Rendre le son par le son
… Soirée organisée par Vincent Broqua (Université Paris-8 Vincennes—Saint-Denis) et Dirk Weissmann (Université Paris-Est Créteil) dans le cadre d’un colloque sur la "Traduction homophonique" les 17, 18 et 19 novembre (Ecole Normale Supérieure. Fondation des Etats-Unis, Cité Universitaire. Maison Heinrich Heine).
[1]
 
L’occasion pour Martin Richet (jacataqua.bulletin[at]gmail.com) de nous présenter ici la traduction "de surface" d’un poème de Henri Michaux, Mes occupations, par Ted Berrigan (1934-1983) :
Henri Michaux, Mes occupations
Je peux rarement voir quelqu’un sans
le battre. D’autres préfèrent le
monologue intérieur. Moi non. J’aime
mieux battre.
Il y a des gens qui s’assoient en face
de moi au restaurant et ne disent
rien, ils restent un certain temps, car
ils ont décidé de manger.
En voici un.
Je te l’agrippe, toc.
Je te le ragrippe, toc.
Je le pends au portemanteau.
Je le décroche.
Je le repends.
Je le décroche.
Je le mets sur la table, je le tasse et
l’étouffe.
Je le salis, je l’inonde.
Il revit.
Je le rince, je l’étire (je commence à m’énerver, il faut en finir), je le masse, je le serre, je le résume et l’introduis dans mon verre, et jette ostensiblement le contenu par terre, et dis au garçon : « Mettez-moi donc un verre plus propre. »
Mais je me sens mal, je règle promptement l’addition et je m’en vais.
A few rape men or kill coons so I bat them !
Daughter prefers to lay’em on a log and tear their hair.
	       Moaning Jimmy bats her !
Moaning Jimmy bats her !
« Ill yeah ! » da junky says. « I aint as fast no more,
	 I’ll rent a lot in a cemetree. »
I’ll rent a lot in a cemetree. »  He’ll recite it
He’ll recite it
	 two times scary sunday O sea-daisy o’er a shade !
two times scary sunday O sea-daisy o’er a shade !
Au revoir, scene !
She had a great toe !
She-tail’s raggy, too !
Jelly bend over put’im on too !
She laid a crab !
Jelly him sure later ! Jelly-ass ails are tough !
She lays all his jelly on him !
Eeeeeeooooowww !! La Vie !
Her lay races is out here, she comes on, I’m on her, I’ll
fart in one ear ! « Jelly, sir ? » « Shall I raise him yet ? »
Long-toed we dance on where Shit-toe can see ten blue men
lickin’ ten new partners and the sucker’s son !
« Mating, Madame, can whip you up up !
My Jimmy’s so small he wiggles plum moans ! Ladies shimmy
at Jimmy in waves
Certains violent les hommes ou tuent les bêtes donc moi je les 
 tabasse !
tabasse !
Les filles préfèrent les mettre sur la bûche et leur arracher les cheveux.
Jimmy Gémissement la tabasse !
« Mal oui » dit le junkie. « Je suis plus très rapide 
Je me louerai un lot dans un cimetière. »  Qu’il récitera
Qu’il récitera
Par deux fois le dimanche effrayant Ô pissenlit maritime sur ombre !
Au revoir, scène !
Elle avait un bel orteil !
Une queue chiffonnée aussi !
Gelée culbute lui met aussi !
Elle met un crabe !
Gelée l’assure après ! Cul de gelée maux sont forts !
Elle lui met toute sa gelée !
Eeeeeoooowwww !! La Vie !
Son mis accourt y est, elle monte, moi sur elle, je
péterai à l’oreille ! « Gelée, monsieur ? » « Le lèverai-je donc ? »
Les orteils longs nous dansons où Orteille-de-crotte voit dix hommes 
 bleus
bleus
lécher dix nouveaux partenaires et le fils du couillon !
« L’accouplement, madame, ça fouette ! »
Mon Jimmy si petit qu’il tortille en plein gémissement ! Les dames 
 tremblent
tremblent
pour Jimmy à foison 
[1] couverture par Joe Brainard de : Ted Berrigan, The Sonnets, Penguin Poets, 2000. Et de : Ted Berrigan, "Les Sonnets", trad. Martin Richet, joca seria, 2013.
[2] trad. Martin Richet : Ted Berrigan, Les sonnets, joca seria, 2013