatiale indienne, qui propose un lanceur LVM3 de grande capacité et bon marché. “Selon les experts du secteur, l’Inde parvient à maintenir des coûts bas en reproduisant et en adaptant la technologie spatiale existante à ses propres fins, notamment grâce au nombre important d’ingénieurs hautement qualifiés bien moins payés que leurs confrères étrangers.“ L’Inde a été le 4e pays à alunir avec Chandrayaan-3 le 23 août 2023, + l’envoi de la sonde Aditya-L-1 (soleil en hindi) le 2 septembre en direction du Soleil, avec 244 kg d’instruments scientifiques et une mission de 5 ans. En octobre, notre Thomas Pesquet y a été célébrer 60 ans de coopération indo-française dans l’espace et participer à une mission d’expertise technique pour le développement de la capsule du vaisseau Gaganyaan (véhicule céleste en sanscrit), 1er vol prévu fin 2025 emportant des vyomanautes (spationautes indiens) dans l’espace.
Pendant ce temps-là, à Toulouse, Macron déclare que le monde spatial se transforme, et qu’on ne peut pas se satisfaire d’un monde où toutes les sociétés seront américaines, chinoises ou indiennes. Cela voudra dire que l’on perd la propre capacité d’envoyer les Thomas Pesquet de demain dans l’espace. Un des axes du plan d’investissement France 2030 (mieux produire, mieux vivre, mieux comprendre le monde) sur l’espace, avec l’ESA : développons le vaisseau Cargo d’ici 2028 (Susie pour Ariane, Nyx pour The Exploration Company (franco-allemande), Argo pour Rocket Factory Augsburg (Allemagne).
Un marché dont les besoins sont civils et militaires. On y va, à fond, encore.
Une dernière pensée avec Mattia Filice dans Mécano :
« Je n’ai pas la force d’envoyer un message
à la Youri Gagarine
Je salue la fraternité des hommes, le monde des arts et Anna Magnani
ce n’est pas bien grave
je ne suis pas certain qu’on m’écoute »
2024, ce sera entre autres Ariane 6, et Artemis direction la Lune, à suivre les yeux au ciel…