Point final |À bout de souffle
Il y a maintenant dix mois depuis que j’habite la Maison des Jardies. Lieu de mille et une vies. Vies solaires, humaines et immortelles. Cette petite maison située à Sèvres, dans les Hauts-de-Seine, qui pendant longtemps a hébergé les traces de Balzac et de Gambetta, durant cette période de résidence, m’a ouvert sa porte sans craquement pour héberger mes insomnies ou mes heures de réflexions poétiques. Il me fallait un endroit pour me poser, questionner mes certitudes et profiter pour ramasser mes chutes. Je me devais d’être en effraction avec moi-même. Et, dans ce haut lieu — bourré de présences imperceptibles et poétiques — j’ai repéré toute la sève essentielle pour habiter effrontément l’unique canal sans bactéries, purs, pour dire le monde : la poésie.
En ce mois de printemps consacré aux poètes, avant de remettre les clés, il était urgent de chanter la folie collectivement. Et c’est dans cette perspective que la maison des Jardies a participé à la 24e édition du Printemps des poètes. Dans ce même cadre — lors d’un atelier de création— j’ai pu rencontrer une cinquantaine d’élèves avec lesquels le chemin menant vers les sentiers brulants des mots, était plus accostable. Dans une atmosphère ravie, on a conjugué l’amitié, chanté l’Autre, et l’humanité pendant quatre jours.
En guise de ponctuation finale, au cours de cet atelier, pour écrire à bout de souffle — bien que le temps fût peu cordial — nous étions résolument dans l’indifférence totale face à son caractère gris.
Le résultat de cet exercice littéraire a été exposé sur les murs de la maison des Jardies, cernant le monument à Gambetta de poésies.
—Benoit D’Afrique
Quelques extraits
Si vous voulez que je vous donne un exemple
De ce qu’il y a entre nous deux
Je vous réponds tout simplement « l’AMOUR »
Paola
Même si l’Autre est différent
Il reste égal, à moi.
Même s’il est réfugié ou mystérieux
Il reste quand même un humain.
Souleyman
Qu’on soit solitaire ou étranger,
Inconnu ou réfugié,
Différent ou fatigué,
Nous sommes égaux et camarades.
Malgré le temps gris on peut
Apercevoir une lueur de soleil,
Cette lueur mystérieuse qui éclaire
Un peu plus chaque jour la fraternité
Entre les humains.
Chaque jour est une merveille a dit un jour un poète
Et pour moi l’Autre n’est pas un objet,
C’est une personne avec des émotions, de la personnalité, un cœur
Et est aussi un ami.
Tasha
La beauté du visage de l’autre me passionne,
Avec l’autre je n’éprouve plus de colère, je ressens de la joie.
Son apparence fait de lui un ami qui m’aimera.
Neyla